«Des documents importants ont été détruits»

Affaire Khalifa Bank Sur ordre du liquidateur

«Des documents importants ont été détruits»

Le Jour d’Algérie, 1 février 2007

Un pavé a été jeté dans la mare, à quelques minutes de la levée de la séance d’hier dans la matinée, du procès de l’affaire de la caisse principale de Khalifa Bank, par le directeur de l’agence d’Oran de cette banque privée, Hakim Kars.

«Ordre a été donné de transporter des documents se trouvant dans cette agence bancaire jusqu’à une décharge pour les détruire», lance-t-il, en ajoutant que ça s’est passé au moment où il allait faire les passations de consigne. «Au moment où j’allais faire les passations de consigne, des personnes sont venues, mis des dossiers dans des cartons et les ont transportés vers une décharge», témoigne-t-il, dans la séance de l’après-midi d’hier. Dans quel but ? On n’en saura pas davantage. Une source judiciaire nous apprend, PV de l’huissier de justice Hakim Belkacem, à l’appui que c’est le liquidateur, en personne, qui a ordonné le transport jusqu’à une décharge et la destruction de ces documents, dont des ordres de virement, des dossiers d’engagement, des imprimés vierges ainsi que d’autres documents bancaires appartenant à l’agence Khalifa Bank d’Oran. Cette destruction de documents a eu lieu, est-il écrit dans ce PV, en présence de ce huissier de justice et de M. Zeroual, représentant du liquidateur. Cette opération de destruction qui a eu lieu le 14 mars 2004, a débuté à 10h 14 mn pour prendre fin à 17h 05 mn.

Des documents de crédits comptent parmi les documents détruits sur ordre du liquidateur. Ainsi, estiment des avocats, ces traces bancaires ont été effacées de cette agence de banque. Pour quelles raisons ? La question reste posée et l’«énigme» est entière. Une autre question mérite, elle également, d’être posée : existe-t-il d’autres ordres dans ce sens qui ont été donnés par le liquidateur pour détruire d’autres documents ?

Une révélation qui pourrait influencer le cours du procès puisque, estime une source judiciaire, ce fait pourrait remettre en cause toute une procédure et les conclusions qui en ont découlé en ce qui concerne cette agence banque qui compte parmi les cinq agences Khalifa Bank ayant fait l’objet d’opérations de contrôle et dont le trou financier total est évalué par une expertise réalisée par Hamid Foufa, à près de 110 milliards de centimes. Il n’est pas à écarter que cette «énigme» puisse influer sur la manière avec laquelle ces procédures ont eu lieu, non seulement en ce qui concerne l’agence Khalifa Bank d’Oran mais, également les autres agences de cette banque privée concernées par cette expertise et par la procédure judiciaire et, par là, jeter certains «doutes» sur la «partialité» de ces procédures en ce qui concerne, cette fois, et par effet boule de neige, toute l’affaire de la caisse principale de Khalifa Bank, jugée, depuis le 8 du mois en cours, par le tribunal criminel près la cour de Blida. Ceci sans parler des éventuelles raisons ayant motivé la décision prise par le liquidateur de détruire ces documents pourtant très utiles pour le bon déroulement et la réussite des procédures judiciaires et pour l’expertise concernant cette agence bancaire qui enregistre un trou financier en dinars et en devises. Qui sont les bénéficiaires de la destruction de ces documents ? Aux noms de qui sont établis les ordres de virement et dossiers d’engagement et de crédits bancaires détruits? Le tribunal demandera-t-il des «justificatifs» au liquidateur ?

