Seulement 201 entreprises privatisées depuis bientôt deux ans

Alors que les pouvoirs publics affirment que le processus avance très vite

Seulement 201 entreprises privatisées depuis bientôt deux ans

par Safia Berkouk, Le Jeune Indépendant, 29 octobre 2005

A peine 201 entreprises publiques ont été privatisées depuis un an, au profit de repreneurs internationaux et nationaux ou encore au profit de salariés. L’opération avance très lentement, mais selon les responsables de ce dossier, ces lenteurs peuvent se justifier.

Ainsi, M. Hammoud Benhemdine, directeur général des investissements et relations économiques extérieures au ministère de la Participation et de la Promotion des investissements, qui a avancé ce chiffre dans un entretien accordé au journal marocain la Gazette du Maroc, explique que le processus avance «très vite depuis 2004», même s’il a connu «quelques hésitations dues beaucoup plus à un travail préparatoire à la privatisation».

M. Benhemdine estime que les choses ne sont pas simples, puisqu’il s’agit «d’un lourd portefeuille» constitué de 1 200 entreprises de grande et moyenne tailles. C’est un travail «fastidieux», d’autant qu’il faut «évaluer les entreprises que nous devons vendre,car nous devons savoir ce qu’elles représentent sur le plan du patrimoine».

M. Benhemdine s’est néanmoins dit «très optimiste», en précisant que le souci des pouvoirs publics «est de préserver l’activité, de maintenir l’emploi et de faire en sorte que le repreneur trouve son compte au titre de l’activité».

Ce principe a, rappelons-le, été mal vu par le FMI qui a estimé que l’obligation de maintenir l’activité et les emplois constituent une contrainte pour les repreneurs potentiels. Le représentant du ministère a, par ailleurs, lancé un appel aux investisseurs marocains dans le cadre des privatisations futures du Crédit populaire d’Algérie et d’Algérie Télécom.

«Toutes les raisons sont là, la proximité, l’histoire et la complémentarité», a-t-il déclaré. De plus, selon M. Benhemdine, le climat des affaires en Algérie s’y prête, puisque d’ores et déjà «beaucoup de choses sont prises en charge au niveau de la libération du commerce, des facilitations pour les pratiques commerciales, ainsi qu’au niveau des relations d’hommes d’affaires avec l’administration et la vulgarisation des règles de l’arbitrage international».

Par ailleurs, «nous sommes pratiquement en train de mettre en place tous les ingrédients qui permettent aux mouvements des affaires de s’exercer selon des standards internationaux», a-t-il souligné. A moyen terme, M. Benhemdine estime qu’il y aura un bon climat d’investissement non seulement en Algérie mais dans l’intégralité de l’Afrique du Nord, «parce que les efforts ne doivent pas être faits de façon assez isolée pour que le poids de notre marché soit vraiment représentatif dans le flux des mouvements régionaux, voire mondiaux».

Le renforcement des relations sur le plan économique pourrait être, selon lui, la base d’une véritable construction du Maghreb. Interrogé sur les seuils importants atteints par les taux de chômage et de pauvreté, en dépit d’une manne pétrolière considérable, M. Benhemdine a indiqué que le taux de chômage est actuellement de près de 18 % et que pour le faire diminuer «il faudrait que les politiques gouvernementales soient plus incitatives que ce qu’offre l’informel qui pourrait présenter certains avantages».

Quant aux taux de pauvreté qui avoisine 36 %, le représentant du ministère a affirmé qu’il n’y a pas «de grands complexes à avoir». «Nous avons d’ailleurs un plan très ambitieux de lutte contre la pauvreté, mené depuis quelques années et qui commence à produire des effets intéressants», a-t-il ajouté.

S. B.