Khelifa va-t-il «filer» à l’anglaise vers Paris ?
Alger a peu de chances de récupérer l’ex-golden boy :
Khelifa va-t-il «filer» à l’anglaise vers Paris ?
par Sihem H., Le Jeune Indépendant, 7 avril 2007
Rafik Abdelmoumène Khelifa a été arrêté à la fin de la semaine dernière, à la demande des autorités françaises, puis placé sous écrou extraditionnel à Londres, suite à un mandat d’arrêt européen émis par la France, a révélé, hier l’Agence France-Presse (AFP).
«Rafik Abdelmoumène Khelifa, 40 ans, sans domicile fixe, a été arrêté dans l’ouest de Londres», a déclaré à l’AFP une porte-parole de Scotland Yard. Cette arrestation est intervenue dans le cadre d’un «mandat d’arrêt européen délivré par les autorités françaises» pour «blanchiment d’argent, abus de confiance et banqueroute frauduleuse», a-t-elle précisé.
Une information judiciaire pour «banqueroute, abus de biens sociaux et blanchiment», visant certaines sociétés de M. Khelifa, a été ouverte à la fin de 2003 par la justice française. Les investigations ont jusqu’à présent conduit à la mise en examen de proches de l’ancien milliardaire pour abus de biens sociaux et banqueroute frauduleuse.
Plusieurs anomalies ont été découvertes par les enquêteurs français sur «des irrégularités financières commises par Khelifa suite aux activités de son groupe sur le sol français». Le juge français Capra avait lancé son mandat d’arrêt le 5 mars dernier auprès de la justice britannique qui a décidé d’écrouer Khelifa.
Ce dernier devra rester en détention jusqu’à sa comparution, ce mardi, devant un tribunal londonien qui devra statuer sur la demande d’extradition. Cette arrestation n’a, faut-il le préciser, aucun lien avec l’enquête ouverte par Scotland Yard suite à des soupçons de blanchiment d’argent.
En effet, Abdelmoumène Khelifa avait été interpellé, pour la première fois depuis qu’il s’est exilé à Londres en mars 2003, le 27 février pour séjour irrégulier. Soupçonné de blanchiment d’argent, Abdelmoumène Khelifa a été entendu une deuxième fois le 20 mars dernier avant d’être laissé en liberté provisoire sous caution jusqu’au 22 mai.
C’est donc là une deuxième affaire qui vient d’être ouverte par la justice britannique. Pour rappel, Rafik Khelifa a été condamné par contumace, le 22 mars dernier, à la réclusion criminelle à perpétuité par le tribunal de Blida dans le cadre du procès de la caisse principale d’El Khalifa Bank.
Il avait été reconnu coupable de «constitution d’une association de malfaiteurs, vol qualifié, fraude et escroquerie, abus de confiance, falsification de documents officiels et bancaires, corruption, abus de pouvoir et faillite frauduleuse».
L’Algérie avait délivré, depuis déjà trois ans, un mandat d’arrêt international et demandé à la Grande- Bretagne son extradition. Toutefois, même après la signature du protocole d’accord judicaire comprenant les extraditions entre les deux pays, l’Algérie n’a toujours pas été satisfaite.
La justice britannique accédera-t-elle à la demande d’extradition de la France ? Si elle accepte la demande française dans le cadre des règles européennes, il n’est pas exclu que l’accord de Londres soit subordonné à la promesse que Paris ne le livre jamais à Alger … S. H.