Syndicats: «Non à l’école privée !»

Les syndicats de l’éducation nationale répondent à Benbouzid :

«Non à l’école privée !»

Par Djamel Zerrouk, Le Jeune Indépendant, 20 septembre 2008

Les syndicats de l’éducation nationale disent non à l’école privée, signalant que la «privatisation», même partielle de ce secteur, amènerait à créer deux paliers dans l’école algérienne. «Ouvrir le secteur de l’éducation au privé aboutira inéluctablement au système de deux collèges, l’un bien nanti recevra son éducation chez le privé et le reste, c’est-à-dire l’écrasante majorité de nos enfants, se contentera du service public.
Au lieu d’encourager le privé, la tutelle ferait mieux de renforcer le rôle de l’école publique», indique le Satef, syndicat autonome des travailleurs de l’éducation nationale et de la formation professionnelle dans une déclaration faite, hier, eu Jeune Indépendant. Par la voix de son secrétaire général, Mohamed Sadali, le Satef réagit ainsi aux déclarations faites mercredi dernier par le ministre de l’Education nationale devant un groupe de gérants d’établissements privés. Boubekeur Benbouzid avait souligné l’urgence de «réhabiliter» l’école privée qui, à ses yeux, s’est conformée aujourd’hui aux lois de la République de «manière satisfaisante». «Cela nous incite à ouvrir une nouvelle page avec le secteur privé sur la base de la coopération qui sert l’intérêt de l’élève», a ajouté le ministre, non sans appeler ses hôtes à venir en «aide» au secteur public, notamment dans le domaine de l’enseignement préparatoire, que le ministère de tutelle entend généraliser à travers l’ensemble du territoire. Emboîtant le pas au Satef, le Syndicat autonome de la fonction publique et parapublique, le Snapap se dit «outré» par les propos du ministre. «Nous sommes outrés qu’il y ait encore ce type de discours en Algérie. Au lieu de rectifier les erreurs qui se font jour actuellement dans chaque établissement du pays, notamment la surcharge des CEM, la tutelle ouvre, grande, la porte au privé», scande Mourad Tchiko, secrétaire national du Snapap. Le syndicaliste dont l’organisation fait partie de l’Intersyndicale (ndlr : une confédération englobant 7 syndicats de la fonction publique et de l’éducation nationale) se demande en outre «si la déclaration du ministre ne serait pas en porte à faux avec les correctifs que viennent d’opérer les plus hautes autorités du pays». «Nous nous souvenons encore des déclarations incendiaires du chef de l’Etat à propos des écoles privées que Benbouzid avait relayées pourtant le lendemain». Et des parents d’élève de s’interroger : «Pourquoi alors chercher à booster un secteur où les appétits commerciaux prennent le dessus ?» Le nombre des écoles privées ayant l’agrément et l’autorisation d’exercer est de 119. Celles-ci sont réparties à travers 14 wilayas, dont 78 à Alger.
1 710 élèves ont passé l’examen de fin d’études primaires, 615 le Brevet d’enseignement moyen (BEM) et 1 539 l’examen du baccalauréat dans les établissements privés au titre de la même année scolaire.
Le taux de réussite aux examens officiels était de 38,04% pour le baccalauréat
et de 32.65% pour le CEM au titre de la session de juin
2008. D. Z.