À qui de droit

À qui de droit

Dans l’intervalle des évenements qui se sont déroulés à Tizi-Ouzou l’été dernier, nous avons décidé de rédiger cette lettre et de l’envoyer aux principaux quotidiens du pays afin de dénoncer les propos tenus par le président Bouteflika sur la question amazigh. Rappelons brièvement que le président de la république avait déclaré que la question du statut de la langue berbère ne serait en cas officialisé. Il ajoutera, à notre grand désarroi, que la seule solution envisageable passerait par un référendum national. Consternés par cette déclaration, nous avions donc décidé de rédiger cette lettre laquelle a été envoyée à la plupart des quotidiens nationaux: La Tribune, Le Matin et El Watan. Malheureusement aucun d’entre eux n’a jugé utile de la publier. là-voici donc intégralement.

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Monsieur le président, C’est avec une grande déception que nous avons pris connaisance de votre déclaration sur Tamazight à Tizi-Ouzou. Ayant suivi, avec intérêt, vos dires et actes depuis votre accession à la tête de l’État algérien, nous avions fondé beaucoup d’espoir quant à la résolution progressive des grandes et petites question qui rongent notre société. Malheureusement, votre vision réconciliatrice s’arrête aux portes de la revendication amazigh, et vous venez de confirmer, avec inélégance, l’étroitesse d’esprit du régime algérien depuis l’indépendance. Le pire est que vous ne reniez plus l’amazighité mais vous préconisez un référendum qui décidera du caractère national et officiel de la langue de Yougourthen sur sa propre terre. Monsieur le président, l’idée même de soumettre cette question à référendum est porteuse d’un danger mortel pour la nation algérienne, et nous ne pensons pas qu’un combattant de 1954 puisse vouloir achever l’oeuvre destructrice des différents envahisseurs. Ne tenant pas à vous faire l’offense de vous assimiler aux ignares qui ont causé le malheur de notre Algérie, nous espérons vous voir écarter ce néfaste projet et aller avec les hommes de bonne volonté, autres que ces opportunistes qui qualifient de révolutionnaire une option suicidaire, vers une solution sérieuse qui redonnera sa légitime place à la langue des ancètres et renforcera la fraternité des enfants de la nation de Abane et Ben Mhidi. Veuillez agréer, monsieur le président, nos sincères salutations. Boualem Aourane et Mouloud Idir ( ressortissants algériens établis au Canada). Vive l’Algérie algérienne!

 

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