Privatisation: L’UGTA s’aligne

PRIVATISATIONS

L’UGTA s’aligne

Le Soir d’Algérie, 3 février 2005

Prévue en présence du chef du gouvernement, qui a décliné l’invitation « pour des raisons de calendrier », la réunion de coordination des secrétaires généraux des fédérations nationales et de wilaya a tranché en faveur de la privatisation des entreprises publiques.
Abder Bettache – Alger (Le Soir) – Si, dans la déclaration finale, il ne ressort pas explicitement le soutien de l’UGTA à l’idée de la privatisation du secteur public, il n ‘ e n demeure pas moins que dans la déclaration finale, il est indiqué qu' »à la lumière des expériences en la matière vécues de par le monde, la privatisation, outre ses effets sur l’emploi durable et le travail décent, doit constituer un facteur de consolidation du tissu économique et industriel de mobilisation d’investissements productifs , apporter une technologie et être à l’origine de création de richesses et d’emplois. » Cependant, avant cette résolution finale, le secrétaire général de l’UGTA Abdelmadjid Sidi Saïd a tracé, lors de son intervention, les contours de la position finale qu’aura à adopter son organisation. D’emblée, il dira : « Sans démagogie aucune, on ne peut cacher le soleil avec le tamis. La privatisation est là et elle se fera avec nous ou sans nous. » « Doit-on, dans ce cas, se bagarrer pour arracher nos droits ou alors rester sans réaction et commencer à pleurnicher ? Je pense que nous n’avons pas le choix. Nous sommes pour une privatisation créatrice d’emplois et de richesses mais jamais contre une privatisation de bradage, voire de containers », a souligné Sidi Saïd. Dans sa déclaration finale sanctionnant cette réunion de coordination, l’UGTA considère, toutefois, que le désengagement économique de l’Etat ne suppose pas son désengagement social. « L’Etat doit renforcer les entreprises publiques stratégiques comme élément moteur du développement économique et social, et les entreprises publiques, qui ont une mission de service public, de mener d’une manière ferme et résolue une lutte permanente et systématique contre la fraude sous toutes ses formes et lutter contre l’économie informelle avec la participation active de l’UGTA et le patronat », indique-t-on. Toutefois, les secrétaires généraux des fédérations et de wilaya estiment que « les principes essentiels doivent être respectés dans toute action de privatisation des entreprises publiques et qui doivent se résumer en la préservation et la création d’emplois dans les entités privatisées, le maintien et le renforcement de droits sociaux des travailleurs et particulièrement la protection sociale, la mise en place de mécanismes garantissant et codifiant les relations dans le monde du travail, le droit à la négociation collective et le respect de l’exercice du droit syndical ». Ces principes sont considérés par l’état-major de l’UGTA comme de garde-fous qui ne « peuvent revêtir de signification véritable que s’ils s’insèrent dans une démarche fondée préalablement sur le dialogue et la concertation avec le partenaire social afin que chaque acte de partenariat, d’ouverture de capital ou de privatisation s’effectue dans une totale transparence, avec le souci majeur d’un développement économique garantissant la dimension sociale et le maintien de l’activité économique ». « Les participants insistent sur les légitimes appréhensions et inquiétudes des travailleurs à l’égard du processus des réformes économiques. Dans ce contexte, il est évident que la paix et la cohésion sociale sont indispensables pour réussir l’effort de redressement économique de notre pays, basé sur l’engagement des pouvoirs publics pour une garantie réelle de la dimension sociale face aux mutations économiques. Pour l’UGTA, ces mutations économiques doivent être génératrices d’un bien social », lit-on dans la déclaration finale. Sur un plan général, la Centrale syndicale à travers son état-major vient de franchir un pas important pour se positionner définitivement sur la question de la privatisation des entreprises publiques. La prochaine plus importante aux yeux d’un plus grand nombre d’observateurs, sera celle de la réunion de la Commission exécutive nationale (CEN), instance suprême entre deux congrès. Ce sont les membres de la CEN qui auront le dernier mot pour trancher la question. Cette dernière, prévue pour le 24 février prochain, est d’ores et déjà annoncée en grande pompe. A. B.

PREMIERE OPERATION CONCRETISEE
Le groupe Flash rachète la biscuiterie de Cherchell

La première opération de privatisation d’une entreprise publique a eu lieu mardi dernier lors d’une cérémonie qui a réuni des syndicalistes, à leur tête le secrétaire général de l’UGTA et des responsables du SGP Céréales et des responsables du groupe Eriad Alger. En effet, la cérémonie qui a eu lieu à l’hôtel Mercure d’Alger a été marquée par la signature de l’accord d’achat entre le repreneur, en l’occurrence le groupe Flash, et le groupe Eriad Alger. L’accord stipule que le groupe Flash reprend à hauteur de 90% la biscuiterie de Cherchell en contrepartie de la réalisation d’un investissement croissant dans son activité, du maintien de l’intégrité des effectifs employés et d’un nouveau recrutement. Le contrat, dont le montant n’a pas été rendu public, a été signé par le P-DG du groupe Eriad, M. Saïd Mazidi, et le P-DG du groupe Flash, M. Hacen Boumaraf, en présence du partenaire du groupe Flash et des responsables turcs de l’entreprise Ulker, spécialisée dans la production de biscuits. A. B.