Les dirigeants africains face à la «bonne gouvernance»

Ils se réniront à Alger le 23 novembre

Les dirigeants africains face à la «bonne gouvernance»

L’Expression, 16 novembre 2004

Le Nepad a suscité l’intérêt des pays riches qui l’ont soutenu et intégré dans l’agenda du G8.

Une vingtaine de chefs d’Etat et de gouvernements africains participeront à une réunion du Nepad, le 23 novembre à Alger. Cette rencontre, 12e du genre, intervient après celle qui a eu lieu fin octobre à Johannesburg où, rappelons-le, les avis ont divergé sur l’efficacité des actions entreprises sur le terrain pour réduire la pauvreté en Afrique.
Autant le président sud-africain semblait satisfait des résultats obtenus après quelques années de pratique du Nepad, autant le chef de l’Etat sénégalais avait affiché ouvertement sa déception de voir l’essentiel des objectifs du plan en question loin d’être atteint. Les sommets, à l’image de celui qu’accueille la capitale algérienne sont justement destinés à faire le point sur l’état d’avancement de l’initiative africaine de lutte contre la pauvreté et le sous-développement.
Lancé à l’issue du Sommet d’Alger de l’OUA en 1999, le nouveau partenariat pour le développement en Afrique, qui a vu le jour officiellement en 2001, a suscité un intérêt des pays riches qui l’avaient soutenu et intégré dans l’agenda du G8. En effet, les cinq pays africains qui pilotent l’initiative (Algérie, Afrique du Sud, Nigeria, Sénégal et Egypte), ont participé à plusieurs sommets des nations les plus industrialisées. Il en est sorti un ensemble de recommandations, sur un certain nombres de projets concrets à lancer dans le cadre du désenclavement de régions africaines, et des actions de lutte contre le sida, notamment. A charge pour les pays africains d’opter pour la « bonne gouvernance ». Pour ce faire, les pays africains ont institué, en février dernier, le Mécanisme africain d’évaluation par les pairs (Maep). Lequel tiendra sa deuxième réunion parallèlement au Sommet sur le Nepad. Sa fonction première est de servir de système d’évaluation collégial de cette « bonne gouvernance ». D’où une réelle volonté de la part des responsables du continent noir de se prendre sérieusement en charge, quitte, pour ce faire, à se critiquer mutuellement sur la gestion politique et économique des pays africains. C’est justement sur ce chapitre que les choses ne semblent pas aller comme on l’aurait souhaité.
En effet, les nombreux foyers de tension que connaît le continent africain ne sont certainement pas de nature à donner la meilleure image du Nepad qui, en plus de sa portée économique certaine, a une dimension politique non négligeable. L’instauration de la démocratie et autres libertés d’expression et individuelles constituent, en effet, un axe essentiel de la bonne gouvernance. Cela dit, le Sommet d’Alger du Nepad et la réunion du Maep sont autant de rendez-vous où l’on est censé faire le point sur l’évolution des réformes politiques et économiques au sein des pays de l’Union africaine, une organisation qui fait, elle aussi, une large place au Nepad.

Mourad SID-ALI

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NEPAD

Alger, une halte pour une vingtaine de dirigeants africains

 Le Quotidien d’Oran, 17 novembre 2004

La 2e réunion du forum des chefs d’Etat et de gouvernement des pays africains et le 12e sommet du Nepad qui se tiendront à Alger du 21 au 23 du mois en cours feront le point sur le mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et sur ce qui a été réalisé à ce jour en matière de partenariat avec l’Occident. Alger abritera ainsi les 20 et 21 novembre l’atelier africain sur la gouvernance, les 21 et 22 la 2e réunion du panel des éminentes personnalités ou ce qui est appelé le forum du mécanisme d’évaluation par les pairs et enfin le 23 du même mois la 12e réunion du comité directeur du Nepad ou ce qui est qualifié de sommet des chefs d’Etat. C’est le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines qui en a fait l’annonce hier lors de la conférence de presse qu’il a animée à la résidence El Mithak. Il note que la 12e rencontre du comité de mise en oeuvre du Nepad prévoit une participation record de chefs d’Etat africains, une vingtaine. On annonce d’ores et déjà, en plus de la participation des cinq chefs d’Etat africains leaders du Nepad, celle du président égyptien Hosni Moubarak.

