Les vétérinaires en grève depuis hier

FRONT SOCIAL

Les vétérinaires en grève depuis hier

Le Quotidien d’Oran, 5 février 2006

Les vétérinaires fonctionnaires de l’administration publique sont en grève depuis hier. L’arrêt de travail durera jusqu’au 10 février. Saisie par le ministère de l’Agriculture, la justice se prononcera demain lundi sur «le gel ou non de la grève», selon le secrétaire général du syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l’administration publique (SNVFP), le Dr Kaddour, qui affirme que plus de 95% des 1.400 vétérinaires concernés sont en grève. «La justice va se prononcer lundi sur le gel ou non de la grève. La justice va se prononcer également, début mars, sur une autre procédure qui a été engagée par la tutelle et qui concerne la validité de la grève. La grève est maintenue. Il y a un service minimum qui consiste à intervenir en cas d’urgence», ajoute le Dr Kaddour. Les conséquences de cette grève sont nombreuses: fermeture des abattoirs, absence de contrôle vétérinaire au niveau des pêcheries, etc. «Tous les abattoirs sont fermés. Il n’y a aucun contrôle de la viande rouge et blanche. Le poisson n’est pas contrôlé. Dans les ports et les aéroports, c’est également le service minimum», explique le Dr Zinai, secrétaire général du SNVFP d’Oran. Les vétérinaires revendiquent l’application du régime indemnitaire. «Nous revendiquons l’application du régime indemnitaire. Nous avons l’accord de principe des autorités, mais depuis octobre dernier, rien n’a été fait. Nous réclamons des indemnités de contagion et de risque, la documentation et l’indemnité globale», explique le Dr Zinai, qui avance un taux de participation à Oran de 100%. Au deuxième étage de la direction des Services agricoles, le service vétérinaire semble désert. Dans les bureaux, les vétérinaires préfèrent parler de leur quotidien de plus en plus difficile. «En 12 ans de service, mon salaire n’a augmenté que de 8 000 dinars. Je gagne à peine 16 000 dinars. J’ai un enfant, mes parents et mon frère à ma charge. Mon salaire ne suffit plus à rien. On n’a pas faim, mais on se prive énormément. On n’a plus de projets de voyage, ni d’achat de voiture ou de logement. C’est intenable. Une fois, j’ai voulu voir si je peux acheter une voiture par facilités. Je suis revenu bredouille lorsque j’ai appris combien je vais payer d’intérêts bancaires», dit Rachida, vétérinaire à la DSA depuis 1993. A ses côtés, le Dr Hamid, également vétérinaire à la DSA, hoche la tête. Le visage ferme, il raconte la misère des vétérinaires de la fonction publique. Après 21 ans de service, son salaire avoisine 21 000 dinars. Pour ce père de famille, voyager, acheter une voiture, un logement font partie des rêves irréalisables. «On ne rêve même pas de ces choses-là. Voyager ? Je n’y pense plus. D’ailleurs, je n’ai pas de passeport. A quoi ça sert ? Déjà pour acheter le timbre du passeport, il faut faire des calculs très précis. La vie est chère. Je n’arrive pas à nourrir et à habiller convenablement mes enfants. Chez l’épicier, j’ai toujours des difficultés à choisir entre le fromage et les couches pour mes enfants». Les vétérinaires ne savent pas quelles seront les incidences de l’application du régime indemnitaire sur leurs salaires. «On ne connaît pas encore les taux de ces indemnités», explique le Dr Zinai. Hier, le secrétaire général du SNVFAP a déclaré que son syndicat est prêt pour dialoguer avec les autorités. «Nous n’avons rien reçu, aucune invitation de la part des autorités pour dialoguer», affirme-t-il. Une grande partie des vétérinaires grévistes dépend du ministère de l’Agriculture, les autres du ministère de l’Intérieur et de la Pêche.

Hamid Guemache