Grève à la SNTF: Le conflit s’enlise

Grève à la SNTF: Le conflit s’enlise

par Abdelkrim Zerzouri, Le Quotidien d’Oran, 11 mai 2016

Ni le communiqué rendu public par la direction générale de la SNTF à travers lequel on a appelé les grévistes à regagner leur postes de travail et reprendre le service, ni les dispositions de l’administration qui plaident pour le dialogue et la concertation, ni même la décision de justice prononcée lundi soir par le tribunal de Sidi M’hamed qui déclare «illégale» la grève des cheminots, n’ont permis de faire revenir les mécaniciens à de meilleurs sentiments.

Ces derniers ont hier maintenu le mot d’ordre de grève pour la troisième journée consécutive, paralysant le trafic ferroviaire à travers toutes les régions du pays. La «voie du dialogue reste ouverte», indique la direction générale de la SNTF, soulignant dans ce sillage que «les revendications des grévistes seraient prises en compte et examinées selon les cadres juridiques en vigueur». Des sources syndicales nous ont confié que l’administration a tout tenté pour convaincre les représentants de la Coordination nationale des tractionnaires de ses bonnes intentions, leur proposant de confier la question du repositionnement des mécaniciens selon le niveau d’études exigé, à un bureau d’études externe. Le délai de réalisation de cette étude sera déterminé en fonction des propositions du partenaire retenu qui sera communiqué à la Fédération nationale des cheminots dans un délai n’excédant pas 15 jours, et les autres points de la plateforme de revendications des tractionnaires (la majoration des vendredis et des jours fériés à 100%, application de la prime de nuit pour la circulation entre 21h et 5h, majoration de la prime kilométrique et prime de surveillance des lignes) seront examinés lors des prochaines négociations de la convention collective entre la direction générale et la FNC.

Aussi, on a examiné lors des négociations la revendication des mécaniciens contraints à ne plus conduire sur avis médical à la suite d’un heurt, et il a été convenu de procéder à la compensation de la prime de rendement kilométrique (PRK) par une indemnité de substitution. Enfin, un projet de texte sera soumis à la tutelle aux fins de dépénaliser les mécaniciens lors des heurts occasionnés accidentellement. Mais, rien n’y fait. Les grévistes campent sur leur position, exigeant tout et tout de suite. Pourtant, nous a-t-on affirmé, le reclassement des mécaniciens n’est pas une mince affaire, c’est même une affaire très compliqué, voire impossible à réaliser en gardant en vigueur le même tableau de classement du personnel. Il faudrait créer un tableau spécial pour les mécaniciens afin d’arriver au but recherché par les concernés, relèvent nos sources. D’où les appréhensions qui commencent à peser sur les visées réelles de ce mouvement. «Il y a quelque chose d’anormal dans cette grève, c’est comme si on cherchait le pourrissement à tout prix», estiment les travailleurs qui ne participent pas au mouvement. Ces derniers nous ont affirmé qu’ils ne font pas grève, et pourtant on ne les a pas programmés pour suivre le roulement ! «Nous ne sommes pas en grève, mais on ne nous a pas programmés dans le roulement, c’est bizarre !», s’étonnent deux conducteurs. D’autres croient dur comme fer que «cette grève est manipulée dans les coulisses, visant à provoquer un séisme dans l’encadrement de la société». Chercherait-on à travers ce mouvement à atteindre une tout autre chose que la revendication purement socioprofessionnelle ? Oui, soutiennent nos sources, et dans ce contexte, «on ne serait pas étonné de voir les revendications évoluer vers d’autres exigences extraprofessionnelles», considèrent-ils. En tout cas, la grève des mécaniciens a provoqué une véritable pagaille à la SNTF. Pertes financières considérables, image de la société ternie auprès de ses clients et travailleurs dans le désarroi, c’est le tableau présenté hier à travers toutes les gares. Hier, au troisième jour de la grève, des conducteurs de train, donc, les responsables de la SNTF ont pu initier des actions salutaires pour la reprise partielle du trafic sur les lignes de banlieue, et de quelques autres destinations, le transport de carburant notamment, afin d’assurer un service minimum aux clients et approvisionner les régions du pays en produits énergétiques, grâce surtout au recours au personnel de la catégorie «cadre». Hier, aux dernières nouvelles, le DG a refusé de prendre langue avec les membres de la Coordination nationale des tractionnaires, acceptant seulement de discuter avec des représentants de la Fédération nationale des cheminots. Le conflit entre les deux parties s’enlise