Les ports pétroliers algériens passent sous le contrôle de Sonatrach

En vertu d’une convention de concession signée lundi dernier

Les ports pétroliers algériens passent sous le contrôle de Sonatrach

Par Youcef Salami, La Tribune, 12 Janvier 2006

Les trois ports pétroliers algériens passent sous contrôle de Sonatrach, en vertu d’une convention de concession (de 15 à 20 ans) que la société de gestion et d’exploitation des terminaux marins à hydrocarbures (STH), une filiale de la compagnie nationale des hydrocarbures, a signée, lundi 9 janvier, avec les entreprises portuaires de Béjaïa (EPB), de Skikda (EPS) et d’Arzew (EPA).
La STH, créée en juillet dernier, au terme d’un protocole d’accord entre Sonatrach et les trois entreprises portuaires est dotée d’un capital social de un milliard de dinars, réparti comme suit : 60% des parts pour le groupe Sonatrach, 20% pour l’EPA, 15% pour l’EPS et 5% pour l’EPB. Elle se donne pour mission la gestion, l’exploitation, l’entretien, la surveillance et le renouvellement des infrastructures ainsi que l’expédition et la réception des produits pétroliers par voie maritime.
La STH va devoir «compter sur l’apport de partenaires compétents et rompus à l’exercice d’une exploitation continue des terminaux à hydrocarbures aux meilleures conditions de sécurité et de coûts», a souligné le président- directeur général de Sonatrach, présent à la cérémonie de signature. Et, d’expliquer que : l’objectif est «de mettre les ports pétroliers algériens au niveau des meilleurs ports étrangers afin de respecter nos engagements d’exportation, d’éviter les pertes et de permettre de maintenir la réputation de fiabilité dont jouit Sonatrach». La convention conclue lundi, a-t-il poursuivi, permettra à la compagnie nationale, «d’entrer dans une nouvelle phase de renforcement des capacités nationales d’exportation des hydrocarbures et aussi des facteurs de succès de la stratégie d’expansion du groupe. Elle permettra également d’ouvrir de grandes perspectives pour le développement de ces ports notamment avec le programme de grande ampleur engagé par Sonatrach». Mohamed Meziane a relevé, cependant, que l’état des ports pétroliers et de leurs équipements «nécessitait d’en poursuivre la modernisation et de les doter de politiques et de normes notamment en matière de santé, de sécurité, et d’environnement en conformité avec celles adoptées par le groupe et avec les spécifications les plus sévères au plan international». Le ministre de l’Energie et des Mines était présent à la cérémonie de signature. Il a déclaré que la convention de concession dont il est question «couronne un parcours long et laborieux de trois années depuis la décision pertinente du président de la République de confier à Sonatrach, par concession, la gestion et l’exploitation des ports pétroliers. Elle permet de mettre un terme aux pertes financières causées notamment par des retards dans les différentes opérations portuaires et évaluées à quelque soixante dix millions de dollars par an, ainsi que de pallier les dysfonctionnements constatés, de hisser ainsi nos ports pétroliers au niveau des terminaux à hydrocarbures les plus performants». Le ministre de l’Energie et des Mines a invité la STH à «se hisser rapidement au niveau des grandes entreprises similaires de par le monde». Et Chakib Khelil d’avertir : les pertes enregistrées actuellement par Sonatrach à cause de «retards injustifiés ne peuvent plus être admises ni tolérées, les enjeux n’échappent à personne et nous attendons de tous les opérateurs et intervenants(autorités et entreprises portuaires, STH, institutions de l’Etat), une mobilisation et une coopération actives à la hauteur des enjeux». Il a rappelé que des sociétés autres que Sonatrach «auront à exporter leurs produits par le biais de ces terminaux à la faveur de la loi sur les hydrocarbures». Le premier responsable du secteur de l’énergie a demandé aussi à ce que les coûts de chargement des navires citernes au niveau des ports algériens soient «plus attractifs face à une rude concurrence», particulièrement en Méditerranée. Il a également parlé des SPM, bouées de chargement, indiquant que c’est «un atout majeur pour augmenter sensiblement les capacités algériennes d’exportations» tout en briguant des marchés lointains. Chakib Khelil a invité les professionnels des ports à «œuvrer sans relâche pour permettre à la STH d’y recourir le plus souvent possible et de s’aligner aux coûts internationaux pratiqués». De son côté le ministre des Transports, présent également à la cérémonie de signature de cette convention, a salué cette concession. Celle-ci consacre selon lui, la séparation des missions de l’Etat en tant que puissance publique et régulateur et celle de la gestion et de l’exploitation qui revient aux entreprises. Aussi constitue-t-elle un changement radical dans les méthodes de gestion des entreprises portuaires qu’elle doit améliorer, a-t-il ajouté. Maghlaoui a révélé que d’autres concessions seraient accordées pour d’autres activités portuaires telles que le traitement des conteneurs pour une meilleure efficacité de ces entreprises qui pratiquent, reconnaît-il, des coûts de transit plus élevés que ceux des voisins.

Y. S.