Les violations des libertés se multiplient

Situation des droits de l’homme en Algérie

Les violations des libertés se multiplient

El Watan, 7 mars 2018

La situation de droits de l’homme n’a pas évolué. Les rapports des ONG internationales, même s’ils suscitent une levée de boucliers de la part des autorités, reflètent une grande part de vérité.

Mise sous scellés des sièges d’association, interdiction de marches et de réunions, restrictions sur les libertés de circulation des personnes, blocage des documents de voyage… Quatre ans après la dissolution du puissant DRS, suivie de promesses d’aller vers un «Etat civil» respectueux des libertés individuelles et collectives, les Algériens n’ont eu droit qu’à des pressions supplémentaires.

La situation de droits de l’homme n’a pas évolué. Pis, le pays enregistre un recul dans ce domaine, comme l’affirment les défenseurs des droits de l’homme. Les rapports des ONG internationales, même s’ils suscitent une levée de boucliers de la part des autorités, reflètent une grande part de vérité. Ils confirment que l’Algérie a beaucoup d’efforts à fournir dans ce domaine, surtout en matière de respect de ses propres lois.

Les exemples de violation des libertés sont multiples. Plusieurs cas ont été enregistrés ces derniers mois. Le plus édifiant est le maintien de l’interdiction des marches et des manifestations dans les lieux publics. En effet, depuis le début de l’année en cours, plusieurs marches ont été empêchées, parfois de manière violente, à Alger. Les services de sécurité sont, systématiquement, mobilisés pour bloquer l’accès des manifestants à la capitale.

Le mouvement associatif vit, lui aussi, une situation chaotique. En plus des contraintes imposées par la loi de 2012, les associations se plaignent des pressions administratives qui les empêchent, selon leurs responsables, d’activer librement. Plusieurs organisations se sont vues refuser les récépissés d’enregistrement par le ministère de l’Intérieur. Ce dernier est accusé aussi de verrouiller le champ politique, en interdisant l’agrément de plusieurs partis politiques, dont l’UDS de Karim Tabbou.

Aucun nouveau parti n’a été agréé depuis près de cinq ans. Les services du ministère de l’Intérieur, selon les témoignages des différents acteurs politiques, ne répondent même plus aux sollicitations des responsables des formations en quête d’autorisations pour organiser leurs congrès constitutifs. Récemment encore, des centaines de citoyens se sont plaints de blocage, sans aucun motif valable, de leurs passeports biométriques. Selon eux, les services de l’administration (APC, daïra et DRAG) étaient incapables de leur fournir des explications.

Ils se sont alors retrouvés dans la situation de «ni refus ni acceptation» d’établissement de ce document de voyage qui est un droit à tout citoyen algérien. A cela s’ajoutent les interdictions de sortie du territoire imposées à certains citoyens, sans aucune décision de justice. C’est le cas de l’activiste Tahar Belabbas qui a été refoulé à trois reprises de l’aéroport d’Alger, l’empêchant ainsi de voyager.

Les autorités algériennes ne sont pas aussi des championnes en matière de respect des libertés religieuses. Après le cas des ahmadis arrêtés et poursuivis en justice durant l’année 2017, les chrétiens crient, eux aussi, au scandale suite à la fermeture de deux églises à Oran, qui sont affiliées à l’Eglise protestante d’Algérie (EPA).

Madjid Makedhi