Adel Saker réapparu après 11 mois de « disparition »

Adel Saker réapparu après 11 mois de « disparition »

Alkarama for Human Rights, 29 Juin 2009

Alkarama a appris que M. Adel Saker, arrêté le 26 mai 2008 par la police de Tamalous (Skikda), a réapparu dans la prison de Skikda le 12 avril 2009, après avoir été détenu au secret par le Département des renseignements et de la sécurité (DRS) et en conséquence porté disparu.

Alkarama avait sollicité le 30 juin 2008 l’intervention du Groupe de travail sur les disparitions forcées et du Rapporteur spécial sur la torture auprès des autorités algériennes, quelques semaines après la convocation de M. Saker du 26 mai 2008 au siège de la sûreté de Daira de Tamalous (wilaya de Skikda) à laquelle il avait fait suite. (voir communiqué)

Cependant ni la police de Tamalous qui avait procédé à l’arrestation, ni le procureur de la République territorialement compétent, ni le parquet général sous l’autorité duquel sont théoriquement placés tous les officiers de la police judiciaire, n’ont reconnu l’arrestation et la détention de M. Adel Saker.

Suite à l’insistance et aux nombreuses plaintes formulées par sa famille, la police a fini par reconnaître, quelques mois plus tard, l’arrestation de M. Saker et l’avoir remis à des agents du DRS. Sa famille n’a finalement pu lui rendre visite en prison que le 12 avril 2009 et a appris qu’il avait été torturé durant sa détention au secret. Il avait entre temps été présenté devant un juge et inculpé pour une affaire liée au terrorisme.

Pour rappel :

M. Saker Adel, néen 1977, avait déjà été arrêté en 1994 alors qu’il était mineur et détenu pendant trois années avant d’être libéré.

Un an après sa libération, il est de nouveau arrêté en 1998 et détenu pendant une année, puis une nouvelle fois encore en 2001 et détenu également pour une durée d’un an.

Devant ces persécutions incessantes des services du DRS local, les parents de Adel ont pris la décision de l’envoyer parfaire ses études en littérature arabe en Syrie en 2003.

Après une année et demi de séjour régulier dans ce pays, au cours de laquelle il poursuivait normalement ses études, il a été arrêté le mois de janvier 2005 par les services de renseignement syriens qui lui ont déclaré agir à la demande des services de sécurité algériens.

C’est dans ces conditions qu’il a été renvoyé le 26 février 2005 en Algérie où il a été arrêté à l’aéroport d’Alger – Dar El Beïda par les services du DRS (Département du renseignement et de la sécurité). Il a été détenu au secret pendant une année entière au cours de laquelle il a été très gravement torturé pendant plusieurs mois ; il a notamment subi des tortures à l’électricité, la technique du chiffon et a fait l’objet de graves atteintes sexuelles.

Ses parents n’ont jamais pu obtenir de ses nouvelles durant toute cette année en dépit de leurs nombreuses démarches auprès des diverses institutions. Ayant alors alerté la presse, plusieurs journaux avaient rapporté son arrestation.

C’est certainement la raison pour laquelle le 25 février 2006, il a été présenté par les services du DRS devant le parquet d’Alger sous l’accusation  » d’appartenance à un réseau terroriste  » et d’avoir été en particulier  » l’intermédiaire entre Al Qaida et le GSPC algérien « . Cette accusation devait probablement justifier à posteriori sa longue détention au secret puisqu’il a été libéré le jour même.

Les persécutions n’ont pas pour autant cessé ; ainsi il a régulièrement été convoqué par la police locale et retenu de longues heures dans ses locaux sans qu’un motif ne lui ait été communiqué.

Le 26 mai 2008, il a de nouveau été convoqué au siège de la sûreté de Daira de Tamalous par un officier de police qui lui a fait parvenir une convocation à son domicile par l’intermédiaire d’un agent de l’ordre public (AOP).

M. Adel Saker a déféré le jour même à cette convocation comme à son habitude et s’est rendu accompagné d’un proche au siège de la sûreté de Daïra de Tamalous ; il n’a cependant pas été libéré dans la même journée comme à l’accoutumée.