Forte chute des exportations algériennes, la balance des paiements menacée
Abed Charef, Maghreb Emergent, 8 novembre 2013
Karim Djoudi contredit les déclarations rassurantes du ministère de l’énergie, Youcef Yousfi. Les exportations d’hydrocarbures sont en forte baisse.
Le ministre algérien des finances, M. Karim Doudji, a admis, mercredi, une forte chute des exportations algériennes d’hydrocarbures durant le premier semestre 2013, mais a contesté que cela puisse déboucher sur un déficit de la balance commerciale ou de la balance des paiements. Selon M. Djoudi, la baisse a atteint 12%. En volume, les exportations ont baissé de dix pour cent, ce qui a été aggravé par une baisse des prix de deux pour cent. M. Djoudi s’est toutefois montré rassurant quant au bilan du commerce extérieur pour l’année en cours. Il a en effet déclaré que « la balance commerciales sera moins excédentaire » qu’en 2012, alors que la balance des paiements devrait être « légèrement excédentaire ».
L’optimisme de M. Karim Djoudi concernant la balance des paiements semble cependant peu justifié, notamment au regard des chiffres avancés par les officiels. En effet, si la tendance enregistrée au premier semestre 2013 se confirme durant le second semestre, les exportations, en baisse de 12%, devraient se situer au-dessous de 65 milliards de dollars, alors qu’elles avaient dépassé 70 milliards en 2012. A l’inverse, les importations, en hausse de 14%, devraient, selon le directeur général des douanes, Mohamed Abdou Bouderbala, frôler les 57 milliards de dollars, contre 50.36 milliards de dollars milliards en 2012. A ces importations, s’ajouteraient les transferts des compagnies étrangères, notamment celles opérant précisément dans le domaine des hydrocarbures. Dans ce cas de figure, la balance commerciale elle-même pourrait être menacée, pas seulement la balance des paiements.
L’effet Tiguentourine
D’autre part, les déclarations de M. Djoudi contrastent avec le discours officiel sur la capacité de l’Algérie à maintenir ses exportations d’hydrocarbures à un niveau élevé, et sur son aptitude à compenser le manque à gagner résultant de l’arrêt du site gazier de Tiguenrourine, depuis l’attaque terroriste du 16 janvier 2013. Tiguentourine, près d’In Amenas, assurait 12% de la production algérienne de gaz naturel, et 18% des exportations. Le ministère de l’énergie avait assuré, au lendemain de l’attaque, que l’Algérie allait compenser le manque de production par une montée en cadence d’autres sites, qui avaient une marge de production suffisante pour permettre à Sonatrach d’honorer tous ses contrats de livraison à ses partenaires étrangers. Sonatrach a toujours utilisé la garantie de livraison comme argument de choix dans les négociations sur le gaz. M. Djoudi n’a pas précisé si cette baisse des exportations en volume est le résultat d’une baisse de la production, d’une hausse de la consommation interne, ou d’une perte de parts de marché.