Mouvement pour la justice: « Libérez nos enfants»

FAMILLES DES DÉTENUS DU MOUVEMENT POUR LA JUSTICE EN CAMPAGNE

« Libérez nos enfants»

L’Expression, 09 septembre 2004

Les quatorze wilayas du Sud exigent plus de justice sociale.

Les familles des détenus du Mouvement du Sud pour la justice ont rendu public un communiqué d’une extrême virulence dans lequel elles dénoncent le maintien injustifié de dix activistes du Mouvement et demandent la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus emprisonnés dans le cadre de leurs activités de revendication. Pour les familles des détenus, les accusations portées contre les jeunes du Sud sont des paravents «pour casser un mouvement qui commençait à prendre de l’ampleur». Les pressions qui se poursuivent ainsi que les tentations dont ils font l’objet sont la meilleure preuve qu’il existe une volonté d’en finir avec le Mouvement. Les familles des détenus citent le cas d’un certain Zidouri Abdelhalim, un proche du wali d’El Bayadh, qui aurait été chargé de leur faire des propositions alléchantes, en contrepartie de quoi, ils s’engageraient à signer un document notarié dans lequel ils confirmeraient qu’ils ne poursuivront, dorénavant, plus aucune activité politique, sociale ou autre.
« Nous sommes un mouvement autonome, pacifique, dont les principales revendications sont la justice, l’égalité et la démocratie dans le Sud, cette région ignorée et en marge du développement. Aussi, nous lutterons de toutes nos forces afin d’aider les démunis et les victimes des injustices, comme nous continuerons à dénoncer la corruption et les disparités qui rongent le Sud et interdisent toute chance de progrès et de développement. Nous frapperons à toutes les portes jusqu’à ce qu’une porte de justice s’ouvre car les zones d’iniquité sont encore assez grandes», s’indignent les familles des détenus, qui pensent qu’«aucune réconciliation nationale n’est possible sans l’adhésion de tous et aucune paix durable n’est envisageable sans une justice pour tous.» Le Mouvement, indique un membre, organisera bientôt une réunion à laquelle assisteront les principaux leaders. Pour rappel, dix membres du Mouvement sont en prison depuis plusieurs mois, dont Hafnaoui Ghoul de Djelfa, deux membres de la section de Labiod Sidi Cheikh et sept autres de Ouargla, tous embarqués après une réunion tenue aux fins d’organiser un sit-in. La justice les avait accusés, alors, de mettre en circulation des documents subversifs et d’avoir constitué une association de malfaiteurs. Pour dernier recours, les familles des détenus comptent demander audience au président de la République pour demander la libération de leurs enfants et exiger que cessent les pressions que font porter sur elles les autorités locales.
Dur, dur pour le Mouvement d’activer, «hors normes», dans une époque marquée par les procès et les restrictions des libertés fondamentales. Le Grand Sud tranquille, label du tourisme algérien pendant de longues années, semble faire sa mue dans le déchirement.

Fayçal OUKACI