Sonatrach réfléchit à un nouveau dispositif de sécurité pour ses sites pétroliers et gaziers

Sonatrach réfléchit à un nouveau dispositif de sécurité pour ses sites pétroliers et gaziers

Rédaction Maghreb Emergent, 29 Janvier 2013

Son PDG Abdelhamid Zerguine a indiqué aujourd’hui qu’une évaluation du dispositif de sécurité des sites pétro-gaziers du groupe public algérien, ainsi que de ses infrastructures, était actuellement « en cours ». Une révision de la loi de 1990 régissant la protection de ces sites n’est pas exclue, a-t-il laissé entendre, sans préciser la nature des modifications qui seraient introduites sur ce texte législatif.

Tirant la leçon de la prise d’otages dont le site de Tiguentourine (Amenas) a été récemment le théâtre, Sonatrach réfléchit à un nouveau dispositif de sécurité de ses champs pétroliers et gaziers. C’est ce qu’a annoncé aujourd’hui à la radio nationale Abdelhamid Zerguine, PDG du groupe pétrolier public algérien.

Le patron de Sonatrach a rappelé que la sécurité des infrastructures et des travailleurs du groupe et de ses partenaires étrangers était régie par une « loi datant des années 1990 ». Ce texte autorisé notamment les sociétés de gardiennage privées à prendre en charge la protection des sites pétroliers et gaziers.

Abdelhamid Zerguine n’a pas indiqué, en revanche, de quelle nature seraient les nouvelles mesures qui seront prises pour éviter la réédition du scénario de Tiguentourine. Il s’est contenté de dire que si révision de loi de 1990 il y a, la nouvelle législation sera appliquée « rigoureusement ».

Le PDG du groupe algérien a également annoncé qu’une évaluation du dispositif de sécurité actuel était « en cours » et qu’elle se menait « en collaboration avec les services de sécurité ». Il a précisé qu’en matière de protection des sites pétro-gaziers, Sonatrach était un simple « exécutant » et qu’elle ne ferait qu’appliquer la loi.

Pour rappel, l’attaque du site de Tiguentourine par 32 islamistes armés, le 16 janvier denier, a attiré l’attention sur le nécessaire renforcement de la sécurité des infrastructures pétro-gazières, non seulement en Algérie mais aussi dans d’autres pays. La Tunisie, par exemple, vient de prendre la décision d’affecter des « unités spéciales » à la garde de ses champs pétroliers et gaziers, notamment ceux situés sur la frontière tuniso-algérienne.


Confusion sur l’état du site gazier de Tiguentourine, le patron de Sonatrach se veut rassurant

Aïssa Bouziane, Maghreb Emergent, 29 Janvier 2013

Les retombées de la prise d’otages de Tiguentourine, près d’In Amenas, au cœur du Sahara, continuent d’agiter l’Algérie. Alors que le ministre de l’énergie, M. Youcef Yousfi, avait annoncé dès la fin de la prise d’otages que la production reprendrait « dans les deux jours », le patron de Sonatrach, M. Abdelhamid Zerguine, affirme que le « diagnostic » se poursuit toujours. Il se veut toutefois rassurant, en déclarant qu’aucune installation vitale n’a été touchée.

Le PDG de Sonatrach, M. Abdelhamid Zerguine, a déclaré mardi que le diagnostic se poursuit sur le site de Tiguentourine, près d’In Amenas, où avait eu lieu une prise d’otages à la mi-janvier. M. Zerguine s’est refusé à donner un pronostic sur les délais nécessaires pour la reprise de l’activité du site, mais il a déclaré, au cours d’une émission de radio, que les vérifications opérées jusque-là ont montré qu’aucune installation vitale n’a été touchée.

