Trois militants des droits de l’Homme et un syndicaliste devant la justice mardi

Poursuivis pour incitation à attroupement

Trois militants des droits de l’Homme et un syndicaliste devant la justice mardi

Hadjer Guenanfa, TSA, 23 septembre 2012

Trois militants des droits de l’Homme et un syndicaliste comparaîtront, mardi 25 septembre, devant le tribunal de Bab El Oued, à Alger, pour « incitation à attroupement non armé », a-t-on appris, ce dimanche 23 septembre auprès du Mouvement des jeunes indépendants pour le changement (Mjic).
Abdou Bendjoudi, membre de ce collectif, Yacine Zaïd, de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (Laddh), Othmane Aouameur, du Réseau pour la défense des libertés et de la dignité et Lakhdar Bouzini, du Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap) risquent entre six mois et un an de prison, selon un avocat.

Arrêtés en avril dernier lors d’un rassemblement de soutien au militant des droits de l’Homme Abdelkader Kherba – qui était alors en détention et en grève de la faim –, ils ont été convoqués en juin pour un procès. « Il y avait à l’époque les observateurs européens des élections législatives. Je les ai appelés dès qu’ils nous ont arrêtés. Ils ont envoyé une délégation au commissariat. Cela a dû certainement agacer les autorités », pense Abdou Bendjoudi. « On a été convoqués le 19 juin et entendus pendant trois minutes seulement avant que le procès ne soit reporté au 25 septembre », précise-t-il.

Abdou Bendjoudi et ses camarades comptent sur la mobilisation citoyenne. « Quand on est dans un État de non-droit, tout est possible. Ils peuvent céder à la pression parce qu’il y a une merveilleuse mobilisation nationale et internationale ; et ils peuvent aussi nous mettre en prison », estime-t-il. Un sit-in a été organisé samedi à Tunis et un autre sera tenu demain à Paris pour les soutenir, selon lui. Une pétition circule actuellement sur Internet pour le droit de manifester en Algérie. Plus d’une centaine de personnes l’ont déjà signée.


Plusieurs procès en cours contre des manifestants

Les quatre militants ne sont pas les seuls à être poursuivis en justice après l’organisation d’une manifestation. « Aujourd’hui, il y a eu le procès de seize citoyens à Tiaret qui ont organisé un sit-in devant la wilaya, en juin, pour demander entre autres du travail, affirme Me Amine Sidhoum, du Réseau des avocats pour la défense des droits de l’Homme. Ils sont poursuivis pour attroupement armé car ils avaient entre les mains des bouteilles d’essence ». Demain lundi, deux membres du Comité des concierges comparaîtront devant la Cour d’Alger pour attroupement et agression d’agent de sécurité après avoir participé à une action de protestation devant le ministère de l’Habitat, selon lui. Le 26 juin, 37 personnes comparaîtront devant le tribunal de Hussein Dey (Alger) pour attroupement après être sortis en compagnie du numéro deux de l’ex-FIS, Ali Belhadj, pour protester contre les résultats des élections législatives.

« Décalage entre le discours officiel et la réalité »

Dans une conférence de presse animée conjointement avec le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme, Navanethem Pillay, Mourad Medelci avait souligné les efforts consentis par l’Algérie en matière des droits de l’Homme. « Mais entre le discours officiel et la réalité, il y a toujours un décalage », indique à TSA Me Noureddine Benissad, président de la Laddh.

Mme Pillay avait fait part, à l’issue de sa visite, de son inquiétude quant aux obstacles rencontrés par les organisations de la société civile en Algérie après avoir rencontré des représentants d’associations algériennes. « Les droits à la liberté d’association et à la liberté de réunion […] sont une source d’inquiétude », avait-elle signalé (lire).