Intérêt de Pékin pour l’énergie et les télécoms

UNE DIMENSION ECONOMIQUE POUR LES RELATIONS ALGERO-CHINOISES

Intérêt de Pékin pour l’énergie et les télécoms

El Watan, 3 février 2004

Selon les services de l’ambassade de Chine à Alger, les nouvelles perspectives de coopération sino-algérienne s’orientent d’emblée vers les secteurs de l’énergie et des télécoms. L’itinéraire du périple du président chinois le conduisant en Egypte, au Gabon et en Algérie est un choix qui reflète, selon les observateurs, «les besoins croissants de la Chine en énergie pour alimenter son économie».

En effet, selon un rapport récent de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine est devenue le deuxième consommateur de pétrole brut derrière les Etats-Unis. Ce pays, est-il noté, a utilisé 5,46 millions de barils de brut par jour l’an dernier. L’on souligne ainsi que le dossier énergie constitue une bonne raison pour la visite du président chinois dans les trois pays d’Afrique concernés. Pour sa part, l’Algérie représente, selon les experts, un pays-clé dans la politique énergétique chinoise. En juillet 2003, rappelle-t-on, la China National Petroleum Corp (CNPC) avait investi 350 millions de dollars pour divers contrats en Algérie, et la société chinoise des hydrocarbures Sinopec a signé, en octobre 2002, un contrat de développement du gisement pétrolier de Zarzaitine (Hassi Messaoud) pour un montant global de quelque 525 millions de dollars. Ce projet devra s’achever en 2008. Par ailleurs, l’autre intérêt grandissant de la Chine est à situer dans l’investissement dans les domaines des télécommunications et des nouvelles technologies en Algérie. Cet intérêt a déjà commencé à prendre forme dans la téléphonie mobile. Rappelons que l’opérateur chinois Huawei Technologies avait soumissionné pour le premier appel d’offres lancé par Algérie Télécoms pour l’acquisition d’équipement dans le cadre du projet des 500 000 lignes GSM. Bien que son offre n’ait pas été retenue, le même opérateur manifeste encore un intérêt particulier pour le marché algérien dans lequel il a d’ailleurs réalisé d’importants projets tels que des réseaux de transmission pour Algérie Télécom, Sonelgaz et Sonatrach, un réseau GSM à l’est du pays, ainsi qu’un projet pilote de commutation intégrant les nouveaux services à Alger. Sur un autre registre, notent les services de l’ambassade de Chine à Alger, «les relations de coopération sino-algériennes se développent très vite» au cours de ces quelques dernières années. En 2003, le chiffre d’affaires global du commerce bilatéral a atteint un montant de 745 millions de dollars, marquant une progression de l’ordre de 71,8% par rapport à l’exercice 2002. Les exportations chinoises vers l’Algérie représentent quelque 645,94 millions de dollars, tandis que les importations sont estimées à 99,22 millions de dollars. S’agissant des chantiers de coopération économique mis en œuvre ces dernières années, ils sont principalement concentrés dans les domaines de la construction et de l’habitat. Sur le plan des réalisations, l’on enregistre ainsi l’achèvement de l’hôtel de l’aéroport en 1998, la rénovation de l’unité céramique de Guelma et surtout la réalisation en cours de 55 000 logements dans le cadre de l’AADL à travers 21 wilayas du pays. Aussi faut-il signaler également l’achèvement très prochainement de la construction d’un hôpital à Oran. Du reste, la forte expansion économique de la Chine fait dire aux observateurs avertis que ce pays a «besoin de relations de coopération pour encourager ses entreprises à sortir du pays». Outre les entreprises travaillant sur les projets de coopération, des produits chinois très divers ont envahi les marchés africains, dont l’Algérie. D’après les experts, les produits chinois sont bien adaptés au marché africain et la Chine est ainsi perçue tel un immense atelier à même de fabriquer des produits de base à des prix de revient très bas et d’une qualité satisfaisante.

Par A. Rezouali

————————————————–

Une grande présence dans le secteur des hydrocarbures

Ces deux dernières années, les compagnies pétrolières chinoises ont réussi une véritable percée dans le domaine minier algérien. En quinze mois, soit du mois d’octobre 2002 au mois de décembre 2003, les compagnies chinoises ont pris des engagements pour un investissement d’environ un milliard de dollars.

Le 1er octobre 2002, Sinopec Corporation avait réussi, lors d’une ouverture publique des plis, à décrocher le projet pétrolier de Zarzaïtine. L’investissement pour ce projet sera de 525 millions de dollars, assuré à hauteur de 75 % par la compagnie chinoise et à 25 % par Sonatrach. D’une durée de vingt ans, le contrat signé entre les deux compagnies doit permettre de porter la production du gisement de 28 000 b/j à 50 000 b/j. Sinopec était en compétition avec l’espagnole Repsol. En plus de l’investissement qui sera totalement financé par Sinopec au départ, la compagnie chinoise a payé 41 millions de dollars comme droits d’entrée. Cet intérêt des Chinois pour Zarzaïtine est dû à la hausse importante de leur demande nationale en pétrole brut. La Chine peut devenir un futur gros client de l’Algérie en produits énergétiques. Au mois d’octobre 2003, c’est une autre compagnie chinoise (CNPC) qui décroche le projet de la raffinerie d’Adrar, devant la compagnie américaine Petrofac. Le projet, qui est intégré, se compose de l’amont, avec le développement des gisements de la cuvette de Sbaâ qui totaliseraient environ plus de 600 millions de barils de brut. En aval, CNPC et Sonatrach seront associées pour la réalisation et l’exploitation d’une raffinerie de pétrole brut d’une capacité de 600 000 t par an et dont les produits seront destinés à la consommation dans le Grand Sud. Le développement des gisements de pétrole nécessitera un investissement de 180 millions de dollars tandis que la construction de la raffinerie coûtera 160 millions de dollars. Cette percée chinoise se poursuivra sept mois plus tard. En effet, le 6 décembre 2003, lors de l’ouverture des plis pour le quatrième avis d’appel d’offres pour les projets d’exploration, CNPC décroche deux périmètres. Le premier, situé dans le bassin du Cheliff, recèlerait plusieurs centaines de millions de barils. CNPC était en concurrence avec la compagnie ukrainienne Nafto Gas. Le deuxième périmètre est situé dans le bassin d’Oued Mya, près de Hassi Messaoud. Pour le premier bloc, la compagnie chinoise doit faire un premier investissement de 16,5 millions de dollars, alors que pour le deuxième bloc, l’investissement sera de 15 millions de dollars. En cas de découverte, les deux projets pourraient nécessiter de plus grands investissements. Cette réussite chinoise avait été précédée d’un premier échec. En effet, CNPC avait déjà soumissionné pour deux blocs au mois de juillet 2002 lors du troisième avis d’appel d’offres. La compagnie avait échoué devant le consortium Total/Cepsa et la compagnie Gaz de France. Cette première expérience a été bénéfique puisque les deux blocs décrochés seraient très prometteurs. Avec ces succès, les compagnies chinoises se positionnent actuellement en bonne place dans le domaine minier et peuvent être considérées comme des investisseurs importants.

Par Liès Sahar