Il a expliqué ces délais relativement longs par la complexité du site, qui est relié à plus de 90 puits. En outre, trois autres centres gaziers en cours de réalisation, dans lesquels sont impliqués des entreprises étrangères, dont des compagnies japonaises, sont connectés à site de Tiguentourine, ce qui impose des vérifications méthodiques de toutes les installations. Cependant, il a déclaré, « sous toute réserve », qu’aucune installation vitale n’a été endommagée.

Les travaux de réhabilitation proprement dits n’ont pas encore commencé. Jusque-là, les travaux engagés se sont limités à des réparations ne nécessitant pas d’équipements importants, a déclaré M. Zerguine, précisant que le diagnostic requiert des techniques « très élaborées ». Au lendemain de la prise d’otages d’In-Amenas, le ministre de l’Energie, M. Youcef Yousfi, avait déclaré que l’exploitation du site reprendrait « dans les deux jours ». Une certaine confusion règne, depuis, sur les délais nécessaires pour le redémarrage du site.

La prise d’otages de Tiguentourine avait fait 37 morts parmi les otages. Tous les membres du groupe terroriste ont été abattus ou arrêtés. Au moment de la prise d’otages, il y avait 134 travailleurs étrangers et 680 Algériens, selon le PDG de Sonatrach.

M. Zerguine a également assuré que l’Algérie avait une marge de production qui lui a permis de respecter tous les engagements concernant les livraisons de gaz à ses clients. Les contrats prévoient une clause de « force majeure », mais Sonatrach n’a pas eu à recourir à cette clause, car elle a pu compenser le manque de production de Tiguentourine, qui représente 12% de la production algérienne, selon le ministre de l’énergie, M. Youcef Yousfi.

Les bassins miniers de l’Algérie sont « prometteurs »

Le PDG de Sonatrach a également démenti des rumeurs insistantes selon lesquelles des compagnies étrangères auraient résilié des contrats en Algérie. « Aucune entreprise n’a résilié un contrat », a-t-il dit, ajoutant que les entreprises « algériennes et étrangères savent qu’il ne faut pas céder au chantage » des groupes terroristes. « Il n’y a pas de risque zéro (…) Les entreprises internationales disent que la riposte au terrorisme, c’est l’élargissement du partenariat. Nous partageons ce point de vue ».

Il a également indiqué que l’attentat qui a eu lieu lundi dans la région de Bouira n’a eu aucun impact sur les installations de Sonatrach. Trois personnes, en charge de la surveillance d’un gazoduc reliant Hassi R’Mel, au Sahara, au nord du pays, ont été assassinées lundi dans la région de Bouira, à 150 kms au sud-est d’Alger.

D’autre part, M. Zerguine a indiqué que Sonatrach, qui fête cette année son 50ème anniversaire, mise énormément sur les hydrocarbures non conventionnels, affirmant que les réserves pourraient être « de loin » supérieures à celles des hydrocarbures conventionnels. Les réserves conventionnelles de l’Algérie sont « modestes », a-t-il, d’où la nécessité d’intensifier les efforts d’exploration. Celle-ci va notamment s’étendre vers le sud-ouest, le nord du pays et en off-shore. Les bassins miniers de l’Algérie n’ont été explorés qu’à 30%, et ils restent « prometteurs », a-t-il déclaré.

Pour M. Zerguine, le gaz de schiste constitue « un défi ». Dans les trois prochaines décennies, il peut devenir une « priorité », a-t-il dit, affirmant que Sonatrcah a besoin de partenariat pour mener les travaux d’exploration nécessaires. Cela ne signifie pas pour autant que Sonatrach est désarmée. Sur les 31 découvertes réalisées durant l’année 2012, 25 ont été faites par Sonatrach seule, a-t-il indiqué.

Sur le strict plan de la sécurité, M. Zerguine s’est montré très prudent. Sonatrach « n’est qu’un exécutant » dans ce domaine, a-t-il dit, n’excluant pas une révision des procédures, en « concertation avec les services de sécurité ». Si des décisions sont prises, elles seront appliquées « dans toute leur rigueur », a-t-il dit.