Solidarité : Le sit-in des handicapés empêché

Solidarité : Le sit-in des handicapés empêché

El Watan, 15 mars 2015

Des personnes à capacité physique réduite ont été molestées et violentées, hier à Alger. A l’occasion de la Journée nationale des personnes en situation de handicap, plusieurs citoyens ont essayé d’organiser un sit-in devant le ministère de la Solidarité nationale.

La police n’a pas toléré l’initiative. Programmé à 10h, le regroupement a été avorté. La police a empêché les citoyens en situation de handicap d’observer le rassemblement devant le département de tutelle, à Birkhadem. Selon Djamel Adlène, l’un des participants et à la tête d’une association, «l’objectif du sit-in est d’interpeller le ministère sur le non-respect des lois et textes.

Nous revendiquons nos droits, qui sont quotidiennement bafoués. Nous vivons dans des conditions précaires, difficiles. Mais si la loi est appliquée, la situation pourrait au moins s’améliorer. Nous sommes victimes de la marginalisation et du mépris.» Il ajoute : «La police a été violente. Elle a avorté le sit-in par la force. Et pour quelques citoyens venus exprimer leur désarroi, un important dispositif sécuritaire a été déployé.»
M. B.


Des policiers les ont embarqués de force : Des non-voyants malmenés

Des jeunes non-voyants ont été empêchés de tenir un rassemblement, mercredi dernier, devant le ministère de la Solidarité nationale. Des policiers les ont emmenés au commissariat de Birkhadem avant de les conduire à la gare du Caroubier.

«Les policiers sont venus avec deux Vito pour embarquer cinq personnes. Ils ont manqué de tact à notre égard quand ils ont jugé qu’il fallait nous ’jeter’ à la gare. Qu’ils nous disent si les banderoles qu’on a accrochées portent atteinte à l’honneur des hauts responsables. Les policiers nous ont traités comme de vulgaires malfrats. Pourtant, ces mêmes policiers nous ont dit qu’il était de notre droit d’organiser ce rassemblement», selon Boubaker Belmadani, jeune non-voyant venu de Aïn Témouchent.

Diplomés au chomage :

Les jeunes protestataires, originaires de plusieurs wilayas (Mascara, Aïn Témouchent, Mostaganem, Oran, Aïn Defla), sont diplômés en psychologie, sociologie et autres. Ils s’étaient rassemblés en début de semaine dernière devant le ministère de la Solidarité pour réclamer un emploi «permanent et décent». «Nous avons été reçus lundi dernier par la directrice du personnel et par le président de la commission d’insertion professionnelle des handicapés, M. Nabaoui. Ils nous ont signifié qu’il ne fallait pas s’attendre à grand-chose en maintenant notre rassemblement. Ils nous ont dit aussi qu’il fallait attendre l’ouverture de postes budgétaires, en juillet», précise Belmadani. Les jeunes non-voyants sont revenus à la charge avec les mêmes banderoles, deux jours durant, mais personne n’a voulu les recevoir.

Instruction jamais appliquée

La ministre de la Solidarité, Mounia Meslem, qu’ils voulaient rencontrer, était absente. «La ministre, que nous voulions rencontrer, était en déplacement aux Etats-Unis et la réaction ferme de la police, mercredi, avait pour but d’empêcher la ministre, revenue au pays mardi, de nous recevoir», croit savoir Derbala Mokhtar, jeune universitaire, inscrit en psychologie et chômeur depuis deux ans.

Le groupe de jeunes s’est déplacé au ministère pour réclamer l’application de la réglementation qui réserve aux handicapés des postes lors des concours de recrutement de la Fonction publique. «L’accord passé entre le ministère et la Fonction publique réservait 112 postes aux non-voyants, mais il s’avère que le jour J nous avons concouru avec des candidats sans handicap.

La directive cosignée par les services du ministère de tutelle et de la Fonction publique leur permet d’avoir des postes d’administrateurs. Nous voulions que le ministère applique ses propres décisions, sans plus», relève Belmadani. Agés de 25 à 30 ans, les diplômés non-voyants souhaitent une intervention de la ministre pour faciliter leur insertion dans le monde du travail. «Les directions de la Fonction publique disent qu’elles n’ont pas reçu cette instruction. La ministre doit savoir ce qui se passe. Elle doit prendre en charge ce problème et faire appliquer ces mesures», estiment-ils.
Nadir Iddir