Des ONG dénoncent et l’UE prévoit une aide financière pour les pays du Maghreb

Après le drame des clandestins africains aux frontières espagnoles

Des ONG dénoncent et l’UE prévoit une aide financière pour les pays du Maghreb

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 13 octobre 2005

Des organisations de défense des droits de l’homme ont dénoncé le traitement brutal infligé aux immigrants clandestins subsahariens à la frontière des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla, notamment leur expulsion vers le désert, alors que la Commission européenne prévoit une aide financière au profit des pays du Maghreb pour faire face à la montée du flux migratoire a partir de son flanc sud.

«La manière expéditive avec laquelle ont été traités les cas des immigrants clandestins aux frontières espagnoles est condamnable», a déclaré, avant-hier, Sherif Elfayed-Ali, spécialiste des questions d’immigration au sein de l’organisation Amnesty International basée à Londres.

«Ce qui importe c’est que ces immigrants ou demandeurs d’asile ont des droits et le plus élémentaire de ces droits est le droit à la vie», a-t-il dit en référence à la violente répression subie par les immigrants lors de l’assaut mené par environ 600 immigrants contre les barrières frontalières entre le Maroc et Ceuta et à Mellila, la semaine dernière, qui a fait au moins six morts et des dizaines de blessés suite à des tirs de garde-côtes des frontières espagnole et marocaine.

Certains ont réussi à passer, mais la plupart des autres immigrants ont été arrêtés et d’autres ont été refoulés ; certains sont morts dans les opérations et d’autres encore ont été abandonnés aux confins désertiques du Maroc. «C’est aussi la faute des Espagnols, a-t-il souligné, qui ont annoncé tambour battant une opération de régularisation de quelque 800 000 sang-papiers, ce qui a attisé les convoitises de candidats à l’immigration, la majorité vivant dans leurs pays respectifs des situations désastreuses.» De nombreuses associations de défense des droits des immigrants et la Croix-Rouge espagnole avaient déjà dénoncé par le passé les conditions de séjour des immigrants clandestins parqués dans des centres de regroupement à Ceuta et Melilla.

Des immigrants algériens avaient l’an dernier entamé une grève de la faim dans le centre de Melilla, réclamant une régularisation de leur situation et leur transfert vers la péninsule Ibérique. L’Espagne, autrefois un pays pourvoyeur en immigrants, est devenue un importateur de masses de main-d’œuvre souvent bon marché.

Elle est dès lors aussi perçue, estiment des analystes, comme la porte par laquelle accèdent les immigrants clandestins algériens, marocains et subsahariens vers le reste de l’Europe. Accusée d’avoir échoué dans sa démarche de lutte contre les causes de l’immigration, notamment la famine et les guerres, la Commission européenne a plaidé hier pour des mesures de solidarité entre les pays affectés par ce phénomène, notamment ceux du Maghreb qui servent de territoires de transit des immigrants vers l’Europe.

«Il est impératif d’engager une action de solidarité qui impliquerait les 25 Etats membres de l’Union car les frontières de l’Europe s’étendent jusqu’à Ceuta et Melilla», a indiqué le porte-parole de la commission Friso Roscam-Abbing.

Des actions sont à prévoir, notamment des aides financières dont le montant n’as pas été précisé par M. Roscam-Abbing et auxquelles seront associés des pays du Maghreb, qui constituent les principaux points de passage des immigrants subsahariens.

Selon des estimations, quelque 10 000 immigrants clandestins attendent en Algérie, au Maroc et en Libye l’occasion de franchir les frontières vers l’Europe. L’Algérie avait appelé à une action collective et résolue pour faire face à ce problème notamment dans le cadre du dialogue des 5+5 qui regroupe les pays du Maghreb, la France, l’Espagne, le Portugal, Malte et l’Italie.

Plaidant pour une implication des pays de la rive nord dans le développement économique des pays de la rive sud, l’Algérie s’est déclarée hostile aux actions ponctuelles de police. L’Algérie milite pour l’instauration d’une coopération internationale efficace pour dégager des solutions satisfaisantes aussi bien pour les pays d’origine et les pays de transit que pour les pays d’accueil.

Z. M.