Reprise partielle de la production de gaz à In-Amenas dans moins d’un mois

Retour sur le site de la prise d’otages

Reprise partielle de la production de gaz à In-Amenas dans moins d’un mois

In Amenas : Hamid Guemache, TSA, 31 janvier 2013

Deux semaines après la prise d’otages sanglante, la vie reprend son cours sur le site gazier de Tiguentourine, près d’In Amenas. Des travailleurs de Sonatrach s’attèlent à inspecter minutieusement l’usine, à l’arrêt depuis l’attaque terroriste. « Il y a actuellement 120 travailleurs de Sonatrach et de ses différentes filiales à l’œuvre pour remettre l’usine en marche dès que possible », affirme ce jeudi 31 janvier à un groupe de journalistes algériens et étrangers en visite sur les lieux Lotfi Benadouda, directeur général de l’association Sonatrach-BP-Statoil qui exploite le site gazier.
Afin de faire redémarrer l’usine, Sonatrach doit compter uniquement sur ses salariés algériens. Leur mission : inspecter l’installation et rechercher des impacts de balles sur les tuyaux et les citernes risquant d’être fatales en cas de remise sous pression des installations. Un travail de fourmi qui peut prendre encore plusieurs jours.

« L’usine est constituée de trois trains de production. Le premier train n’a pas été touché lors de l’assaut de l’armée et les affrontements avec les preneurs d’otages. Nous travaillons pour le remettre en marche rapidement. Il représente 35 % de la production de l’usine », ajoute M. Benadouda.

Pour le deuxième et le troisième train, le redémarrage risque de prendre plusieurs mois. « Les deux autres trains ont été endommagés, mais c’est la troisième unité qui a subi le plus de dommages », précise Haraoui Aloui Tahar, de Sonatrach. Le troisième train a été sérieusement endommagé par une explosion, survenue la veille de la fin de l’assaut des forces spéciales pour libérer les otages. Les terroristes qui s’y sont refugiés avec des otages ont fait exploser une partie des installations de la troisième unité de production de gaz.

D’importants travaux sont nécessaires pour réparer les dégâts. Et les pertes se chiffrent, chaque jour, en millions de dollars pour Sonatrach et ses partenaires. L’usine d’In Amenas, qui a coûté 2,55 milliards de dollars, représenant plus de 10 % de la production de gaz de l’Algérie, selon Sonatrach.

Des centres d’écoute psychologique pour les rescapés

Sur le site qui s’étend sur plusieurs hectares, le climat est lourd. La prise d’otages sanglante a laissé des stigmates partout et a choqué le monde entier. « La majorité des 120 travailleurs présents chargés de remettre l’usine en marche étaient en congé lors de la prise d’otages. Ceux qui étaient là ont quitté l’usine. Ils sont pris en charge dans centres d’écoute psychologique pour les aider à surmonter l’épreuve. Ils sont sous le choc. Beaucoup pensaient qu’ils n’allaient pas s’en sortir vivants », ajoute-t-il.

L’usine sous haute surveillance militaire

L’usine, partiellement endommagée, est sous haute surveillance militaire. À l’entrée, un tank à pneumatique et des militaires armés de Kalachnikov sont en poste. Ce qui rassure les travailleurs algériens. « En venant ici pour participer à la réparation de l’usine, j’ai laissé ma femme très inquiète », affirme un cadre de Sonatrach. L’attaque perpétrée mercredi 16 janvier contre ce site gazier a obligé les autorités algériennes à renforcer la sécurité de l’usine.L’attaque perpétrée contre ce site gazier a obligé les autorités algériennes à renforcer la sécurité de l’usine, en déployant des militaires et des gendarmes aux alentours. Un signal fort pour les expatriés qui ne sont pas encore revenus depuis la fin de la prise d’otages, samedi 19 janvier, avec la mort de 37 otages étrangers et un agent de sécurité algérien.