Au cours de son audition, hier, en tant qu’accusé, par ce tribunal, Hakim Kars a refusé de parler de «trou financier». «Ca reste à discuter», répond-il au tribunal en évoquant ce trou financier. «Nous allons discuter ça», rétorque la présidente de ce tribunal. Cet ancien directeur de l’agence BDL de Ouargla, poste qu’il a quitté en juin 1999 a annoncé que l’argent considéré comme détourné «était envoyé à la caisse principale de Khalifa Bank sur instruction de Khalifa Rafik Abdelmoumène». «C’est à bord d’un avion de Khalifa Airways que j’envoyais cet argent à la caisse principale, sur instruction du

P-DG», explique-t-il. En répondant aux questions du tribunal, le directeur de l’agence Khalifa Bank d’Oran, reconnaît que cette agence de banque ne disposait pas de compte bancaire à la banque d’Algérie.

«Comment, donc, cette agence de banque a-t-elle pu obtenir un agrément et ouvert, en septembre 1999, sans disposer d’un compte bancaire à la banque d’Algérie ?», s’interroge la magistrate. «Ce n’est pas illégal. L’ouverture de ce compte bancaire a nécessité du temps», répond cet accusé. Il explique que l’ouverture d’une agence bancaire n’est pas conditionnée par l’ouverture d’un compte bancaire. «Que faisiez vous de l’excédent ?», demande la magistrate. «Nous l’envoyons à la caisse principale de Khalifa Bank», répond le directeur de l’agence Khalifa Bank d’Oran. Il explique que Khalifa Rafik Abdelmoumène lui avait donné instruction, par téléphone, pour envoyer de l’argent à la caisse principale. Je l’ai rencontré quatre fois, ajoute-t-il. La présidente du tribunal lui pose la question de savoir quelle a été la réponse de la caisse principale, en matière d’écritures bancaires, lorsqu’il envoyait ces sommes d’argent accompagnées d’EES (Ecritures entre sièges). «Rien», répond-il. En termes clairs, la caisse principale, et selon lui, ne lui adressait pas des accusés de réception. – «Comment pouviez vous être sûr que l’argent est arrivé ?», lui demande la présidente du tribunal.

«Je ne suis pas censé m’inquiéter. Le procédé veut que si cet argent n’est pas arrivé, je dois être informé dans un délai de 48 heures par la caisse principale, sinon, le dernier jour du mois. ça n’a pas été fait», répond-il

«Vous n’avez jamais demandé de l’argent de la caisse principale ?»

«Jamais».

La magistrate fait appel à Akli Youcef, directeur DGA pour l’interroger sur le devenir des 20 000 euros envoyés par l’agence Khalifa Bank d’Oran à la caisse principale. «Comment expliquez-vous que ces 20 00 euros n’étaient pas arrivés à la caisse principale ? Il doit y avoir une pièce comptable, quand même», lui lance-t-elle. «Je ne sais pas, c’était en suspens», répond-il.

«J’adressai des accusés de réception à chaque fois que je recevais de l’argent», ajoute-t-il. En clair, il nie avoir reçu les sommes d’argent adressées par cette agence de banque à cette caisse. Cette somme considérée comme étant un trou financier, dont 5,533 milliards de centimes, 1,13 million francs français, 20 000 euros, 100 dollars canadiens, 4000 francs belges et 50 000 lires italiennes. «On ne nous a pas parlé de ces lires italiennes», fait remarquer la magistrate.

Une intervention remarquée par ce tribunal a été faite par Me Mouda qui a posé des questions ayant permis à cette juridiction de connaître que Khalkifa Rafik Abdelmoumène pouvait connaître le montant d’un compte bancaire en recourant au modem et éclairé ce tribunal sur l’affaire des accusés de réception et des 20 000 euros, confortant, ainsi, son client.

Le directeur de l’agence Khalifa Bank d’Oran a annoncé, en réponse aux questions posées par ce tribunal, que le MC Oran a bénéficié, en 2001, de 13 000 francs français, à D. Youcef, responsable du MC Oran, à raison de 500 francs français pour chacun de 26 joueurs, dans le cadre de sponsoring et du déplacement de cette équipe de football vers la Mauritanie et qu’il a remis 13 000 francs français.

M. Abi