Mise en place des structures officielles sur les cas des disparus

Mise en place de structures officielles sur les cas des « disparus »

ALGER, 30 août (AFP) – Le ministère algérien de l’Intérieur a annoncé dimanche la mise en place dans tous les départements de structures chargés de s’occuper de la question des « disparus ».

Il s’agit de « bureaux d’accueil » destinés à recevoir « les personnes qui demandent des éclaircissements sur leurs parents déclarés disparus », selon un communiqué.

Les personnes concernées sont invitées à se présenter pour « exposer leurs doléances » et déposer « tous les dossiers et documents pouvant permettre aux pouvoirs publics de les aider dans la recherche de leurs proches », ajoute le texte.

Il s’agit de la première réponse officielle à ce problème qui empoisonnait les relations entre les organisations de défense des droits de l’Homme et le gouvernement algérien qui n’en reconnaissait pas l’existence.

Circonscrite pendant longtemps aux milieux de la presse et des avocats, la question a surgi sur la scène publique il y a quelques mois, lorsqu’une députée, Mme Louiza Hanoun, porte-parole du parti des Travailleurs (PT-trotskyste,) a interpellé le ministre de l’Intérieur à ce sujet, au cours d’un débat retransmis en direct par la téélvision.

Le ministre avait alors demandé à la députée de présenter des dossiers à l’appui de ses accusations. Depuis, des familles ont commencé à se manifester.

Cette question a également été soulevée par la mission d’information de l’ONU, conduite par l’ancien président portugais Mario Soarès, lors de son séjour à Alger de 22 juillet au 4 août. La mission avait reçu par un avocat 600 dossiers concernant des disparus.

Elle a été aussi abordée le 31 juillet dans le rapport du Comité des Droits de l’ONU qui a souhaité la création d’un registre central pour enregistrer tous les cas signalés et les démarches effectuées.

Depuis, les familles ont entrepris de manifester toutes les semaines devant le siège de l’Observatoire national des Droits de l’Homme (ONDH-officiel) et tentent de s’organiser en association. Un bureau provisoire installé au siège du PT collecte les dossiers.

Le 17 août, une délégation a été reçue à la Présidence de la république qui a promis que le dossier serait pris en charge par le ministère de l’Intérieur.

« C’est une reconnaissance de notre cause », s’est réjoui le reponsable du bureau provisoire contacté par l’AFP. Il a indiqué que 738 dossiers ont été déjà déposés au ministère de l’Intérieur.

Aucune indication n’est disponible sur le nombre précis des disparus, des avocats parlant de milliers de cas.

Selon l’ONDH, 567 cas ont été enregistrés en 1995, 988 autres en 1995 et 706 en 1997, dont 514 ont pu être élucidées.

Pour le Président de cet organisme, Kamel Rezzag-Bara, la question est complexe et invoque plusieurs catégories de disparus: ceux qui ont rejoint les groupes armés islamistes, sans que leurs familles veuillent reconnaitre cette situation, ceux qui ont été enlevés par ces groupes et même ceux qui ont quitté clandestinement le pays sans en aviser leurs proches.

aos/pyj t

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