Le pétard mouillé

Le pétard mouillé

par Kharroubi Habib, Le Quotidien d’Oran, 18 juin 2012

La tentative de destitution de Belkhadem par les «redresseurs» a avorté. Le comité central du FLN n’a pas suivi les contestataires. 221 de ses membres sur les 333 qui le composent ont voté une motion de confiance en sa faveur. Pourtant les adversaires du secrétaire général disaient à qui voulait les entendre qu’ils disposaient de la majorité au sein de cette institution. Si tel a été le cas alors les retournements de veste ont été légion. Ce qui n’est pas pour étonner sachant que tout se vend et s’achète au FLN. Et à ce jeu-là, Belkhadem a certainement fait des offres auxquelles des caciques catalogués dans le camp des «redresseurs» n’ont pas résisté.

Le «coup d’Etat scientifique» contre Belkhadem n’a pas abouti. Ses artisans ont présumé de leur force. Ils ont eu la naïveté de croire qu’ils pouvaient réaliser l’opération sans obtenir l’aval de «l’en haut» sans qui rien n’est possible dans l’ex-parti unique. La résistance de Belkhadem aux offensives menées contre lui par ses détracteurs n’a été possible que parce qu’encouragée d’en haut. La sixième session du comité central du FLN ne s’étant pas conclue comme ils l’espéraient, les «redresseurs» envisagent d’ester Belkhadem en justice. Encore une autre manifestation de naïveté de leur part de croire que la justice va leur accorder ce qu’ils n’ont pu obtenir d’un comité central ayant été «convaincu» de rester dans la «maison de l’obéissance»

Tout ce qui se passe au FLN est manipulation. Nous ne démoderons pas de ce point de vue et de la conviction que la crise créée dans le FLN l’a été à des fins que ses protagonistes apparents ignorent absolument. L’habilité de la manipulation a consisté de donner à croire que Belkhadem est le «problème» du FLN. Ce que le personnage a contribué à créditer en gérant de façon hiérarchique les affaires du parti et ce faisant donné naissance à d’irrémédiables inimitiés le prenant pour cible dans la camarilla de l’ex-parti unique. Les «redresseurs» ne sont en effet qu’un conglomérat d’ambitions de carrières frustrées. Ils ont été de ce fait aisément sensibles et disponibles à faire entrer en guerre contre celui qui a été cause de leurs frustrations. Sauf que ceux qui les ont encouragés sur cette voie ont pratiqué le double jeu : attisant leur fronde en leur faisant valoir qu’elle aurait l’onction d’en haut et dans le même temps confortant le secrétaire général contesté dans la résistance à ses détracteurs.

Il s’en est ainsi créé une situation de crise à rebondissement dans le FLN, première force politique du pays, qui focalise l’attention de la classe politique et de l’opinion publique. Un écran de fumée destiné à cacher ce qui est en train de se tramer dans les sphères du pouvoir réel en relation avec la succession qui est à l’ordre du jour dans ces milieux. Belkhadem est le leurre sur qui on a voulu concentrer débat et controverses. Ses adversaires se sont allégrement prêtés à la manœuvre par rancoeurs et avec l’espoir qu’en provoquant sa chute, ils retrouveront l’influence qu’ils estiment être leur à peser sur les choix du FLN. Sauf qu’il est démontré que les choix déterminants pour lesquels opte le FLN ne sont jamais déterminés par ses directions apparentes mais arrêtés ailleurs qu’en son sein. D’ailleurs au moment où le FLN sera mis dans l’obligation d’entériner un choix de cette nature, l’on verra les «redresseurs» et les «légalistes» oublieux de leurs «irrévocables divergences» s’unir dans l’acte d’allégeance.