Les familles des victimes du terrorisme se rassemblent devant l’APN

Après une longue période de léthargie

Les familles des victimes du terrorisme se rassemblent devant l’APN

Par Nabila K., Le Jeune Indépendant, 4 mars 2002

Alors que les familles victimes du terrorisme voulaient à tout prix rencontrer le chef du gouvernement pour lui remettre leur plate-forme de revendications, M. Ali Benflis s’en est remis au président de l’APN, M. Abdelkader Bensalah, lui confiant la mission de prendre le dossier en charge.

Plusieurs centaines de personnes des familles des victimes du terrorisme se sont rassemblé hier, vers neuf heures du matin devant le siège de l’Assemblée populaire nationale (APN) afin d’accoster le chef du gouvernement, M. Ali Benflis, qui était présent à l’ouverture de la session de printemps de l’institution législative. A la question de savoir si M. Benflis allait recevoir une délégation de ces manifestants, le chef du gouvernement nous a clairement signifié que sa présence à l’hémicycle avait un seul but : assister à l’ouverture solennelle de la session. En d’autres termes, le premier responsable du gouvernement n’avait aucune intention de changer son programme. Est-ce que M. Benflis fera exception et acceptera tout de même de consacrer quelques instants à ces familles pour recevoir la plate-forme ? A cette question, M. Benflis se contentera d’un «sans commentaire».

Cependant, une délégation dirigée par la présidente de l’ONVT, Mme Flici, a été conviée, vers 13h30, par deux vice-présidents de l’APN et le président de la Commission des affaires sociales. Après avoir reçu la plate-forme de revendications, les représentants de l’APN ont promis à Mme Flici de transmettre leurs doléances avec une lettre d’accompagnement de l’Assemblée au chef du gouvernement. Toutefois, le mouvement de protestation des familles victimes du terrorisme aurait pu prendre fin vers 12h, si Mme Flici avait accepté dès le début de rencontrer le groupe de travail. Ce dernier, qui a été chargé par M. Bensalah de recevoir la délégation, s’est vu décliner l’invitation par la présidente de l’ONVT qui a insisté pour remettre la plate-forme à M. Benflis, et à personne d’autre. Le document de l’ONVT est composé de 10 points. Il s’agit de la reconnaissance de la qualité de chouhada de l’Algérie, de la reconnaissance de la qualité de victime du terrorisme et la promulgation d’un statut particulier pour les Patriotes, les groupes de légitime défense et les groupes d’autodéfense. Les élections en toile de fond

Après s’être éclipsé pendant quelque temps, Mme Flici a «renoué», hier, avec la rue. Selon son entourage immédiat, cette disparition est due aux événements de la kabylie qui ont «bloqué toutes nos actions». «Aujourd’hui que les arouch ont cessé de marcher, nous réinvestissons le terrain», nous dira un membre du bureau de l’ONVT. Les manifestants, qui ont bouclé tout le boulevard pendant près de huit heures, ont essayé d’entrer au sein du palais Zirout -Youcef. Une tentative qui aurait pu se produire, si ce n’est l’intervention des forces de sécurité.

La force et la puissance des contestataires ont obligé certains policiers d’utiliser leurs bâtons; blessant ainsi certaines femmes. Peinées de ne pas rencontrer M. Benflis, les familles présentes sur place ont tiré à boulets rouges sur toute personne appartenant aux corps officiels, y compris les députés qui «ne savent que lever ou baisser la main», dira une vieille femme qui a perdu ses deux fils policiers. Force aussi est de constater que Mme Flici n’a pas réuni que ses partisans. Plusieurs familles des victimes du terrorisme qui étaient présentes au sit-in comptaient parmi ses adversaires. Elles étaient là pour persuader d’autres personnes à ne pas «croire Mme Flici». Elles nous ont expliqué que sa sortie d’aujourd’hui n’est un secret pour personne. «Elle veut être députée du RND.» N. K.