Moscou suspend la communication militaire avec Washington en Syrie

UN CHASSEUR SYRIEN ABATTU PAR L’ARMÉE US

Moscou suspend la communication militaire avec Washington en Syrie

Le Soir d’Algérie, 20 juin 2017

La Russie a annoncé lundi son intention de pointer ses missiles vers tout avion de la coalition internationale survolant la Syrie et avoir suspendu son canal de communication militaire avec Washington après la destruction d’un chasseur syrien par un avion américain.
La Russie est impliquée militairement aux côtés du régime de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie, alors que les Etats-Unis soutiennent et arment une alliance arabo-kurde rivale et des rebelles syriens.
Ces développements marquent une nouvelle escalade dans le conflit impliquant différents acteurs régionaux et internationaux ainsi que des groupes terroristes sur un territoire morcelé, et éloignent la perspective d’une solution négociée.
En plus de l’incident américano-syrien, l’Iran, autre allié du gouvernement syrien, a tiré pour la première fois dimanche des missiles contre des cibles du groupe terroriste en Syrie.
Avec ses annonces, la Russie fait un pas de plus dans la confrontation avec les Etats-Unis. Son entrée en force en 2015 sur le champ de bataille en Syrie laissait déjà présager d’une «guerre par procuration» entre les deux grandes puissances. Et le bombardement américain en avril d’un aéroport militaire syrien avait accentué cette rivalité.
Le ministère de la Défense a ainsi indiqué que les «avions et les drones de la coalition internationale repérés à l’ouest de l’Euphrate seront suivis et considérés comme des cibles par les moyens terrestres de défense antiaérienne et par les moyens aériens».
La Russie dispose de systèmes de défense anti-aérienne S-300 et S-400 déployés en Syrie, ainsi que de dizaines de chasseurs et de bombardiers opérant en soutien à L’armée syrienne.
Le ministère russe de la Défense a en outre annoncé la suspension des canaux de communication existants avec les Etats-Unis dans le cadre du mémorandum sur la prévention des incidents aériens en Syrie. Moscou considère les actions de Washington comme un «non-respect délibéré» de cet accord signé en 2015.
Moscou accuse Washington de n’avoir pas «prévenu» l’armée russe qu’elle allait abattre l’avion, et exige une «enquête» sur cet incident.
Le ciel syrien est encombré par les avions de l’armée syrienne, ceux de la Russie, ceux de la coalition internationale et parfois ceux de la Turquie voisine.
Dimanche Damas et Washington se sont accusé mutuellement de provocation dans l’incident aérien.
L’armée syrienne a annoncé qu’un avion de la coalition internationale avait abattu un de ses avions de combat alors «qu’il menait une mission contre Daesh» dans la province de Raqa (nord). La coalition a dit qu’il s’agissait d’une riposte à des frappes aériennes sur «les Forces démocratiques syriennes» (FDS) soutenues par les Etats-Unis.
L’incident s’est déroulé à une quarantaine de km au sud-ouest de la ville de Raqqa, chef-lieu de la province du même nom et principal fief de Daesh en Syrie que les FDS tentent de capturer depuis des mois.
Dans cette même zone, des affrontements ont opposé pour la première fois des troupes progouvernementales et les FDS, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Il n’y avait plus de combats lundi.
Cette escalade survient au moment où les troupes syriennes se trouvent dangereusement proches de zones contrôlées par des forces soutenues par les Etats-Unis, aussi bien dans le nord que dans le sud-est syrien.
L’armée progresse sur trois fronts nord, centre, sud et se dirige vers la province de Deir Ezzor (est), qu’elle espère reprendre aux terroristes de Daesh.
D’après Sam Heller, un expert de la Syrie auprès de The Century Foundation, ces incidents doivent être considérés comme isolés.
«Aucune partie ne veut délibérément provoquer une escalade, mais quand il y a ce genre de heurts, cela peut aboutir à une escalade accidentelle», selon lui.
Dans la province de Raqqa, le régime ne participe pas à l’offensive menée par les FDS pour s’emparer de la ville éponyme mais veut à travers cette région parvenir à la province pétrolière de Deir Ezzor.
Pour gagner cette province, son armée progresse également sur deux autres fronts: dans le désert syrien (centre), où il a chassé Daesh de plusieurs localités, et à la frontière irakienne dans le sud-est.