Ahmed Ouyahia justifie l’instruction sur les banques publiques
AHMED OUYAHIA JUSTIFIE L’INSTRUCTION SUR LES BANQUES PUBLIQUES
«Des mesures prudentielles et transitoires»
Le Quotidien d’Oran, 5 septembre 2004
Le chef du gouvernement a justifié, hier, en marge de la séance d’ouverture des travaux du Conseil de la nation, les deux instructions qu’il a signées le 18 août dernier, stipulant que l’argent public ira dans les banques publiques. Tout en indiquant que ces directives sont des «mesures prudentielles et transitoires».
Interrogé sur leur portée contraire à l’économie de marché, Ahmed Ouyahia a argumenté le sens de ces directives par une autre interrogation. «C’est la saignée de l’économie nationale qui serait économique ? Nous sommes parfaitement loyaux. Nous avons juste décidé que l’argent public ira dans les banques publiques. Il y a suffisamment d’argent chez les opérateurs privés pour les mettre dans les banques privées», a-t-il relevé.
Les différentes faillites des banques privées et particulièrement celle de Khalifa Bank sont en grande partie la cause d’une telle mesure.
Le chef de l’exécutif a souligné que «les corps économiques et financiers ont besoin de cicatriser quelques blessures», en référence aux différents scandales qui ont secoué la place financière. D’autres pays ont été confrontés à ce genre de situation avant l’Algérie et ils l’ont fait, a-t-il souligné.
«Nous n’avons aucune gêne en cela. Nous nous sommes trouvés dans une situation où nous avons dû prendre des mesures prudentielles et transitoires que nous jugeons nécessaires», a ajouté Ahmed Ouyahia. Quant aux simples citoyens, «ils sont libres de choisir leur banque».
Quant au programme de soutien à la croissance de 50 milliards de dollars décidé par le président de la République, ses premières orientations devraient être connues lors de l’examen de la loi de finances 2005 par le Conseil du gouvernement le courant de ce mois, a précisé le chef de l’exécutif. Cependant, il n’est pas un «super-programme». Il vient prendre le relais et poursuivre «les efforts et la dynamique» déjà initiés tels que le PSRE et les budgets d’investissement public consentis entre 1999 et 2003. L’avant-projet de loi sur les hydrocarbures est, par ailleurs, de retour. «Ce texte viendra et sera présenté dès l’achèvement de tous les préparatifs et des consultations», a indiqué Ahmed Ouyahia sans plus de précision sur le moment où cet avant-projet de loi sera soumis au parlement.
Le chef du gouvernement a exclu le recours au référendum pour avaliser la révision du code de la famille. «Je ne vois pas pourquoi évoquer un référendum pour une loi. Cette idée participe au souk de la parole. Ceux qui prônent une telle mesure savent quelles sont les procédures réglementaires pour un référendum. Et ils n’ont pas les prérogatives nécessaires pour cela», a indiqué Ahmed Ouyahia.
Il a répondu également aux détracteurs du projet de loi élaboré et aux membres de la commission qui se sont élevés contre les amendements proposés dans le texte. «Est-ce la première fois que l’hypocrisie apparaît au niveau de la scène algérienne ? Au sein de la commission chargée de la révision du code de la famille, il y a des personnes qui ne peuvent assumer leur décision. Pensez-vous réellement que leur travail puisse être déformé ou que le ministère de la Justice puisse falsifier leur rapport ? Non. Le code de la famille sera le plat de résistance de la session d’automne», a-t-il précisé. Quant aux divergences au sein de l’alliance présidentielle à ce sujet, il a précisé qu’elle n’est pas une fusion. «Chacun des trois partis peut avoir son opinion à ce sujet».
Dans un autre registre, le chef de l’exécutif a estimé que la rentrée sociale s’est effectuée dans «une sérénité dominante». Ahmed Ouyahia et Abdelmajid Sidi-Saïd devraient se consulter dans quelques jours pour arrêter la date de la bipartite. Le dialogue social se présente, également, dans de bonnes conditions, a indiqué le chef du gouvernement. «Il y a une atmosphère positive.
Les conclusions des groupes de travail entre le gouvernement et l’UGTA n’ont pas dégagé de divergences. Il y a quelques points de différences que nous réglerons lors de la bipartite», a-t-il noté. Cette réunion aura pour ordre du jour les dossiers impliquant exclusivement le gouvernement et l’UGTA, tel que le statut de la fonction publique. Statut sur lequel l’exécutif et la centrale syndicale sont en accord à «99%», a ajouté Ahmed Ouyahia. Il n’est pas non plus question de licencier les vacataires et les contractuels, a-t-il souligné. Le reste des dossiers relèvera de la tripartite incluant le patronat.
Samar Smati