Le prix du pétrole continue de baisser

Opep : Réduction insuffisante de la production

Le prix du pétrole continue de baisser

El Watan, 25 octobre 2008

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé hier à Vienne de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour à compter du 1er novembre afin de stopper la chute des prix du brut, qui a perdu 50% de sa valeur depuis le mois de juillet. Ainsi, le plafond de production des 11 pays concernés par les quotas passe de 28,8 mbj à 27,3 mbj. En réalité, la réduction est plus importante puisque les 300 000 barils par jour qui sont en surplus doivent être aussi retirés. Au total, l’offre sera réduite de 1,8 million de barils. La réduction de 1,5 million de barils par jour ne sera concrète que dans une quarantaine de jours, vers le début du mois de décembre, le temps de revoir les contrats de vente.

La décision d’hier a été prise assez rapidement, vu le consensus qui a prévalu entre tous les pays membres. Selon le président de l’Opep et ministre algérien de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, « tout le monde était d’accord et aucun conflit entre les membres n’est à signaler ».

Dans une déclaration recueillie par l’APS, le ministre a indiqué que la question de la réduction a été traitée rapidement. En référence aux informations faisant état de divergences entre les pays membres, le président de l’Opep a déclaré que l’Arabie Saoudite avait joué un rôle déterminant dans cet arrangement. Pour M. Khelil, « tout le monde était à la hauteur de la tâche ». Bien avant le début de la réunion, les prix du pétrole, qui avaient connu une hausse la veille, ont repris leur mouvement baissier au moment où les places boursières subissaient un net recul. La chute des cours du pétrole a aussi été facilitée par le recul de l’euro face au dollar. Hier en milieu d’après-midi, l’euro était à 1,26 dollar contre 1,29 la veille. Au mois de juillet, l’euro avait battu un record à 1,60 dollar. Cette remontée du dollar devrait compenser un peu le recul du prix du baril de pétrole pour les pays exportateurs vu que leurs recettes sont libellées dans cette monnaie.

Dans le communiqué publié à l’issue de sa réunion, l’Opep a rappelé que la conférence extraordinaire a été convoquée pour discuter de l’actuelle crise financière et de son impact sur le marché du pétrole en partageant les préoccupations de la communauté internationale à ce sujet. La conférence de l’Opep a observé que la crise financière a déjà un impact notable sur l’économie mondiale avec un effet sur la demande en énergie et sur le pétrole en particulier. Le ralentissement de la demande mondiale de pétrole a exacerbé la situation dans un marché bien plus qu’approvisionné. Le recul de la demande est constaté malgré l’approche de l’hiver dans l’hémisphère nord, selon l’Opep. Dans le même communiqué, l’Opep a constaté que les prix ont connu une chute spectaculaire, sans précédent en ampleur et dans le temps, à des niveaux qui mettent en danger de nombreux projets qui connaîtraient des retards ou des annulations et pourraient causer des pénuries de pétrole à moyen terme. C’est sur la base de toutes ces données que l’Organisation a décidé de réduire sa production de 1,5 million de barils par jour à compter du 1er novembre en soulignant que tous les pays membres se sont engagés à respecter la discipline. Les membres de l’Opep ont aussi appelé les autres pays producteurs non membres de l’Opep, à contribuer aux efforts pour rétablir les prix à des niveaux raisonnables.

Cette décision de réduction sera examinée lors de la prochaine conférence extraordinaire qui se tiendra à Oran le 17 décembre prochain, selon le communiqué. Entre temps, l’Organisation a chargé son secrétariat de suivre de près le marché. La décision prise hier par l’Opep serait la première d’une série de mesures que l’Organisation devrait prendre pour stabiliser et le marché et les prix à un seuil qui ne pénalise ni les pays consommateurs ni les pays producteurs.Dans la même déclaration, le président de l’Opep a indiqué : « Dans tous les cas de figure ou les prix ne se stabilisent pas, soit nous déciderons, dans la mesure du possible, d’une autre réunion avant celle d’Oran ou bien, si les choses se stabilisent, on aura la réunion d’Oran pour voir si on doit encore réduire ou non. »

Londres et Washington ont réagi hier à la décision de l’Opep. Londres, par la voix du porte-parole du Premier ministre Gordon Brown, a parlé de déception. « Nous sommes déçus par cette décision », a indiqué le porte-parole hier, à la fin de la réunion de l’Opep.« Nous pensons depuis toujours que la valeur des biens, y compris du pétrole, doit être déterminée par des marchés ouverts, concurrentiels et non par ce genre de décisions contraires au marché », a déclaré un porte-parole de la Maison-Blanche peu après l’annonce de la décision de réduction. Après une chute à 61 dollars le baril de pétrole à Londres et à 63 dollars à New York, des chutes survenues dans un mouvement de panique qui a touché toutes les Bourses du monde dans la matinée d’hier, les prix du pétrole ont repris peu à peu. A 15h30 GMT, le light sweet crude était à 64,98 dollars tandis que le brent était à 63,14 dollars le baril.

Par Liès Sahar