Procès de trois anciens conseillers de Khalifa

1 AN DE PRISON, 2 MILLIARDS D’AMENDE ET L’OMERTA

Procès de trois anciens conseillers de Khalifa

Le Quotidien d’Oran, 10 novembre 2003

Les trois collaborateurs de Abdelmoumene Rafik Khalifa, ancien PDG du groupe Khalifa recherché par Interpol, arrêtés en février dernier, ont été condamnés à une année de prison ferme par le tribunal d’El-Harrach.

Lors d’un procès entouré de discrétion, notamment l’absence de la presse nationale, les trois cadres du groupe Khalifa, Djamel Guelimi, Samy Kassa et Samir Khelifa, ont été condamnés à une année de prison ferme et à une amende de 2 milliards de centimes, soit l’équivalent en devises fortes de la somme que les policiers et les douaniers ont saisie sur eux le jour des faits.

Ce jugement intervient lors d’un second procès en appel du moment que leur premier passage au tribunal s’est soldé par un jugement de 3 ans de prison ferme prononcé par la cour d’El-Harrach en suivant le réquisitoire du parquet général. Les avocats de ces trois cadres ont fait appel de la sentence qui a été diminuée de deux années. Ainsi, avec cette nouvelle condamnation, les trois collaborateurs et amis de Abdelmoumene Khalifa qui ont déjà purgé 8 mois de leurs peines seront libérables début mars 2004.

Ce verdict satisfait les défenseurs des accusés qui avaient à plaider un dossier délicat aux contours assez obscurs. En effet, Djamel Guelimi, ancien PDG de Khalifa TV (KTV) et vice-président du groupe et conseiller personnel de Khalifa, ainsi que Samy Kassa et Samir Khelifa, ancien responsable de la division catering de Khalifa Airways en Espagne, avaient depuis leur arrestation dans la nuit du 24 février à l’aéroport d’Alger, en tentant de rejoindre l’avion privé de Khalifa qui les attendait sur le tarmac, en possession de 2 millions d’euros en petites coupures dans des sacs, ont plaidé la «responsabilité personnelle». Ils ont ainsi évité à l’ancien golden boy d’être accusé à son tour de «transport illégal de fonds» et de lui éviter, à l’époque alors qu’aucun mandat ne le concernait, des poursuites par la justice algérienne. Au moment des faits, le groupe a indiqué qu’il pourrait se porter partie civile en affirmant qu’il s’agissait d’un acte «isolé» qui n’engageait que les «personnes mises en cause».

C’est à cette version que s’en sont tenus les accusés devant le prétoire du tribunal d’El-Harrach alors que Abdelmoumene Khalifa avait eu un malaise cardiaque en apprenant la nouvelle de leur arrestation. Il a fallu deux jours de tractations entre ses proches et le milliardaire déchu afin qu’il se «désolidarise» de ses amis qui ont porté le chapeau à sa place et ont maintenu leurs dépositions originelles devant la police et le parquet.

Alors que l’ancien milliardaire avait lâché ses amis, ces derniers ont tenu à ne pas le «balancer». Abdelmoumene Khalifa avait multiplié les contacts avec les familles de ces amis qui avaient constitué leurs propres avocats, refusant l’argent et les conseillers juridiques afin d’encadrer le procès de ses collaborateurs. Le père de l’un des accusés s’est même rendu à Londres, à l’invitation de Khalifa, afin de se voir proposer un «deal» pour que les accusés conservent le silence moyennant de fortes sommes d’argent. Mais les accusés, qui sont des amis de Rafik Khalifa depuis plus de 15 ans, ayant en commun des études, des affaires et une passion pour le NAHD, ont probablement décidé de ne pas rompre le silence sur la véritable responsabilité sur ce transport de fonds illégal surtout que les enquêteurs demeurent convaincus qu’il ne s’agissait là que d’une partie dérisoire de la somme globale que Khalifa a réussi à faire évader à l’étranger. Le ministre des Finances avait déclaré que le scandale Khalifa avait coûté au Trésor plus de 120 milliards de dinars.

Cette affaire avait donné le ton des poursuites et des sanctions financières, administratives, pénales et politiques qui allaient mener à la liquidation de l’ancien plus important groupe privé algérien. Depuis, le juge d’instruction de la 3ème chambre près le tribunal de Sidi M’hamed a délivré un mandat d’arrêt international via Interpol, référencé sous le numéro 133/03 parquet et 18/03 instruction, le 26 mars dernier, avec les chefs d’inculpation de non-respect des clauses de déclarations, défaut d’autorisations conditionnées et non-conformité de conditions liées à ces autorisations. Depuis, Abdelmoumene Khalifa se terre entre les îles Fakland et Londres, laissant ses anciens collaborateurs «payer» à sa place lors du premier procès du groupe Khalifa en attendant l’aboutissement des centaines de clients, fournisseurs et partenaires de l’ex-groupe Khalifa.

Mounir B.