Abdelmoumen Khalifa: La France obtient son extradition

Abdelmoumen Khalifa

La France obtient son extradition

El Watan, 30 Août 2007

Le sort de Rafik Abdelmoumen Khalifa semble être définitivement scellé. La justice britannique a autorisé hier, selon l’Agence France Press, l’extradition vers la France de l’ex-patron du groupe Khalifa. Une décision susceptible d’appel.

Après plusieurs reports successifs d’audience et une bataille judiciaire âprement disputée, les autorités judiciaires françaises ont obtenu, cinq mois après avoir formulé une demande d’extradition auprès de leurs homologues britanniques, le feu vert pour juger sur le sol français Rafik Khalifa. Une victoire pour la partie française et un sérieux camouflet pour les autorités algériennes qui souhaitaient elles aussi voir extradé leur principal accusé dans le scandale « Khalifa ». Malgré les « assurances » répétées du ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, quant à la « trajectoire positive » de la demande algérienne, le tribunal de Westminster (Londres) a tranché en faveur de la partie française. Condamné par contumace à la réclusion à perpétuité, le 22 mars dernier, par le tribunal de Blida, à l’issue du procès d’El Khalifa Bank, pour « association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux », Rafik Khalifa devra donc, sauf avis contraire de la cour d’appel de Londres, répondre devant les magistrats français pour les faits qui lui sont reprochés, en rapport avec les activités de son groupe et de ses filiales enregistrées en France, à savoir les sociétés Khalifa Airways, Antinéa Airlines (transport aérien) et Khalifa Rent-a-Car (KRC, location de voitures). Le parquet de Nanterre (région parisienne) a ouvert en 2003 une information judiciaire à l’encontre de l’ex-golden-boy pour « abus de confiance, banqueroute par détournement d’actifs, banqueroute par dissimulation de comptabilité, blanchiment en bande organisée ». Soupçonné par la justice française d’avoir détourné de l’argent, des titres et des actifs appartenant aux compagnies du groupe Khalifa, causant ainsi leur liquidation et le licenciement de plus de cent salariés et laissant une dette de plus de 90 millions d’euros, Rafik Khalifa a été arrêté le 27 mars en Grande-Bretagne où il s’était réfugié depuis la chute de son empire, à la suite de l’application d’un mandat d’arrêt européen délivré par le tribunal de grande instance de Nanterre. Une arrestation qui a été suivie par l’interpellation, en mai dernier, à Paris des trois « proches » de Rafik Abdelmoumen Khalifa : son ex-épouse, Nadia Amirouchène, Ghazi Kebbache, ancien directeur général d’El Khalifa Bank et de Khalifa Construction, ainsi que Mohammd Nanouche, ex-directeur général adjoint de la même banque. La décision du juge britannique avait été rendue en l’absence du concerné, en raison, selon l’AFP, d’un « mouvement de grève des gardiens de prison ». Les avocats de la défense qui ont fait valoir l’argumentaire de « défense des droits de l’homme » pour repousser la demande française n’ont pas trouvé une oreille sensible auprès des magistrats britanniques chargés de l’affaire. « Rien ne semble laisser penser que s’il était poursuivi en France, ses droits humains y seraient bafoués », souligne le jugement dont l’AFP s’est procuré une copie.

A. M.