Plus de 1000 personnes devraient être auditionnées dans l’affaire Khalifa
Avec ou sans la présence d’Abdelmoumène Khelifa
L’affaire sera bouclée avant la fin de l’année
par Sihem H. , Le Jeune Indépendant, 21 septembre 2001
Plus de 1000 personnes devraient être auditionnées dans l’affaire Khalifa par le juge d’instruction du tribunal de Chéraga dépendant de la cour de Blida qui, jusqu’à la journée d’hier, a eu à entendre un grand nombre d’entre eux. Selon une source proche du dossier «cela ne veut nullement dire que toutes ces personnes seront inculpées.
La justice peut faire appel à des personnes afin d’éclairer les magistrats qui décideront par la suite d’inculper ou pas». Toutes les personnes, physiques ou morales, qui ont eu une relation directe où indirecte avec les «manigances» dans l’ex-empire devront rendre des comptes à la justice, a poursuivi notre source.
Ali Benflis prochainement devant le juge d’instruction A ce jour, cinq ministres qui appartenaient à l’ancien gouvernement de Benflis ont été auditionnés, en attendant l’audition de l’ex-chef de gouvernement M. Ali Benflis «prévue pour les prochains jours».
D’autres ministres, dont le nombre n’a pas été précisé par notre source, du même gouvernement, seront appelés à s’expliquer. «Toutes ces personnes devront fournir des explications sur les raisons qui les ont poussées à laisser faire alors que des indices montraient clairement que le groupe allait s’effondrer.
Elles sont censées être des garants de l’application des lois de la République», explique notre interlocuteur. Des responsables où encore des travailleurs des OPGI, des caisses de sécurité sociale, de mutuelles où d’œuvres sociales, de banques, ont été eux aussi invités à rendre des comptes à la justice pour avoir placé leur argent à la Khalifa Bank.
«Au départ, la tâche était difficile dans la mesure où tout le monde s’était arrangé pour ne pas laisser de trace. Mais la vérité finit toujours par triompher au grand bonheur de la justice. Les responsables du groupe d’abord… Une raison pour laquelle le juge d’instruction a commencé par inculper les premiers responsables de l’ex-groupe Khalifa.
«On avait une liste de noms, mais ce n’était en fin de compte que du menu fretin», expliqua notre source. Toutefois, ajouta-t-elle, «les différents éléments rassemblés ont pu compléter le puzzle et actuellement l’affaire avance à grands pas.
Nous sommes optimistes et au vu de l’état d’avancement de l’instruction, l’affaire sera probablement bouclée avant la fin de l’année.» «Il est vrai que les secousses se ressentiront de plus en plus dans certains milieux, mais l’essentiel est d’en finir avec ce crime économique.» En plus de tout cela, tient à préciser notre source, «facteur temps oblige, il est impératif de juger les personnes inculpées dont certaines ont été laissées en liberté provisoire».
Au total 17 personnes sont formellement inculpées jusqu’à présent dont 5 sont sous mandat de dépôt, 7 en liberté provisoire et les 5 autres en fuite sous le coup de mandats d’arrêts internationaux. Il se trouve que ces dernières, parmi lesquelles figure le président de l’ex-groupe, Abdelmoumene Khelifa, sont considérées comme les véritable instigateurs de l’affaire.
Mais comment le dossier pourrait être mis à la barre sans la présence de l’inculpé principal, Abdelmoumene Khelifa ? Notre source soutient que sa présence n’est pas obligatoire. La justice le jugera, conformément au droit, par contumace sur toutes les affaires pour lesquelles il est inculpé.
«Il perdra tous les privilèges dont il pourrait éventuellement bénéficier, dont le sursis», a averti notre source. Elle ne manque pas à ce sujet de préciser qu’un dossier «en béton» a été transmis à travers le canal diplomatique au Royaume-Uni où est réfugié actuellement Abdelmoumene Khelifa.
Il est question principalement dans ce dossier, explique-t-elle, d’axer sur la gravité du crime commis, mais aussi de rassurer les Anglais car la peine de mort n’est pas appliquée en Algérie. «On attend maintenant une réponse, sachant que nous n’avons pas d’accord dans ce sens avec la Grande-Bretagne.» Les liens de parenté derrière certaines largesses Revenant sur les largesses dont a bénéficié Khelifa, notre interlocuteur explique que si les mécanismes mis en place par l’Etat avaient été respectés, M. Khelifa «n’aurait jamais pu avoir l’agrément pour sa banque».
Ceci dans la mesure où Abdelmoumene Khelifa était déjà un repris de justice avant de bâtir sa fortune. «Il avait été condamné à six reprises par la justice, lorsqu’il exerçait dans le secteur pharmaceutique.» Mais comment se fait-il qu’il a pu déjouer les procédures ? «Il se trouve que Khelifa, Kebache, un cadre influent de l’ex-empire actuellement en fuite, et l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie ont un lien de parenté qui a joué en leur faveur», précise-t-elle.
En plus de tout cela, «plusieurs largesses ont été accordées au groupe pour des raisons qui ont été déterminées par l’enquête judiciaire». On n’en saura pas plus, pour le moment… S. H.