Retour des Etats-Unis à la Foire internationale d’Alger

Première visite collective d’hommes d’affaires américains en Algérie

Retour des Etats-Unis à la Foire internationale d’Alger

El Watan, 6 avril 2008

Même si les multinationales pétrolières Halliburton, Shell et Chevron ont fait partie de la délégation US, la première conférence américano-algérienne avait pour but de stimuler les investissements hors hydrocarbures.

Les portes du pavillon américain à la prochaine Foire internationale d’Alger (FIA), prévue du 7 au 12 juin 2008 au Palais des expositions, seront ouvertes. Après l’absence de l’année dernière, liée à des considérations sécuritaires, le département du commerce américain a demandé à la représentation diplomatique d’entamer les démarches pour reprendre la participation. Hier, à l’hôtel Sheraton d’Alger, à l’ouverture de la première conférence américano-algérienne sur l’investissement et le commerce, l’ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Robert Ford, a fait un véritable plaidoyer pour une présence importante à la 41e FIA. Des fiches d’enregistrement ont été mises à la disposition de la délégation d’hommes d’affaires américains, venue en mission de prospection en Algérie, pour confirmer leur participation. L’US-Algerian Business Council (US-ABC), qui a organisé la conférence d’hier en collaboration avec le groupe algérien Red Med et l’ambassade d’Algérie à Washington, prend part à l’entreprise de persuasion pour une présence massive à la future foire. Elisabeth Lord Stuart, responsable à l’US-ABC qui a modéré les débats d’hier, a appelé les présents à saisir l’importance de cette manifestation pour continuer la quête d’opportunités d’investissement. Surtout, comme l’a souligné Amine Kherbi, ambassadeur d’Algérie à Washington, dans une déclaration écrite distribuée aux présents, l’Algérie est le premier partenaire commercial des Etats-Unis au Maghreb et le second dans le monde arabe et en Afrique. « Les rapports économiques bilatéraux demeurent, toutefois, dominés par les hydrocarbures. Aussi souhaitons-nous une meilleure présence des entreprises américaines dans les autres secteurs de l’économie algérienne », a relevé le diplomate. Même si les multinationales pétrolières Halliburton, Shell et Chevron font partie de la délégation, le but de la conférence est de stimuler les investissements hors hydrocarbures. Cela a été expliqué par Ismaïl Chikhoune, directeur du US-ABC, d’où l’insistance sur les secteurs de l’agroalimentaire, la construction, les ressources en eau et les nouvelles technologies de la communication (TIC). Pour Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Poste et des TIC, il existe de grandes possibilités de partenariat et d’investissement dans le domaine. Il a annoncé l’ouverture, « dans quelques semaines », du capital d’Algérie Télécom. « Nous sommes en phase de finalisation du dossier que nous avons élaboré avec une banque d’affaires », a-t-il dit. Il a ajouté que la vente d’une licence pour la téléphonie mobile de 3e génération (3G) va bientôt être lancée. M. Haïchour a énuméré les atouts de l’investissement de l’Algérie : « Une main-d’ouvre qualifiée, une population jeune majoritairement urbaine, un marché de taille importante et une politique de change avantageuse ». « Il existe beaucoup d’opportunités d’investissement en Algérie, mais ce qui manque c’est la mise en ouvre et la mise en pratique », nous a confié Richard Erdman, ex-ambassadeur des Etats-Unis à Alger reconverti dans le monde des affaires puisqu’il est manager de World developments corporation (WDC). WDC, qui développe des projets d’infrastructures en Afrique, espère décrocher des marchés en Algérie à la faveur du plan de consolidation de la croissance en cours d’exécution. En la matière, Richard Erdman, qui a quitté le monde de la diplomatie, connaît parfaitement le terrain. L’Algérien Djamel Darradji, qui vit aux Etats-Unis depuis 22 ans et qui dirige l’International trade and financial services (ITF), une entreprise de consulting et d’appui à l’exportation, précise que les hommes d’affaires américains sont venus prendre contact avec les « décideurs » des secteurs privé et public. « C’est une façon de découvrir eux- mêmes les possibilités d’affaires. L’Algérie est un pays vierge. Il y existe des opportunités spéciales. Côté américain, on ne demande pas plus qu’une stabilité politique et des réformes financières pour encourager les gros investisseurs à venir en Algérie », indique-t-il. Le choix des 22 entreprises, présentes lors de cette mission, a été fait par les Américains selon les demandes. Des patrons algériens sont invités à assister le mois de mai prochain à la foire agroalimentaire de Las Vegas, l’une des plus en vue aux USA. Djamel Darradji est heureux d’annoncer également la création prochaine de l’Association d’amitié américano-algérienne qui sera installée à Washington. « C’est une association à but non lucratif qui favorisera les échanges culturels, politiques et sociaux. Elle se réunira le jour anniversaire de la libération des otages américains en Iran grâce à la médiation algérienne. Nous allons inviter, chaque année, ces ex-otages pour qu’ils prennent part à notre réunion », relève-t-il. Le 20 janvier 1981, 66 otages américains à l’ambassade US à Téhéran ont été libérés grâce à la médiation de l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères, le défunt Mohamed Seddik Benyahia.

Des Algériens à Silicon Valley

La conférence d’hier a été l’occasion de présenter les Algériens qui ont réussi aux Etats-Unis et qui se distinguent. A l’image de Belgacem Haba, directeur technique de la firme Tessera, l’un des leaders mondiaux de semi-conducteurs. Originaire d’El Meghaïr (El Oued), ce chercheur, qui a étudié à l’université de Bab Ezzouar et qui a pratiqué également au Japon, a été honoré par Boudjemaâ Haïchour. « On l’appelle Bel, il est la fierté de nos deux pays », a lancé Don Deline, président de l’US-ABC et vice-président de Halliburton. Belgacem Haba, qui travaille sur les applications micro-électroniques, souhaite faire bénéficier l’Algérie d’un réel transfert de technologie. Une expérience est déjà testée au Maroc avec la fabrication de caméras grâce à la technologie Tessera. Autre Algérien à Silicon Valley, Kamel Ounadjela de la firme Calisolar qui construit des panneaux photovoltaïques. Le développement de l’énergie solaire est l’un des domaines qui intéresse les industriels américains. Autant que les ressources en eau. La McWane Intel, qui fabrique tout ce qui a trait au transport de l’eau, est prête, selon son représentant, Josh Leachman, à étudier toutes les possibilités de partenariat en Algérie. Mahfoud Bouatou, jeune patron de Hydro 3, une entreprise algérienne spécialisée dans le transfert et la purification de l’eau, fait un plaidoyer appuyé pour le développement du partenariat algéro-américain dans ce secteur. La création d’entreprises mixtes avec le privé algérien est l’une des priorités de cette visite prospective d’une semaine des hommes d’affaires américains. Une rencontre avec le Forum des chefs d’entreprise (FCE) et la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI) est prévue au cours de cette semaine. Des discussions techniques, sous forme d’ateliers, sont également programmées.

Faycal Metaoui