Alger répond à la condition posée par Londres pour la conclusion d’un accord judiciaire

Alger répond à la condition posée par Londres pour la conclusion d’un accord judiciaire

Nous ne cherchons pas à récupérer vos «indésirables»

par Youcef Brahimi, Le Jeune Indépendant, 12 mars 2006

L’Algérie refuse la condition posée par les autorités britanniques d’imposer la présence de leurs magistrats pour superviser les procédures judiciaires lors de la réception des expulsés de nationalité algérienne de Grande-Bretagne. L’Algérie n’accepte pas que la situation des expulsés soit vérifiée par un magistrat étranger, a indiqué Rabah Toubal, responsable de la presse à l’ambassade d’Algérie à Londres, avant-hier, à la chaîne de télévision Channel Four.

Cette condition a été présentée par les Britanniques à la dernière étape d’une longue négociation, a-t-il dit. «Nous étions très proches (d’un accord). Lorsque nos représentants sont venus ici en novembre dernier, ils étaient convaincus qu’ils allaient signer.

Mais ils ont été surpris par ces garanties. Quelles garanties ? Nous n’en avions jamais parlé», a-t-il dit. «Lorsque vous acceptez qu’un magistrat étranger vienne surveiller votre propre juge, cela veut dire que vous le placez au-dessus de votre propre justice et cela est réellement inacceptable», a-t-il ajouté, précisant que sans cette condition, un accord pourrait être signé.

«En Algérie nous avons notre Constitution, nos lois, notre justice. Nous avons nos médias et notre société civile. Nous avons signé les conventions internationales sur les droits de l’homme», a-t-il dit. «S’ils ne nous font pas confiance, qu’ils les gardent.

Nous n’avons jamais demandé à avoir ces gens. Nous n’avons jamais demandé à ce que ces gens reviennent en Algérie. Ce sont les Britanniques qui pensent qu’ils constituent un risque pour votre sécurité et ils devraient les extrader», a-t-il dit.

Dix-sept Algériens suspectés de terrorisme sont actuellement en détention, sans jugement ou sous contrôle judiciaire en Grande-Bretagne en attente d’expulsion. Le refus d’Alger d’accepter les conditions de dernière minute bloque leur expulsion, d’autant qu’à Alger ils ne sont pas recherchés.

Après les attentats de juillet à Londres, la Grande-Bretagne a annoncé son intention de signer des accords avec des pays étrangers pour y expulser des suspects pour terrorisme, tout en obtenant des garanties que leurs droits fondamentaux seraient respectés.

La Grande-Bretagne, qui a accueilli dans les années 1980 et 1990 des islamistes parfois recherchés à l’étranger et leur a parfois accordé l’asile politique, cherche depuis quelques années à les neutraliser, voire à les renvoyer dans leurs pays d’origine.

Y. B.