L’extradition de Khalifa est envisageable
KIM HOWELLS, SECRETAIRE D’ETAT BRITANNIQUE AUX AFFAIRES ETRANGERES
L’extradition de Khalifa est envisageable
Le Quotidien d’Oran, 18 juillet 2005
L’extradition de Abdelmoumen Khalifa de Londres serait envisageable. Les activistes islamistes recherchés par l’Algérie pour terrorisme ne seront plus également à l’abri dans le Royaume-Uni. C’est ce qui ressort de la conférence de presse conjointe de Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, et de Kim Howells, secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères.
Alger et Londres vont relancer les négociations pour la coopération judiciaire. «Nous avons décidé de conclure rapidement trois conventions de coopération actuellement en discussion et que nous avons soumises à la partie britannique. Il s’agit des accords d’entraide judiciaire en matière civile et pénale ainsi que l’accord d’extradition», a précisé Abdelkader Messahel. Des experts vont travailler à leur élaboration dans les plus brefs délais. Le ministre soulignera «la disponibilité» exprimée par la partie britannique. «Je suis convaincu que sur cette base nous pouvons conférer à nos relations bilatérales une dimension qualitative nouvelle», dira-t-il.
Interrogé sur le cas Abdelmoumen Khalifa, Kim Howells précisera que cette éventualité est envisageable à condition de conclure les accords adéquats et après consultation des experts sur les preuves retenues contre lui. «C’est un cas très important pour l’Algérie. Mais dans notre pays, pays des droits de l’homme et de la démocratie, il nous faut avoir les garanties pour que les preuves, celles requises par nos tribunaux, puissent permettre l’extradition de Abdelmoumen Khalifa. Nous devons avoir la garantie également que les droits de l’homme seront respectés et que cet homme n’encourt pas la peine de mort», précisera le secrétaire d’Etat britannique. La justice britannique est seule à même, selon lui, de décider de cette éventualité. «Personne ne peut décider de l’extradition. Seule la cour peut le faire. Et nous ne pouvons pas l’y obliger. Il faut la convaincre. Nos experts vont travailler avec vos experts sur les preuves», ajoutera-t-il. D’autant que l’Algérie a un moratoire sur la peine de mort et que celle-ci ne s’applique pas aux crimes économiques.
Pour Abdelkader Messahel, ce dossier a fait l’objet d’échange de point de vue. «La partie britannique connaît bien le dossier et sur cette question nous avons le droit et le contexte international. Des équipes d’experts vont travailler sur le cas Abdelmoumen Khalifa. Il y a eu des jugements, des condamnations de la justice. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international délivré par la justice algérienne mais également par Interpol et un gouvernement européen (la France, NDLR). Nos deux pays ont ratifié des conventions internationales, et nous sommes dans l’obligation de répondre à ça», précisera-t-il.
Alger a transmis, selon lui, «un certain nombre de dossiers sur des activités reconnues d’individus impliqués dans le terrorisme» aux autorités britanniques.
Cette question a fait, précisera-t-il, l’objet d’une approche entendue pour gérer tous les cas. «Nous nous fondons sur les jugements de nos tribunaux sur l’implication de nationaux dans des crimes terroristes, sur le droit et les lois internationaux, les résolutions du Conseil de sécurité et les conventions internationales. Nous sommes des pays de droit et au regard de l’engagement que nous avons, nous avons décidé de travailler ensemble pour le traitement de toutes ces questions sans exclusions», précisera Abdelkader Messahel. Le ministre britannique soulignera à ce sujet que Londres ne soutient pas le terrorisme et les terroristes. «Nous sommes l’un des plus grands abris pour la liberté.
Nous ne pouvons pas mettre les gens en prison parce que nous ne partageons pas leur point de vue. Nous devons avoir la preuve que ces individus puissent retourner dans leur pays dans le respect des droits de l’homme. Nous allons arriver à un accord avec l’Algérie pour ceux qui ont commis des crimes terroristes ou financiers. Nous devons avoir les preuves pour convaincre nos tribunaux. Nous savons qu’ils sont dangereux», précisera Kim Howells.
C’est une visite plus politique que diplomatique que vient d’effectuer le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères, Kim Howells, en Algérie. D’autant qu’il saluera l’engagement de l’Algérie sur les réformes politiques et économiques. Même la question de l’intégration au Commonwealth a été envisagée. Une amende honorable qui ne dit pas forcément son nom. Et qui intervient quelques jours après les attentats de Londres. Alger juge ce repositionnement on ne peut plus positif.
Samar Smati