Le souci écologique ne dissuade pas l’Algérie de développer les réserves de gaz de schiste

Le souci écologique ne dissuade pas l’Algérie de développer les réserves de gaz de schiste

Oussama Nadjib, Maghreb Emergent, 27 Août 2012

L’Algérie va « sérieusement » vers le développement des réserves de gaz de schiste même si en Europe cette filière qui utilise la technique de la fracturation hydraulique suscite une grande hostilité en raison de son impact écologique. Un conseiller du ministre de l’énergie, a indiqué, sans entrer dans le détail, que cet aspect nécessite une « longue matutation » avec les partenaires de l’Algérie.

Le développement des hydrocarbures non conventionnels, notamment le gaz de schiste, est une option sérieuse pour l’Algérie au delà des contraintes financières et environnementales, a affirmé dimanche Ali Hached, expert en énergie et conseiller du ministre de l’Energie et des mines. « Sonatrach a déjà conclu des accords avec des partenaires étrangers pour développer le potentiel en gaz de schiste et les premiers forages expérimentaux afin d’évaluer ce potentiel sont programmés avant la fin 2012 », a indiqué M. Hached. Interrogé sur les contraintes financières et, surtout, environnementales face au développement de ces ressources alternatives, M. Hached a reconnu que d’importants investissements sont nécessaires pour soutenir l’effort d’exploration et d’exploitation des gaz de schiste. Sur le volet environnemental, il s’est contenté d’affirmer que la question nécessite « une longue maturation » avec les partenaires de l’Algérie. La question de l’impact écologique de l’exploitation du gaz de schiste est néanmoins fondamentale. En Europe, la tendance est à l’interdiction. En France où un moratoire sur l’exploitation du gaz de schiste est en vigueur, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a suscité récemment la polémique en indiquant que la question de l’exploitation des gaz de schiste n’était pas tranchée, et serait évoquée lors de la conférence environnementale prévue à la mi-septembre. « Le 14 septembre va s’ouvrir une conférence gouvernementale et tout sera mis sur la table », et « il faut qu’on mette sur la table les différentes solutions qui pourraient exister et faut-il les utiliser ? », avait-il déclaré. Sauf que les responsables du secteur pétrolier ont, eux-mêmes, signifié qu’il n’existe « pas aujourd’hui d’alternative à la fracturation hydraulique ». Pascal Baylocq, du Groupement des entreprises pétrolières (GEP-AFTP) a souligné à la Tribune qu’il n’existe pas pour les cinq à dix ans à venir, « d’autres techniques disponibles pour produire du gaz de schiste ».

« Il n’existe pas de méthode propre pour récupérer le gaz de schiste »

Le procédé de la fracturation hydraulique, très décrié, consiste à injecter à fortes pressions de grandes quantités d’eau mélangée à 99% de sable et 1% de produits chimiques. Maryse Arditi, pilote du réseau énergie à France nature environnement (FNE) a répété qu’il n’existait pas de méthode propre pour récupérer les gaz de schiste. « Quoi qu’on fasse, il faudra fracturer la roche et y envoyer quelque chose, qui remonte tout ce qu’il y a à 3.000 mètres de profondeur, y compris les minéraux et les métaux lourds. En outre une fracturation crée des failles par lesquelles des eaux impropres à la consommation peuvent remonter vers les nappes phréatiques ». Des aspects écologiques qui ne sont pas dissuasifs pour les responsables algériens. Le ministre de l’Energie et des mines, M. Youcef Yousfi, a estimé les réserves de l’Algérie à 600 trillions de m3 de gaz de schiste qui auraient révélées grâce à des études réalisées en partenariat sur une superficie de 180.000 km² et avec juste un taux de récupération de 20%. Ce chiffre, s’il est confirmé, représente quatre fois les réserves conventionnelles actuelles de l’Algérie, selon M. Yousfi. Sonatrach est en discussion pour la conclusion de partenariats avec groupe anglo-néerlandais Shell et l’américain Exxon Mobil. Le groupe algérien a déjà conclu des accords similaires avec l’Italien Eni et le canadien Talisman.