Face à la baisse des cours: Réunion urgente de l’OPEP
par Ali Babès, Le Quotidien d’Oran, 18 octobre 2008
L’aggravation de la crise financière mondiale et la baisse drastique des prix du brut cette semaine ont quasiment provoqué un électrochoc au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), qui a décidé de tenir une réunion urgente de ses pays membres le 24 octobre prochain, au lieu du 18 novembre.
La situation du marché pétrolier s’était brusquement aggravée jeudi avec des prix en dessous de 68 dollars/baril et l’annonce d’une hausse des réserves américaines. Ces deux éléments, combinés à la chute vertigineuse des indices boursiers sur fond de chute d’empires financiers, ont incité l’OPEP à tenir le plus tôt possible sa réunion extraordinaire pour examiner l’état du marché et apporter les correctifs nécessaires pour faire remonter les prix du brut et calmer les inquiétudes du marché. Cette réunion sera consacrée à l’examen «de la situation du marché pétrolier à la lumière de la crise financière internationale», selon une source proche de l’OPEP.
Un des facteurs qui a précipité la décision de l’OPEP est motivé par les inquiétudes qui se sont renforcées après la publication du rapport hebdomadaire du département américain à l’Energie (DoE), qui a révélé une progression spectaculaire des stocks pétroliers la semaine dernière. Les stocks de brut se sont étoffés de 5,6 millions de barils (mb) la semaine dernière et les stocks d’essence ont bondi de 7 mb, des chiffres dépassant largement les attentes des analystes. Le recul de la demande s’est par ailleurs confirmé : sur les quatre dernières semaines, les Américains ont consommé en moyenne 18,6 millions de barils par jour de produits pétroliers, en baisse de 8,9% comparé à un an plus tôt. Suffisant pour que les pays producteurs tirent la sonnette d’alarme. Déjà des voix s’élèvent pour réclamer une réduction de la production OPEP. L’organisation devrait décider de réduire sa production de brut d’au moins un million de barils par jour lors de sa réunion extraordinaire du 24 octobre face à la chute brutale des cours, a estimé vendredi le ministre qatari de l’Energie Abdallah Ben Hamad Al-Attiyah. «Je crois personnellement qu’il pourrait s’agir d’un million de barils ou plus. Au moins un million de barils, mais je ne peux pas confirmer», a-t-il déclaré. «Nous étudierons nos prévisions pour l’offre et la demande», a-t-il ajouté.
En septembre dernier à Vienne, l’Opep avait décidé de réduire quelque 520.000 barils par jour de sa production afin de soutenir les cours du brut. De son côté, l’Equateur, l’un des pays producteurs de pétrole, souhaite une réduction de la production pétrolière des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour «rehausser les prix en chute», a souligné le ministre équatorien du Pétrole et des Mines, Derlis Palacios.
L’Equateur «souhaite que les membres de l’OPEP prennent des mesures pour réduire les livraisons lors d’une nouvelle réunion d’urgence vendredi prochain où ils discuteront l’impact de la récession globale sur les marchés pétroliers», a souligné M. Palacios. Jeudi, les cours étaient tombés jusqu’à 67,17 dollars sur le marché de Londres, avant de se redresser légèrement, affectés par la menace de récession qui ne manquera pas de peser sur la consommation mondiale d’énergie. Vendredi, les cours se sont quelque peu raffermis, le léger américain light sweet crude gagnant 3,15 dollars, à 73 dollars/baril, sur les échanges électroniques en Asie, et le Brent remontant à 70,56 dollars/baril, grappillant 2,72 dollars.