L’OPEP veut réduire sa production : Les Occidentaux Menacent

L’OPEP veut réduire sa production : Les Occidentaux Menacent

par M. Saâdoune, Le Quotidien d’Oran, 11 octobre 2008

Le baril de pétrole est passé sous la barre des 80 dollars sur fond de crise financière – qui met les bourses mondiales à deux doigts du krach – et d’une demande à la baisse.

Le baril de Brent de la mer du Nord se vendait hier à moins de 78 dollars, perdant près de 5 dollars par rapport à la veille.

On est très loin du record historique atteint le 11 juillet dernier avec un baril dépassant les 147 dollars. Comparativement à ce pic, le baril a ainsi perdu près de la moitié de sa valeur.

Même si cette chute est un peu atténuée par l’appréciation du dollar par rapport aux autres monnaies, elle reste substantielle. Pour des pays pétroliers peuplés comme l’Algérie, engagés dans des grands programmes d’infrastructures, la tendance est mauvaise, voire inquiétante. En tout cas, cela relativise tous les discours rassurants au sujet des effets de la crise financière sur l’Algérie.

La chute des prix du brut, si elle se poursuit et descend même en-dessous de 70 dollars, va poser problème. Or, la crise financière est en train d’influencer l’économie réelle avec des perspectives plutôt sombres de récession économique, voire de dépression. Les prix du baril ont été tirés à la baisse au cours de la saison estivale par une réduction de la demande. Cette tendance est accentuée par un climat économique dépressif. L’AIE (Agence internationale de l’énergie) a revu à la baisse ses prévisions de demande mondiale à 86,5 millions baril jour (mbj) pour 2008 et à 87,2 mbj pour 2009.

Certains experts avancent que le prix actuel du baril est celui de la peur et non celui du jeu de l’offre et de la demande. Le problème est que depuis la crise du crédit hypothécaire (subprime), une véritable bombe à fragmentation, dont les effets n’en finissent pas de se faire ressentir, la peur, les anticipations craintives voire affolées sont un élément important du marché.

Couplés à une offre qui excède la demande, les prix, à moins d’une intervention des pays de l’Opep dont les coûts de production connaissent une forte hausse, pourraient encore descendre. Plus bas que la barre des 70 dollars, ce qui inquiète nos experts.

Cela dépendra en grande partie des Saoudiens

Du coup, l’OPEP n’attendra pas la réunion extraordinaire prévue à Oran le 17 décembre prochain. Une réunion se tiendra un mois plus tôt, le 18 novembre, au siège de l’organisation à Vienne pour discuter de «la crise financière, de la situation économique mondiale et de leurs conséquences sur le marché pétrolier».

Il s’agira cette fois de faire mieux que lors de la précédente réunion du 10 septembre dernier, où une décision de revenir à un plafond de production de 28,8 millions de barils/jour a été réduite à un voeu pieux car l’Arabie Saoudite, en silence, a refusé d’appliquer la mesure. Cette même Arabie Saoudite avait poussé les prix vers la baisse en décidant quelques semaines auparavant, unilatéralement et pour plaire à l’ami américain, de mettre 500.000 barils/jour supplémentaires sur le marché. L’échec de la réunion de septembre a confirmé que l’Arabie Saoudite dispose d’un poids décisif au sein de l’OPEP qui, il faut le préciser, ne représente que près de 30% des exportations mondiales de brut.

Menaces occidentales

D’où la question essentielle pour la prochaine réunion de l’Opep : les Saoudiens, qui ont plus de marge que les autres pays producteurs, joueront-ils la solidarité avec les autres producteurs ? Dans un marché qui commence à perdre ses repères « objectifs », l’attitude des Saoudiens sera déterminante. Pour Ryad, contrairement à d’autres pays pétroliers plus peuplés, l’actuel niveau du prix du baril est satisfaisant. Depuis la hausse des prix, l’OPEP n’évoque plus de prix plancher… Elle pourrait avoir à en discuter de nouveau.

En toute logique, l’organisation aurait toutes les raisons de baisser sa production pour l’ajuster à une demande en forte baisse. Il n’est pas sûr que dans un marché où les aspects psychologiques commencent à devenir déterminants que cela soit efficace. A cela, il faudra ajouter les mises en garde et les pressions des pays industrialisés dont le système bancaire est en déconfiture. C’est quasiment sur un ton menaçant que Gordon Brown, le Premier ministre britannique, a réagi à l’annonce de la réunion extraordinaire de l’Opep pour le 18 novembre. « Je veux dire clairement à l’Opep qu’il serait mauvais pour l’économie mondiale, et pour les Britanniques, qu’elle diminue sa production », a-t-il déclaré.