Manifestation pour la libération du maire de Zéralda

En prison depuis le 6 juillet

Manifestation pour la libération du maire de Zéralda

El Watan, 31 juillet 2011

Une centaine de personnes se sont rassemblées hier devant la mairie de Zéralda, à l’ouest d’Alger, pour réclamer la libération du président de l’APC, Mouhib Khatir, qui a été mis sous mandat de dépôt le 6 juillet.

Une arrestation «injuste», selon les protestataires. En plus des habitants anonymes de la commune, quelques employés de l’APC ont pris également part à cette démonstration de rue qui a été fortement quadrillée par les éléments des services de sécurité. L’épouse du mis en cause, Mme Khatir Sabrina, et son fils Rayane (13 ans) étaient au premier rang de la manifestation. Ils tenaient tous deux une banderole où l’on pouvait lire : «Libérez Mouhib Khatir». Derrière le flux humain, un haut-parleur scandait tout au long du rassemblement des slogans revendicatifs : «Le peuple veut un Etat de droit», «Les mafieux libres, les gens intègres en prison», pouvait-on discerner dans le brouhaha de la mêlée.

Les policiers, présents en nombre sur les lieux, ont empêché les manifestants d’organiser une marche dans les artères de la ville. Les esprits se sont alors échauffés. L’affrontement entre forces de l’ordre et citoyens frondeurs semblait inévitable. L’impressionnant dispositif sécuritaire s’est brusquement allégé ; un officier de police a tenté de négocier avec les manifestants, en vain. Les contestataires étaient décidés à battre le pavé quoi qu’il leur en coûte. Au bout du compte, c’est Mme Khatir qui se frayera un chemin entre les éléments des services de sécurité, rejointe par son fils Rayane. Ils ont arpenté, seuls, la rue principale, les policiers ayant fini par accepter le fait accompli. Une image symbolique et bouleversante à la fois. L’épouse et le fils criaient à l’unisson : «Libérez Mouhib».

«Mon mari a déposé 22 plaintes sans qu’une seule ne soit déclenchée», a-t-elle lancé en direction des journalistes. Elle s’arrêtait de temps à autre pour crier sa colère : «L’arrestation de mon mari s’est faite de manière illégale, il se trouvait à quelques mètres de chez lui et à quelques encablures du barrage fixe de la DGSN. Une voiture banalisée s’est arrêtée et deux policiers en civil en sont descendus. C’est alors qu’il a été arrêté.»
Regroupés dans une cour adjacente au siège de l’APC, les manifestants, qui ne pouvaient pas participer à la marche, ont marqué leur présence par des slogans hostiles ; quelques-uns diront : «Le président d’APC n’a fait que son devoir de premier magistrat de la commune. En contrepartie, on l’arrête pour des affaires banales.»

Et à d’autres d’ajouter : «Le fait de s’attaquer aux gros bonnets lui a coûté sa réputation et celle de sa famille.» Les manifestants se sont par la suite dispersés dans le calme en se donnant rendez-vous pour le surlendemain.

Saci Kheireddine