Le ministre délégué expliquera que la 2e réunion du forum concernera «les pays qui ont volontairement adhéré au mécanisme africain d’évaluation par les pairs (MAEP) mis en place en mars 2003». A ce jour, ce sont 24 pays qui l’ont fait, l’Algérie étant «l’un d’entre eux à y avoir accédé». Tout en le qualifiant «d’un des fondements essentiels de la nouvelle initiative prônée par le Nepad», Abdelkader Messahel dira du MAEP que «c’est un instrument mis en place par les dirigeants africains pour la promotion et le renforcement de la bonne gouvernance dans tous les domaines de développement en Afrique». Le point sera ainsi fait à Alger «sur les progrès réalisés depuis le lancement effectif en mars 2004 du MAEP».

Pour l’instant, il est souligné le déploiement des premières missions de soutien et de contact dans les quatre pays qui se sont proposés «à subir l’évaluation au début de l’année 2005, à savoir le Rwanda, le Ghana, Maurice et le Kenya». L’Algérie recevra la mission d’évaluation du MAEP à la fin de l’année 2005. Alger a, selon Messahel, déjà enclenché à cet effet le processus de mise en place du dispositif institutionnel national dont un des actes est l’institution prochaine d’une commission nationale «interface du système MAEP». Système que les chefs d’Etat africains supervisent eux-mêmes «pour éviter les lourdeurs de l’administration» mais qui pourrait être ouvert, selon Messahel, aux syndicats, au patronat «et à toute la société civile à condition de la définir clairement». Un nouveau calendrier lié au déploiement des missions d’évaluation devra être mis en place «à la lumière des nouvelles adhésions enregistrées depuis quelques mois». La réunion d’Alger sur ce sujet devra permettre d’identifier les contraintes «que ce soit en termes de capacités humaines, matérielles et financières ou encore expertise technique».

D’autres questions figurent à l’ordre du jour à l’exemple des modalités de financement des activités du mécanisme et du processus d’évaluation. «Il a été décidé de prendre en charge ces activités par des moyens essentiellement africains et ce dans le souci de préserver l’indépendance, la probité et la fiabilité de tout le processus», fera remarquer le ministre délégué.

Le comité de mise en oeuvre du Nepad, pour sa part, évaluera «d’une manière globale et exhaustive les trois années de mise en oeuvre de l’initiative africaine». Il s’agira de «mesurer les progrès accomplis dans la mise en oeuvre des programmes et projets de développement arrêtés dans différents domaines prioritaires, à savoir notamment la paix et la sécurité, le développement humain qui couvre la santé, l’éducation et la lutte contre la pauvreté, les infrastructures de base, l’agriculture et la sécurité alimentaire ainsi que le commerce et l’accès aux marchés».

Il est aussi question d’analyser «l’état du partenariat établi par l’Afrique avec le monde développé, le G8 tout particulièrement». Le ministre délégué note que «le partenariat international a pris une dimension plus importante avec son élargissement à des pays de l’OCDE, aux institutions financières internationales et aux agences spécialisées du système des Nations unies». C’est ce qui est appelé le Forum pour le partenariat avec l’Afrique mis en place à Paris en novembre 2003.

Alger sera donc cette halte que les chefs d’Etat et de gouvernement marqueront pendant quatre jours pour évaluer les actions du Nepad, un partenariat qui reste, selon Messahel, «une entreprise de longue haleine et un programme d’action et de développement à long terme, contrairement à ce que d’aucuns ont tendance à croire en manifestant souvent une sorte d’impatience, même si elle est légitime, est cependant loin de tenir compte de la complexité de la tâche et des réalités africaines qui sont les nôtres».

Ghania Oukazi