Les Américains veulent éliminer Belmokhtar

Il est le terroriste le plus recherché d’Afrique : Les Américains veulent éliminer Belmokhtar

par El-Houari Dilmi, Le Quotidien d’Oran, 10 février 2013

Les services de renseignements américains qui ont, depuis une dizaine d’années déjà, Belmokhtar dans leur collimateur, peaufinent leur stratégie de lutte antiterroriste et envisageant d’inscrire « Belaouer » sur une liste des personnes à « tuer », rapporte le Wall Street Journal. En effet, de hauts responsables militaires et des services de renseignements américains envisagent d’inscrire sur une liste secrète des personnes à « tuer » le nom du terroriste qui a revendiqué l’attaque contre le site gazier d’In Amenas, le 16 janvier dernier.

DES LISTES POUR LES TERRORISTES A « CAPTURER OU TUER »

Ajouter son nom à cette liste impliquerait une expansion militaire importante des Etats-Unis dans le nord-ouest de l’Afrique, à travers une extension des frappes de drones et des opérations de contre-terrorisme, ont indiqué des responsables américains s’exprimant sous couvert de l’anonymat au journal américain, spécialiste des questions économiques et financières. « Un tel effort pourrait s’appuyer sur les unités des forces spéciales de l’armée, avec l’aide de la CIA », précise-t-il, ajoutant qu’un « responsable américain avait indiqué, en janvier dernier à l’AFP, que Washington prévoyait d’installer une base destinée à accueillir des drones dans le nord-ouest de l’Afrique afin d’améliorer la surveillance des groupes islamistes dans la région; cette base se situerait probablement au Niger ou au Burkina Faso », croit savoir le Wall Street Journal. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le gouvernement américain garde secrètes des listes de personnes à « capturer ou tuer », souligne le quotidien américain, ajoutant que « le Pentagone et la CIA possèdent des listes séparées, sur lesquelles figurent les noms de leaders extrémistes tels que le chef d’Al-Qaïda, Ayman Al-Zaouahiri, le chef artificier d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (Aqpa), le Saoudien Ibrahim Hassan Al-Asiri, et, avant sa mort, Oussama Ben Laden ». Précisant que Mokhtar Belmokhtar est un ex-chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), entré en dissidence en octobre dernier en formant sa propre unité combattante, le Wall Street Journal rappelle que Belmokhtar a revendiqué l’attaque contre le site gazier d’In Amenas, suivie d’une prise d’otages faisant 37 victimes par un commando de 32 hommes, dont 29 ont été tués et trois arrêtés.

LA VILLA DE MOKHTAR BELMOKHTAR

Dans un article consacré à « l’Emir du Sahel », l’envoyé spécial du magazine français l’Express, dans son édition d’hier, rapporte, photos à l’appui, comment le terroriste le plus recherché du continent africain menait ses opérations, à partir de son quartier général établi à Gao. « Pendant près d’un an, il a imposé aux Maliens du Nord sa vision de la « charia totale ». « C’est une villa jaune, quelconque, entourée d’un muret, dans le quartier de Bourgoundjé à Gao, dans l’est du Mali. Mokhtar Belmokhtar et ses hommes y ont passé leurs dernières heures avant de quitter précipitamment les lieux, le 19 ou le 20 janvier, lors des premiers bombardements français sur la ville. Une des dépendances de la petite villa est remplie de grenades, de boîtes de munitions et d’engins explosifs artisanaux. Dans le bâtiment principal, pillé par la population, il reste seulement quelques documents sur le sol. Parmi eux, les pages du Coran, des manuels de propagande djihadiste, un dossier complet sur la conduite à tenir pour communiquer secrètement par Internet. Sur des cahiers d’écolier, écrites à la main et en arabe, des listes de noms auxquels sont liées d’importantes sommes d’argent », rapporte l’hebdomadaire français.

Belmokhtar a passé ces derniers mois à Gao, en compagnie de son épouse malienne, « il ne sortait que la nuit, (u2026), et semblait toujours fâché », écrit l’envoyé spécial de l’Express, citant le témoignage d’un voisin qui parle de ces rares fois « où il l’avait aperçu entouré de 30 ou 40 hommes costauds, enturbannés et bien armés; même son fils de 10 ans, kalachnikov à la main, tenait tête aux représentants du mouvement indépendantiste touareg (MNLA) ».

« L’EMIR DU SAHEL » PREPARERAIT SA REVANCHE

Dans les jours qui suivirent les premiers bombardements sur la région, « on perd sa trace », rapportent des témoins sur place cités par le magazine français. La dernière vidéo de lui, au cours de laquelle il a revendiqué la prise d’otages d’In Amenas, montre un homme qui s’est défait de son éternel turban, montrant qu’il est désormais prêt au martyre. « Selon des sources sécuritaires, il pourrait se trouver à 80 kilomètres de Gao, dans la brousse, à proximité du village de Téméra. L’attaque suicide à Gao, le vendredi 8 février au matin, revendiquée par le Mujao, les missiles envoyés en direction de Gao ces derniers jours, et les mines antichars qui ont explosé sur les routes menant à la ville, constitueraient les premières preuves de cette promesse », écrit encore l’envoyé spécial de l’Express. Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou el-Abbas, est né le 1er juin 1972 dans la ville de Ghardaïa en Algérie.