La défense exige le témoignage d’Ouyahia
Ouverture du procès de l’affaire Khalifa :
La défense exige le témoignage d’Ouyahia
par Sihem H. et Nassima O., Le Jeune Indépendant, 9 janvier 2007
Les avocats de la défense dans l’affaire Khalifa ont réclamé, hier, le témoignage d’Ahmed Ouyahia, en sa qualité d’ex-chef de gouvernement, une fonction qu’il exerçait encore en 2003 au moment où l’ex- Khalifa Bank a été mise sous administration provisoire.
En effet, au moment de l’ouverture solennelle du procès et juste avant la clôture de la séance du matin, M. Merghale, avocat de quatre chefs d’agence de l’ex-banque Khalifa, mis sous mandat de dépôt, a pris la parole. Il a surpris l’assistance en réclamant la présence de M. Ahmed Ouyahia au nom, précise-t-il, de plusieurs de ses confrères.
Gérant parfaitement la situation et vraisemblablement préparée pour ce genre de «surprises», la présidente du tribunal, Mme Fatiha Brahimi, s’est contentée de répondre que cette personne n’était tout simplement pas inscrite sur la liste des témoins.
«J’ai déposé une demande auprès du tribunal soulevant l’impérativité du témoigne de M. Ouyahia depuis déjà plusieurs semaines», a rétorqué l’avocat. Affichant une nette disponibilité du tribunal à œuvrer en faveur de l’application de la notion de droit des inculpés à la défense, Mme Brahimi a promis de «faire venir à la barre tous les témoins dont les propos seront considérés important pour mettre la lumière sur toute la vérité».
D’ailleurs, quelques minutes auparavant, des noms de témoins cités, inattendus du reste, ont répondu favorablement à l’appel de Mme Brahimi. MM. Mourad Medelci et Karim Djoudi, respectivement ministre des Finances et ministre délégués auprès du ministre des Finances chargé de la Réforme financière, et M. Teboune, ancien ministre de l’Habitat, ont été ajoutés à la liste des témoins.
Les ministres en poste ont tenu à préciser, dans une déclaration à la presse, que leur présence au tribunal était nécessaire pour apporter leur témoignage. D’ailleurs, ils ont tenu à soulever qu’ils n’avaient pas besoin de l’accord du gouvernement pour être présents.
«Le procès Khalifa devait se tenir en tout état de cause et, maintenant qu’il a commencé, il ne s’arrêtera que lorsque les verdicts seront prononcés», a affirmé M. Medelci. Se déclarant compréhensive au sujet de l’agenda chargé des actuels ministres, la présidente du tribunal a décidé d’éviter leur présence quotidienne tout au long du procès et leur a accordés la latitude de ne «venir qu’au moment de leur témoignage» M. Mohamed Laksassi et l’ancien administrateur de la banque Khalifa ont également été convoqués pour témoigner.
Toutefois, le ministre d’Etat, M. Aboudjerra Soltani, et le secrétaire général de l’UGTA, M. Abdelamdjid Sidi Saïd, ne s’y sont pas présentés pour témoigner. «Nous les ferons ramener (…) Si les avocats l’exigent, nous avons les moyens de les forcer à se présenter», explique à leur sujet Mme Brahimi.
Plus de 300 témoins sont appelés à être entendus lors du procès prévu pour durer plusieurs semaines. Les accusés, de leur côté, sont défendus par quelque 150 avocats. Les témoins sont, pour leur majorité, d’anciens hauts cadres d’entreprises publiques ou toujours en fonction.
Onze inculpés absents à la barre Le premier des quatre procès du scandale du groupe Khalifa s’est ouvert hier comme prévu à la cour de Blida. Il est 9h30, lorsque les accusés sont entrés dans la salle. Peu de temps après, la présidente de la cour, Mme Brahimi Fatiha, déclare l’ouverture du procès de la caisse principale de Khalifa Bank.
Fait inattendu, elle annonce la couleur pour écarter toute éventualité de report. Le procès pourrait même durer une quinzaine de jours. Nous sommes appelés à travailler ensemble pendant plusieurs jours, dit-elle d’emblée. Un important dispositif de sécurité est mis en place.
La présidente a entamé la procédure par l’appel des 104 accusés, qui a duré plus d’une heure. Le plus grand absent est évidemment Abdelmoumène Rafik Khelifa, le patron du groupe, en exil à Londres depuis 2003. Sept autres cadres du groupe sont en fuite et contre lesquels un mandat d’arrêt international a été lancé.
Les trois Keramane, à savoir Abdelouahab, ancien gouverneur de la Banque d’Algérie, Abdenour, ex-ministre sous le gouvernement de Ghozali, et Yasmine, ancienne représentante de Khalifa Airways à Milan (Italie) n’ont pas répondu aux convocations de la juge, alors qu’ils étaient présents tout au long de l’instruction.
Un mandat d’arrêt sera lancé contre eux, apprend-on. Un procès exceptionnel Les accusés du procès 2006/142 répondent d’une trentaine de chefs d’accusation, dont faillite frauduleuse, association de malfaiteurs, abus de confiance, détournement de fonds, faux et usage de faux et corruption.
Ce n’est qu’à 14h45 que l’arrêt de renvoi a commencé à être lu. Les témoins et les victimes ont été autorisés à quitter la salle durant l’après-midi. Ils seront convoqués au moment opportun, a déclaré la présidente de la cour. Pour ce qui est des accusés qui seront traduits devant la cours criminelle, la prise de corps appliquée dimanche durera tout au long du procès.
La présidente du tribunal n’a pas manqué de relever, dès les premières heures de l’ouverture du procès, son «caractère exceptionnel». «Ce n’est pas un procès comme tous les autres», a-t-elle affirmé. D’ailleurs, des mesures exceptionnelles ont été prises, dont celle de l’adjonction de deux assesseurs en réserve à ceux déjà notifiés par la cour de Blida.
De même, deux autres membres de jury ont également été mis en réserve ; ils ont été tirés au sort. S. H. et N. O.