Ils seront rapatriés en Algérie : Deux détenus algériens quittent Guantanamo

Ils seront rapatriés en Algérie : Deux détenus algériens quittent Guantanamo

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 28 juillet 2013

Deux Algériens sur les 166 prisonniers détenus à la prison militaire de Guantanamo, sur l’île de Cuba, seront rapatriés en Algérie a annoncé vendredi la Maison-Blanche. Le porte-parole du président Barack Obama, Jay Carney, a précisé dans un communiqué que «le département de la Défense a signifié au Congrès son intention de rapatrier deux détenus supplémentaires vers l’Algérie», sans pour autant dévoiler leur identité. La décision a été prise «en consultation avec le Congrès et d’une façon responsable qui protège notre sécurité nationale», fait encore savoir la Maison-Blanche.

Selon l’AFP, au moins 12 Algériens de Guantanamo ont déjà été renvoyés dans leur pays. Cette annonce sonne comme un e première victoire pour les détenus de Guantanamo en grève de la faim depuis cinq mois. «C’est une très bonne nouvelle, la grève de la faim n’y est sans doute pas pour rien», a réagi Polly Rossdale, de l’association juridique britannique Reprieve, qui représente 17 détenus. Si le Canadien Omar Khadr est le dernier prisonnier à avoir été renvoyé dans son pays, fin septembre 2012, il reste encore cinq autres Algériens encore détenus à Guantanamo parmi lesquels Nabil Hadj Arab, 34 ans, livré aux Américains en 2001 avant les attentats du 11 septembre, alors qu’il était hospitalisé en Afghanistan, selon ses avocats. A deux reprises, la justice américaine l’a déclaré «libérable» sous l’administration Bush, en 2007, et sous l’administration Obama en 2009. Et il serait, selon la presse française l’un des Algériens concernés par ce rapatriement. Nabil Hadj Arab fait partie des 73 détenus qui refusent de s’alimenter, depuis le début de l’année, dont 46 étaient nourris de force deux fois par jour par le biais d’une sonde nasogastrique (insérée dans le nez jusque dans l’estomac). Sa famille a envoyé dernièrement au ministre de l’Intérieur français, Manuel Valls, une demande pour qu’il soit accueilli en France, annoncent ses avocats. Aucune charge n’a été reconnue contre lui, et « la logique, c’est qu’on le libère, mais les Etats-Unis imposent que des Etats se portent volontaires pour accueillir tel ou tel détenu», explique un de ses avocat. La France a déjà accueilli en 2009 deux ex-détenus bosniaques d’origine algérienne, Lakhdar Boumediene en juin 2009, innocenté après 8 ans de détention, et Saber Lahmar en décembre 2009. La loi interdit désormais tout transfert de détenus aux Etats-Unis, et impose aux pays d’accueil de s’assurer qu’ils ne s’engagent pas dans des activités terroristes. Le retour dans leurs pays d’origine est ainsi soumis à des conditions drastiques, le pays d’accueil devant être capable de garder le contrôle sur les ex-détenus. Au 13 juin 2008, le département de la Défense faisait état de 37 anciens détenus de Guantanamo soupçonnés d’avoir repris le combat ou d’avoir mené des activités terroristes dont des attentats-suicides. En janvier 2009, il déclare qu’au moins 61 anciens détenus de Guantanamo – sur les 520 transférés ou libérés à cette date – sont soupçonnés d’avoir repris le combat à leur sortie. Parmi eux, 18 ont été accusés par le département de la Défense de mener de nouveau des activités terroristes. Ce transfèrement des deux Algériens vient deux jours après une audition au Sénat sur l’opportunité ou non de fermer la prison controversée. La première depuis 2009, date à laquelle le président Barack Obama avait signé un décret pour la fermeture de Guantanamo. Fin mai, M. Obama a assuré qu’il était toujours déterminé à fermer le centre pénitentiaire mais a déploré la politique d’obstruction du Congrès. Sur les 166 détenus de Guantanamo, 86, dont 56 Yéménites, ont été désignés comme transférables dans leur pays d’origine par les administrations des présidents George W. Bush et Obama. Quelque 46 autres sont en détention illimitée, sans inculpation ni procès faute de preuves, mais jugés trop dangereux pour être libérés.