Clients de Khalifa: Remboursement dans deux ou trois ans

MAITRE COLLARD ET LES CLIENTS DE KHALIFA A L’ETRANGER

Remboursement dans deux ou trois ans

Le Quotidien d’Oran, 22 mai 2005

Après trois ans d’attente, les clients spoliés de Khalifa Bank ont officiellement déclaré la guerre à la Banque d’Algérie et au milliardaire escroc.

Suite aux déclarations du chef de l’Etat à Paris, selon lesquelles les victimes ruinées par la banque doivent recourir à la justice, les collectifs des clients spoliés multiplient les démarches pour accélérer le processus d’indemnisation.

Le ténor du barreau, Me Gilbert Collard, qui assure leur défense, estime que dans la mesure où les infractions sont avérées, «l’affaire se présente bien». Cependant, affirme-t-il,les clients spoliés ne devront pas toucher leur argent avant 2 ou 3 ans.

Le célèbre avocat français a déposé deux plaintes, l’une contre la Banque d’Algérie et l’autre contre le golden boy algérien installé à Londres, Abdelmoumène Khalifa. Même si la plainte contre la Banque d’Algérie a été déclarée «irrecevable», Me Collard reste optimiste. L’essentiel étant pour lui que la procédure judiciaire soit amorcée.

Dans un entretien téléphonique accordé au Quotidien d’Oran, l’avocat français a révélé qu’il ébauche des «contacts utiles» avec des personnes au fait de ce dossier à Alger pour traiter cette affaire. Il est même prévu une coordination avec l’avocat du collectif d’Alger pour accélérer les choses. Pour Me Collard, le premier responsable de cette arnaque est la Banque d’Algérie. «C’est à elle, assène-t-il, qu’il appartenait de protéger les clients de la banque Khalifa». Le fait que la Banque d’Algérie ait contribué à «crédibiliser» la banque de Abdelmoumène Khalifa est, aux yeux de Me Collard, «le comble de l’escroquerie». De même que l’ancien ministre des Finances, Abdelatif Benachenhou», avait qualifié la banque Khalifa d’une «autoroute sans gendarme», Me Gilbert Collard estime que c’est une «façade sans fondations».

Le montant des dommages et intérêts que devront toucher les clients de Khalifa, dépendra, selon Me Collard, de l’importance de la spoliation. «Chaque cas représente une spoliation particulière», souligne-t-il. Les clients de Khalifa devront ainsi déposer des plaintes individuelles.

L’avocat français n’a pas manqué de décocher quelques flèches envers le gouvernement algérien qui a apporté, selon lui, un «soutien politique» à Abdelmoumène Khalifa. Il s’étonne du fait que le président Bouteflika n’ait pas honoré les engagements pris au cours de la campagne électorale. L’avocat français se désole du revirement du président algérien et du fait que les clients ruinés aient vu tous leurs espoirs déçus. Il n’exclut pas l’éventualité de déposer d’autres plaintes. Contre qui ? Il n’en soufflera mot.

Concernant l’affaire Khalifa en phase d’instruction à la cour de Blida, l’avocat français estime que si «la justice algérienne veut réellement aller vite, l’on pourra espérer que cette affaire livre ses secrets dans 2 ans». «Si, enchaîne-t-il, la justice algérienne veut prendre son temps, l’on pourra compter sur 30 ans».

L’avocat des clients spoliés est réputé pour ses interventions fracassantes à la télévision française et pour les affaires très médiatiques qu’il a l’habitude de prendre en charge. Ceci lui a même valu d’avoir sa marionnette dans les guignols de Canal+ et d’être la risée de certains humoristes français. Mais s’il a accepté de plaider l’affaire des clients spoliés de Khalifa Bank, ce n’est pas, assure Me Gilbert Collard, pour la médiatisation. «J’ai vu les clients ruinés au bord du désarroi, c’est cela qui m’a décidé à prendre en main cette affaire», explique Me Collard. Il ajoute aussitôt que «si c’est une affaire médiatisée, je ne crache pas dessus».

Questionné sur le fait d’avoir plaidé en faveur du général Ausaresses (qui avait reconnu, dans un livre, avoir eu recours à la torture durant la guerre d’Algérie), Me Collard reprend les propos du président Bouteflika, selon lesquels «Ausaresses était au service de son pays». «Je connais bien l’histoire de l’Algérie et j’ai toujours été hostile à la colonisation dès l’instant que c’est une chose horrible de part et d’autre», soutient Me Collard, qui se défend d’avoir été «l’avocat du diable». «Le diable, dit-il, c’est Abdelmoumène Khalifa !».

Amel Blidi