L’Algérie s’élève contre les menaces nucléaires

Idriss Jazaïry pour «un instrument juridique international contraignant» :

L’Algérie s’élève contre les menaces nucléaires

par Abdelhalim Mouhou, Le Jeune Indépendant, 10 février 2008

L’Algérie préconise un «instrument international juridiquement contraignant» afin de mettre les Etats non dotés de l’arme nucléaire à l’abri de l’emploi ou de la menace de l’emploi de ces armes par les puissances qui en disposent. Cette préoccupation de l’Algérie a été exprimée par son représentant permanent auprès de l’office des Nations unies et des organisations internationales en Suisse, M. Idriss Jazaïry.

«Les puissances nucléaires reconnaissent, en principe, le droit de prémunir les Etats non dotés de l’arme nucléaire contre l’emploi ou la menace de l’emploi de ces armes. Si tel est le cas, pourquoi ne pas reconnaître à nos Etats le droit d’obtenir des garanties à cet effet dans le cadre d’un instrument juridique international contraignant ?» s’est en effet interrogé M. Jazaïry, dans une intervention devant la conférence du désarmement à Genève.

Les pays non dotés de cette arme, dont l’Algérie, «sont en droit d’exiger des pays qui la détiennent, de donner effet aux engagements souscrits et de prendre les mesures systématiques et progressives dans la voie du désarmement nucléaire», a-t-il ajouté en soulignant que l’Algérie a appelé à la mise en place d’un organe subsidiaire, en vue de négocier un instrument international «juridiquement contraignant» sur les garanties de «sécurité négative».

Pour le représentant permanent de l’Algérie, «l’inquiétude que suscite l’existence de 27 000 têtes nucléaires, dont 2 000 prêtes à être lancées», suffit amplement à justifier une telle revendication qui n’est, du reste, «pas exorbitante», selon lui.

Au contraire, elle n’est, en vérité, a-t-il expliqué, qu’une «contrepartie légitime au renoncement définitif des Etats non dotés de l’arme nucléaire à l’option militaire de l’atome». Cet instrument international est appelé à mener des discussions «qui nous conduiraient, à terme, à des négociations, en vue de mettre l’espace extra-atmosphérique à l’abri de toute tentation de militarisation», a-t-il estimé en soutenant que «les assurances que nous recherchons atténueraient l’asymétrie sécuritaire entre les pays nucléaires et non nucléaires et conforteraient les Etats non dotés de l’arme nucléaire dans leur choix humaniste».

Le programme de travail «que nous cherchons à élaborer (…) doit procurer le sentiment de sécurité à tous nos Etats», a encore argué M. Jazaïry. Le «péril» proche-oriental Méthodiquement, M. Jazaïry a expliqué qu’en vue de «mettre le monde à l’abri du péril nucléaire», la mise en place de zones dénucléarisées constitue, à ses yeux, «une étape importante».

C’est dans cette optique qu’il a souligné «l’urgence» de mettre en place une telle zone au Moyen-Orient, notamment dans le contexte très tendu qui prévaut actuellement dans cette région. Il a déploré, cependant, le fait que cet objectif «n’ait pu être réalisé».

La raison est, a-t-il précisé, «le refus d’Israël de ratifier le Traité de non-prolifération (TNP) et de soumettre ses installations nucléaires au régime de garanties de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique)». Or, «C’est là que réside présentement le réel péril nucléaire au Moyen-Orient et nul par ailleurs», a-t-il martelé.

Un tel verdict de la part de M. Jazaïry, intervenant en sus dans un contexte mondial marqué par le dilemme du nucléaire iranien, est une dénonciation de la politique du deux poids, deux mesures en vigueur actuellement sur la scène internationale quand il s’agit d’évoquer cette très sensible question du nucléaire.

A. M.