Collectif des familles de disparus: «Les autorités devront faire preuve de courage !»

Collectif des familles de disparus

«Les autorités devront faire preuve de courage !»

par Abdou Seghouani , Le Jeune Indépendant, 16 décembre 2004

L e collectif des familles de disparus a exprimé sa satisfaction après les récentes déclarations du président de la République et indiqué que «les autorités devront faire preuve de courage» dans le traitement de ce dossier douloureux, leur demandant de s’inspirer de la position récemment prise par Bouteflika.

Dans un communiqué transmis hier à la presse, le collectif fait part de son soulagement : «Après des années de combat acharné [.], le Président nous a enfin compris ! M. Bouteflika compatit à notre douleur et comprend notre détresse [.]».

Pour rappel, le président Abdelaziz Bouteflika avait déclaré le 9 décembre dernier, que «tout sera fait pour élucider le sort» des personnes disparues pendant les années 1990, et qu’il compatissait à la douleur de leurs familles. Celles-ci «seront informées et peuvent compter sur la solidarité de l’ensemble de la nation pour alléger leurs souffrances», a promis le Président dans un message à l’occasion de la célébration du 56e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Le communiqué du collectif des familles de disparus indique qu’il attend de voir concrètement «quelles sont les mesures» qui seront prises, «pour que la vérité soit faite». Le collectif émet des doutes sur l’impact éventuel du rapport sur «l’état des lieux» que doit remettre M. Ksentini au président de la République le 31 mars 2005.

«Peut-on compter sur ce rapport pour apporter une solution [.] ?». Les familles de disparus disent attendre des plus hautes autorités du pays qu’elles «assument leurs responsabilités». Le président Bouteflika, qui estime que l’avenir des droits de l’homme en Algérie «est largement tributaire de l’amélioration de la situation sécuritaire», compte ne ménager «aucun effort pour la réconciliation entre les Algériens».

A. S.

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Collectif des familles des disparus en Algérie :

«Seule la vérité.»

 

Par Ghada Hamrouche, La Tribune, 16 décembre 2004

A partir de Paris, Nessera Dutour née Yous, porte-parole du Collectif des familles des disparus, appelle le président de la République à «préciser quelles seront les mesures concrètes pour que [la] vérité soit faite» sur le dossier des disparus. Mme Dutour, en soulignant qu’un long chemin a été parcouru depuis l’ère où le Président rétorquait aux «protestations des mères de disparus que ces derniers n’étaient pas dans ses poches», exhorte le président Bouteflika à rétablir «la vérité et à instaurer une justice indépendante pour rétablir un Etat de droit en Algérie et réhabiliter toutes les victimes et guérir leurs plaies pour rendre au pays sa dignité». Mme Dutour, sour de Yous Nasrallah, auteur de Qui a tué à Bentalha ?, affirme que le comité ad hoc s’est révélé «aussi dénué d’imagination et de courage que la Commission nationale consultative de promotion et de promotion des droits de l’Homme et l’Observatoire national des droits de l’Homme». Dans la foulée de ses déclarations, elle note que «les familles des disparus attendent bien autre chose que des promesses d’indemnisations». Dans le communiqué parvenu hier à notre rédaction, la porte-parole du Collectif des familles des disparus en Algérie appelle «les plus hautes autorités du pays» à assumer leurs responsabilités. «Car le dossier des disparus ne sera jamais clos sans que la lumière sur le sort de tous les disparus, la vérité et la justice soit faite», note Mme Dutour. Dans ce sillage, elle appelle les hautes autorités du pays à suivre l’exemple chilien. «Seule la vérité, toute la vérité, peut permettre une réelle transition démocratique pour l’Algérie», affirme-t-elle. Et de poursuivre : «Pour cela, les plus hautes autorités devront faire preuve de courage, à l’image de celui du président chilien Ricardo Lagos Escobar, qui a reconnu les crimes du passé commis par le régime militaire dans son discours à la nation du 10 décembre 2004.»   

G. H.   

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COLLECTIF DES FAMILLES DE DISPARUS

«Le Président nous a enfin compris!»

Le Quotidien d’Oran, 16 décembre 2004

Le collectif des familles des disparus en Algérie réagit à la dernière déclaration du président de la République sur le dossier des disparus prononcée à l’occasion de la célébration du 56e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Abdelaziz Bouteflika a assuré, jeudi dernier, que «tout sera fait pour élucider le sort» des disparus. Il a rappelé la mise en place d’un «mécanisme ad hoc» au sein de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), présidée par Farouk Ksentini. «Nous attendons de ce mécanisme, dont les travaux devront être achevés au mois de mars 2005, qu’il établisse un état du dossier, globalement et dans le détail, et qu’il présente des recommandations répondant aux attentes des familles de disparus et à la confiance des pouvoirs publics», avait précisé le chef de l’Etat.

Le collectif des familles des disparus estime que le combat qu’elle mène depuis des années a été enfin compris. «Ainsi, après des années de combat acharné des familles et des représentants des organisations, le Président nous a enfin compris ! M. Bouteflika compatit à notre douleur et comprend notre détresse. Que de chemin parcouru depuis cinq ans !», précise la porte-parole de l’organisation dans un communiqué rendu public hier. Cependant, l’organisation relève que «le temps n’est plus aux déclarations d’intention». Le collectif exhorte le Président, dans la mesure où il «dit vouloir tout faire pour élucider le sort des disparus», à «préciser maintenant quelles seront les mesures concrètes entreprises pour que cette vérité soit faite». D’autant que l’organisation met en doute la valeur du rapport qui sera remis le 31 mars 2005 par Farouk Ksentini. «Mais peut-on compter sur ce rapport pour apporter une solution, alors qu’il semble déjà que le contenu et les solutions n’auront rien à apporter de valable pour les familles ?», s’interrogent les membres du collectif.

Le comité ad hoc s’est révélé être, selon le communiqué, «aussi dénué d’imagination et de courage» que la CNCPPDH et l’Observatoire national des droits de l’homme. «Les familles de disparus attendent bien autre chose que des promesses d’indemnisation. Il ne suffit pas de faire preuve d’imagination, il faut aussi que les autorités les plus hautes assument leurs responsabilités car ce dossier ne sera jamais clos sans que la lumière sur le sort de tous les disparus, la vérité et la justice ne soient faites», précise le collectif.

Il réitère, à cette occasion, sa demande de «la libération immédiate de tous les disparus et l’établissement en Algérie d’une Commission Justice et Vérité, indépendante et impartiale».

Samar Smati