Farouk Ksentini: Il n’y a pas de prisons secrètes en Algérie

Farouk Ksentini: Il n’y a pas de prisons secrètes en Algérie

par Djamel B., Le Quotidien d’Oran, 4 novembre 2007

Réagissant aux accusations du Comité des droits de l’Homme de l’ONU, l’Algérie a démenti catégoriquement, hier, l’existence de centres secrets de détention et de pratique de la torture supervisés par les services de renseignement et de sécurité de l’Etat.

Le démenti a été apporté par le président de la Commission nationale consultative de promotion des droits de l’homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini. Intervenant sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, Me Ksentini a affirmé «qu’il n’y a pas en Algérie des centres de détention secrets et de pratique de la torture, ni pour les citoyens ordinaires ni pour les terroristes». Il a qualifié, dans ce contexte, les informations rapportées par le Comité des droits de l’homme de l’ONU à Genève sur la situation en Algérie d’»affabulations à haut débit et qui relèvent de la bouffonnerie».

Dans la foulée, le président de la CNCPPDH a accusé directement le Comité des droits de l’homme de l’ONU de tenter à travers ces «soupçons» de porter atteinte à la réputation de l’Algérie. Revenant sur les positions de cette organisation, notamment durant la décennie noire, Me Ksentini rappellera à l’occasion que ce comité «avait dans le passé pris fait et cause pour le terrorisme contre l’Algérie». Pour le président de la CNCPPDH, cette institution «veut faire croire que l’Algérie, durant la décennie écoulée, a combattu une opposition armée et démocrate», réaffirmant que «l’Algérie n’a fait que combattre, dans le cadre de la légitime défense la plus absolue, le terrorisme le plus aveugle que jamais la terre n’ait porté». Rappelant que toutes les prisons algériennes ont été toujours ouvertes au Comité international de la Croix-Rouge, Me Ksentini a tenu à préciser que cette institution «a régulièrement fait des rapports à travers lesquels il a été constaté et établi que les choses se passent on ne peut plus correctement».

Abordant le dossier des familles victimes du terrorisme, Me Ksentini a affirmé que «ces familles ont été, en grande partie, indemnisées et les autres sont en voie de l’être». Il a néanmoins précisé à ce titre l’existence de «certaines difficultés d’ordre administratif», mais sans incidences sur le déroulement de l’opération qui est, a-t-il dit, «en voie de parachèvement».

Vendredi, le Comité des droits de l’homme de l’ONU avait annoncé à partir de Genève qu’il soupçonnait l’existence de ces «centres secrets». Le Comité s’est déclaré «préoccupé par les nombreuses informations non gouvernementales faisant état de l’existence de centres secrets de détention, qui se trouveraient à Houch Chnou, Oued Namous, Reggane, El-Harrach et Ouargla», dans ses «observations finales» publiées à l’issue de l’examen périodique de la situation en Algérie. Les experts des droits de l’homme de l’ONU demandent au gouvernement algérien de «s’assurer que tous les établissements de détention, y compris les établissements du Département du renseignement et de la sécurité, soient régulièrement visités» par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et par un organisme indépendant national.

Enfin, les experts de l’ONU sont «préoccupés par la persistance de discriminations à l’égard des femmes, tant en fait qu’en droit», notamment en matière de mariage et de divorce. Ils recommandent à l’Algérie «d’abolir la polygamie qui porte atteinte à la dignité de la femme» et de «réviser sa législation, afin de définir et de criminaliser la violence entre conjoints et le viol conjugal».

Le Comité a, en outre, sévèrement critiqué la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Dans ses «observations finales» concluant son examen périodique de la situation en Algérie, le Comité a demandé notamment que la Charte soit amendée «afin de clarifier que des crimes tels que la torture, le meurtre et l’enlèvement» sont passibles de poursuites et ne peuvent faire l’objet de mesures de grâce ou d’amnistie.

Les experts de l’ONU ont critiqué également l’obligation exigée des familles d’attester de la mort de leur proche pour pouvoir obtenir une indemnisation de l’Etat.