« Nous avons rejeté le projet américain car il ne condamnait pas l’usage de la force par Israël contre les civils »
Le représentant permanent de l’Algérie à l’ONU :
« Nous avons rejeté le projet américain car il ne condamnait pas l’usage de la force par Israël contre les civils »
El Khabar, 8 décembre 2005
Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unis, M. Abdallah Baâli, a indiqué que la position de l’Algérie, rejetant le projet américain en faveur d’une condamnation de l’attentat à l’explosif qui a eu lieu à Netanya (Israël), était principalement motivée par le refus des Etat Unis d’amender le projet, en y insérant une condamnation de l’usage de la force par l’armée israélienne contre les civils palestiniens. Baâli ajoutent qu’il était inutile d’appeler Damas, à travers le projet de recommandation, à fermer les bureaux du Jihad Islamique, qui sont fermés depuis très longtemps.
El Khabar : Comment interprétez-vous la réaction américaine, à travers M. Bolton, représentant des Etats Unis au Conseil de sécurité, et par quoi la position algérienne rejetant la recommandation condamnant l’opération de Netanya était-elle motivée?
M. Abdellah Baâli : Comme il est de coutume, à chaque fois qu’une opération militaire ait lieu aux territoires occupés, la mission américaine (auprès de l’ONU) présente un projet de recommandation condamnant l’opération à travers un communiqué. Pour être retenue, la recommandation doit être adoptée à l’unanimité par les pays membres du Conseil de sécurité. Suite à l’opération de Netanya, les Etats Unis a présenté un projet appelant à condamner l’attentat, mais appelle également à dénoncer le Jihad Islamique en demandant à Damas de fermer les bureaux de cette organisation.
El Khabar : Quelle était la position algérienne vis-à-vis du projet américain?
M. Abdellah Baâli : Notre position était clair, nous avons demandé l’amendement du texte proposé. Il le fallait pour que ce dernier soit modéré, car il était inadmissible de ne pas y inclure une condamnation de l’usage de la force par l’armée israélienne contre les citoyens palestiniens sans défense. Surtout que des opérations ayant visé des civils avaient fait beaucoup de morts, dont des enfants (parmi les palestiniens). En outre, nous avons estimé qu’il n’y avait aucun lien entre le communiqué et Damas, puisque il est inutile de demander à Damas de fermer les bureaux du Jihad Islamiques. Des bureaux dont la fermeture avaient déjà été annoncé par Damas auparavant. Et je dois souligner que d’autres pays, comme la Russie, avaient également présenté des requêtes pour modifier des textes de projets.
El Khabar : Pourquoi ce problème concernant le projet ?
Abdellah Baâli : La mission américaine était opiniâtre et refusait tout amendement, et comme le texte devait bénéficier de l’unanimité pour être adopté, nous avions expliqué clairement notre position. Mais il faut savoir qu’il ne s’agissait pas là d’une position nouvelle, car nous attendons à ce que le Conseil de sécurité donne encore plus d’intérêt aux victimes du coté palestinien. C’est une position de principe pour l’Algérie qu’elle n’a pas cessé de défendre.
El Khabar : A votre avis, est-ce-que le problème réside, actuellement, dans la structure du Conseil de sécurité ou dans le mécanisme du droit de veto?
Abdellah Baâli : Le Conseil de sécurité est confronté à deux problèmes majeurs. Le premier est le droit de veto, qui fait que le Conseil de sécurité souffre d’un lourd fardeau que constituent les membres permanents. Ceci a provoqué un déséquilibre. Le deuxième est le fait que d’autres pays et d’autres continents ont le droit d’être mieux représentés, avec un droit à une représentativité permanente, pour donner davantage de crédibilité au conseil.
El Khabar : Qu’en est-il du projet de l’élargissement du Conseil de sécurité?
Abdellah Baâli : Si le conseil est élargi, d’autres régions seront représentées et auront l’occasion de jouer un rôle plus important, plus efficace et plus équilibré.
El Khabar : Y a-t-il une coordination entre les pays arabes et les pays africains dans ce cadre?
Abdellah Baâli : Malheureusement il n’y a aucune coordination, à présent, entre les deux parties. Il y a une coordination entre les pays africains, depuis le Sommet de Syrte et celui d’Addis-Abéba. Et nous sommes parmi ceux qui réclament deux sièges ouvrant droit au veto. L’élargissement du Conseil de sécurité est nécessaire et l’Algérie le revendique afin de permettre au continent africain d’être représenté d’une manière plus juste.
El Khabar : quelle est le sort réservé au projet américain?
Abdellah Baâli : Comme tout projet ou texte qui ne jouit pas de l’unanimité, il ne sera pas adopté et fera partie des résolutions rejetées.