Interventions de Abdelaziz Bouteflika lors des travaux du NEPAD

Interventions de Abdelaziz Bouteflika lors des travaux du NEPAD

Plaidoyer pour une meilleure coopération intra-africaine et internationale

Par Amine Echikr, La Tribune, 20 avril 2005

Le président de la République s’est exprimé sur chacun des points soumis à l’ordre du jour. Concernant les Objectifs du Millénaire, le chef de l’Etat a affirmé dans son introduction que «le sous-développement continue de faire peser des risques majeurs sur la sécurité économique, alimentaire, sanitaire et environnementale des populations africaines. Sa persistance, manifestation d’une marginalisation que la mondialisation risque d’accentuer, hypothèque nos chances d’intégration réussie dans l’économie mondiale». «Quatre années après le Sommet du Millénaire, l’évaluation de la mise en œuvre des Objectifs pour le développement montre que le continent africain est très en retard par rapport aux autres régions en développement, les multiples problèmes qu’il connaît et l’insuffisance de l’aide et du partenariat international risquant de mettre ces objectifs définitivement hors de sa portée», a-t-il estimé. Aussi, Abdelaziz Bouteflika considère comme «impératif que nous [les Africains, NDLR] procédions à une profonde analyse de la situation des Objectifs du Millénaire pour le développement et identifions les défis et les contraintes ainsi que les voies et moyens pour faciliter leur mise en œuvre d’ici à 2015». Tout comme il considère qu’il «est urgent que les pays africains entreprennent des actions nationales de développement plus ciblées et mieux adaptées aux stratégies du NEPAD, qui se veut une réponse aux défis qu’ils doivent affronter, et qu’ils constituent un partenariat inter-africain en vue de faciliter une intégration sous-régionale et régionale pour mieux assurer le développement du continent».Aussi, il considère que «les efforts nationaux, pour aussi laborieux et ambitieux qu’ils soient, ne sauraient suffire pour atteindre ces objectifs s’ils ne sont pas accompagnés par un soutien financier et technique conséquent de la communauté internationale».C’est pour cette raison qu’il pense qu’«il est essentiel également que les pays développés honorent leurs engagements quant à l’allégement du fardeau de la dette des pays en développement […] Il convient notamment qu’ils honorent les engagements consacrés à travers le Consensus de Monterrey sur la mobilisation des ressources nécessaires au financement du développement ainsi que ceux pris lors du Sommet mondial pour le développement durable. La mise en place d’un système commercial multilatéral plus ouvert et plus équitable permettant aux produits des pays du Sud d’accéder aux marchés internationaux et de faciliter l’insertion de nos économies dans les flux d’échanges internationaux est également une nécessité de l’heure». Aussi, le chef de l’Etat estime que l’Afrique doit «dégager une position commune et parler d’une seule voix».A propos de la mise en œuvre du NEPAD, le Président soutient les «recommandations relatives à l’augmentation substantielle de l’aide publique au développement, à l’effacement total de la dette bilatérale et multilatérale, au financement significatif du développement des infrastructures, de l’éducation et de la santé ainsi qu’à l’élargissement de l’accès des produits africains aux marchés internationaux» émises par le comité technique qu’il considère comme «intéressantes». Aussi, il considère qu’il incombe aux pays membres de s’engager activement «au service d’une large mobilisation aussi bien au niveau de notre continent qu’au plan international, en faveur du soutien indispensable à la pleine mise en œuvre de ces recommandations». «Cet effort est incontournable, notamment à l’approche du prochain sommet du G8», a-t-il estimé. Pour la mise en œuvre du NEPAD, le chef de l’Etat estime que lors du sommet d’Alger, un bilan a été dressé. Au vu de ce bilan, M. Bouteflika considère que «le renforcement des Commissions économiques régionales est à replacer dans le cadre de l’architecture de l’Union africaine». Et ce, dans le souci d’«éviter des chevauchements et des doubles emplois, et [d’aboutir à] l’impératif d’équilibre et de cohérence dans la distribution et l’exercice des responsabilités».En outre, et concernant la Commission pour l’Afrique, que le Premier Ministre britannique, Tony Blair, a mise en place, il considère qu’il s’agit d’un document «mûrement réfléchi et riche en propositions et recommandations pratiques et novatrices». Aussi, il suggère que «le comité directeur soit chargé d’analyser de manière plus approfondie ce rapport et de nous présenter des propositions, y compris sur des mécanismes à créer en vue de la mise en œuvre de ses recommandations, en prévision du prochain Sommet du G8 à Gleneagles [en juillet] qui sera l’occasion pour les représentants africains d’exposer la position du continent et d’œuvrer pour qu’une suite positive soit donnée aux recommandations retenues». En septembre, c’est l’Assemblée générale de l’ONU qui doit procéder à l’évaluation d’étape de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire. Pour le chef de l’Etat, «au rythme actuel de progression, il est clair que l’Afrique ne sera pas en mesure d’atteindre les objectifs de développement du Millénaire à l’horizon 2015». Aussi, les pays africains doivent «engager une réflexion objective sur les raisons d’un tel état de choses et réadapter [leur] démarche afin de rattraper les retards constatés», a-t-il déclaré.Enfin, et au sujet du rapport d’étape sur le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs, le chef de l’Etat s’est déclaré satisfait de «la récente accession du Soudan et de la Zambie au Mécanisme» tout comme il a pris «acte […] de la mise en place du Fonds fiduciaire au sein du PNUD et du démarrage de ses activités». S’agissant de l’Algérie, il rappellera qu’elle est prête à recevoir, en mai prochain, une mission de soutien du Mécanisme.

A. E.

Les propositions de Bouteflika à ses pairs africains
1) La meilleure préparation pour les chefs d’Etat et de gouvernement en prévision des réunions de Gleneagles (G8) et de New York (ONU);
2) Avoir une position commune et claire sur les priorités de l’Afrique dans les domaines du développement et de la coopération internationale;
3) Travailler, dans le cadre de cette position africaine commune, pour mettre en évidence le principe sur lequel s’est bâti le NEPAD et qui est de compter, en premier lieu, sur les capacités propres de l’Afrique pour réaliser les objectifs de développement;
4) Se comporter de manière à ne pas focaliser l’attention sur l’aide au développement ou de soumettre, au-delà du nécessaire, comme unique rapport africain avec les partenaires internationaux;
5) La clarification de ce qu’attend l’Afrique de la coopération internationale tout en insistant sur les mécanismes et instruments à utiliser pour réaliser les engagements africains de nos partenaires internationaux;
6) Insister sur la nécessité d’arrêter un calendrier pour l’exécution de l’aide et du partenariat avec l’Afrique;
7) Mettre en évidence les efforts fournis et les étapes franchies par l’Afrique dans les domaines de la paix, la sécurité et la démocratie ainsi que le confortement de la bonne gouvernance de manière générale;
8) Insister pour que les partenaires du développement nous appuient pour développer et attirer les investissements;
9) Donner la préférence aux voies et moyens de soutien différents, particulièrement ceux qui permettent l’accès aux marchés mondiaux et le traitement de la dette.