Renouvellement de la direction de la LADH

Renouvellement de la direction de la LADH

Boudjemaâ Ghechir passe le témoin

El Watan, 11 janvier 2014

Les militants de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH) sont, depuis hier, en conclave à Sétif où ils devront élire une nouvelle direction.

Le président sortant, maître Boudjemaâ Ghechir, ne compte pas briguer un nouveau mandat. Avant de passer aux urnes pour désigner, aujourd’hui, la nouvelle direction de la ligue, répartis dans trois commissions, les délégués des wilayas participantes se sont essentiellement penchés sur le statut fondamental de la ligue et le communiqué final. La décision de maître Boudjemaâ Ghechir, qui consiste à renouer avec le statut de simple militant des droits de l’homme, est une leçon à retenir et à méditer. Ceci dit, la ligue, qui avait remis à la présidence de la République un document préconisant le glissement pacifique de l’Algérie vers une démocratie digne du nom, continuera la défense des droits de l’homme, un combat dur en Algérie», souligne le vice-président de la ligue, maître Bensaâd Mokhtar, un postulant pour la présidence.

«Je l’annonce officiellement, je ne suis pas candidat à un autre mandat. J’estime que le moment est venu pour remettre le témoin. La passation du témoin est un acte démocratique. D’autant plus que nul n’est éternel. La transmission de la responsabilité dans le calme et la sérénité est une culture ailleurs. Nous devons l’instaurer en Algérie où les droits de l’homme ne sont toujours pas respectés. Pour preuve, l’article 39 des associations n’est pas fait pour encourager le mouvement associatif. Sachant que toute association s’intéressant aux affaires de l’Etat est, selon ledit article, suspendue. Une telle disposition reflète la culture de nos dirigeants qui ne sont pas sur la même longueur d’onde avec la société, un partenaire et un contre-pouvoir à la fois. Peut-on construire une démocratie sans contre-pouvoir ? Ce n’est pas possible», souligne le président de la Ligue des droits de l’homme, maître Boudjemaâ Ghechir, qui a décidé de quitter la présidence après 17 ans de bons et loyaux services.

Il quitte la LADH après 17 ans de service

Notons par ailleurs qu’une émouvante cérémonie en hommage à nombre de personnalités ayant milité en son sein ou soutenu l’action difficile de la ligue a eu lieu. Ainsi, des distinctions ont été remises à la famille du défunt Youcef Fethallah, à Me Miloud Brahimi, Rahali Mohamed, à l’ex-directeur d’El Khabar, Ali Djerri, au directeur de la publication de Liberté, Abrous Outoudert, au directeur général d’El Watan, Omar Belhouchet, à Nouri Nessrouche (El Watan), et au journal El Khabar, les autres défenseurs des droits de l’homme. «Il ne peut y avoir des droits de l’hommes sans liberté d’expression. Nous avons tenu à honorer nos amis de la presse nationale pour les efforts et les sacrifices consentis», souligne maître Ghechir.

«Je tiens à remercier la LADH qui vient de rendre un hommage à mon père, un grand défenseur des droits de l’homme assassiné le 18 juin 1994. Je souhaite que le 18 juin devienne une journée nationale des droits de l’homme», a déclaré Me Rim Fethallah, la fille du 2e président de la LADH, Youcef Fethallah. «La louable initiative de la ligue ressuscite mon mari qui a consacré sa vie aux droits de l’homme», souligne non sans une certaine émotion l’épouse du défunt Fethallah qui avait succédé, à la tête de la ligue, à maître Miloud Brahimi, l’un des plus brillants avocats algériens

Kamel Beniaiche


Droits de l’homme (LADH)

Me Mokhtar Bensaïd nouveau président

El Watan, 12 janvier 2014

La Ligue algérienne des droits de l’homme a un nouveau président, en la personne de maître Mokhtar Bensaïd.

Le successeur de maître Boudjemaâ Ghechir, qui a durant 17 années défendu bec et ongles les droits de l’homme en Algérie, a été élu hier à Sétif où les militants de la LADH ont été contraints à opter pour le plan B. Prévue initialement à l’hôtel El Hidab, l’élection a été finalement délocalisée vers les locaux de la section de Sétif. La fin de non-recevoir du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales, car n’ayant pas donné suite à leur demande (autorisation), en est la cause.

Plus ou moins attendu, ce problème n’a pas pour autant découragé les militants de la LADH qui renouvellent leur direction. Ils viennent de confier la vice-présidence à deux femmes très actives au sein de la ligue. Notons que la commission des candidatures avait auparavant refusé le dossier du responsable de la section de Sétif. Lequel n’a non seulement pas déposé sa candidature dans les délais impartis, mais n’a pas non plus versé ses cotisations et celles des autres militants de la section.
Ce problème vite dépassé a laissé place au suffrage contrôlé par un huissier de justice.

Mesurant le poids de la mission qui s’annonce ardue, le nouveau n°1 de la LADH a tenu à travers sa première sortie médiatique à rendre hommage à son prédécesseur qui a tant donné à l’association et a exposé sommairement les grand axes de sa feuille de route. «La volonté de maître Ghechir Boudjemaâ faisant de l’alternance au poste un principe et une culture a été respectée par les militants qui ont décidé de l’élire président d’honneur de la LADH. J’en profite pour rendre hommage à Me Ghechir qui, depuis 1987, milite inlassablement pour la défense et le respect des droits de l’homme en Algérie», a souligné en prélude le nouveau n°1 de la Ligue. Il a évoqué de nombreux et épineux dossiers inhérents aux droits de l’homme. Et d’ajouter : «Elément actif dans le processus de défense et de promotion des droits de l’homme, la femme algérienne qui a de tout temps assumé ses responsabilités intègre le bureau directeur où elle occupera les deux postes de vice-président.

La nouvelle direction est par ailleurs constituée de figures nouvelles. Une telle approche démontre que la démocratie est une ligne de conduite au sein de la Ligue. L’installation de sections dans les 48 wilayas est le cheval de bataille de la ligue, où chaque militant est chargé d’une mission. Pour promouvoir davantage les droits de l’homme et les libertés individuelles, nous comptons énormément sur l’incommensurable apport de la presse nationale, car nous ne pouvons parler de droits de l’homme en Algérie sans une presse libre et professionnelle.» Maître Bensaïd a du pain sur la planche.

Qui est Me Mokhtar Bensaïd ?

Maître Mokhtar Bensaïd est né le 7 juillet 1944 à Batna, marié et père de 4 enfants. Titulaire d’une licence en droit de la faculté d’Alger en 1974. Avocat auprès de la cour de Biskra depuis 1981. Membre du barreau de Batna. Membre fondateur de LAHD. Vice-président de la LADH durant le dernier mandat. Membre d’organisations arabe et internationale des droits de l’homme.

Kamel Beniaiche