Rentrée en grève à l’université

Rentrée en grève à l’université

Le Quotidien d’Oran, 3 septembre 2006

Le bras de fer qui oppose la Coordination nationale des sections CNES à leur ministère de tutelle a franchi, hier, une nouvelle étape qui risque, à moins d’un heureux dénouement, de compromettre sérieusement la reprise des cours prévue dans quelques semaines.

Comme préconisé à l’issue de la rencontre tenue par la Coordination des sections CNES, tenue à Alger les 28 et 29 août derniers, qui, pour rappel, a regroupé les sections syndicales de 19 universités du pays, des assemblées générales locales ont été tenues, hier, au niveau de ces universités «pour débattre de la mise en oeuvre et des perspectives du mouvement de grève». Des assemblées tenues, le jour même où les enseignants ont été appelés à signer leur PV de reprise de travail, après la période des congès.

A l’USTO, à Oran, les examens du 2e EMD, dont le lancement était prévu dès hier pour les étudiants du système LMD, ont été reportés à une date ultérieure, confirmant que le mot d’ordre de la reprise de la grève a bel et bien été suivi. Les étudiants de l’ancien système dont les examens sont prévus dès demain, risquent de connaître le même sort. «Après échange d’informations et débat sur la mise en oeuvre des perspectives, il a été décidé de poursuivre le mouvement de grève pour la satisfaction de nos revendications avec comme préalable l’extinction des poursuites judiciaires contre les coordonnateurs des régions centre et ouest, Farid Cherbal et Mustapha Mechab, ainsi que contre notre collègue Bessila Khaled», lit-on dans une déclaration de la section CNES-USTO, rendue publique, à l’issue de l’assemblée générale tenue hier à l’université. Les examens du 2e EMD que les universités en grève prévoient de lancer au cours de cette semaine, risquent également d’être reportés, même si à l’université de Constantine, comme confirmé par un syndicaliste local du CNES, on signale une tenue partielle des examens, hier. Cette même source explique, néanmoins, ce résultat «mitigé», par le fait que certains enseigants qui se sont présentés à leurs classes d’examens, dès 8h du matin, à défaut d’informations, ne savaient pas quelle attitude prendre, et devant l’hésitation, ils ont choisi de tenir leurs examens. Selon une déclaration rendue publique hier à l’issue de l’AG, tenue à l’université Mohamed Mentouri de Constantine, il a été décidé de la reprise de la grève jusqu’à la tenue de la prochaine coordination nationale prévue le 7 septembre prochain.

Les syndicalistes de la section CNES de Constantine ont également convenu de la tenue d’une AG pour mercredi prochain.

Pour sa part, la section CNES de l’université (USTHB) de Bab Ezzouar (Alger) qui a tenu son assemblée générale en présence de quelque 300 enseignants, a également appelé les enseignants à la reprise de la grève. Néanmoins, il a été admis, lors de cette AG, qu’ils (enseignants grévistes) «peuvent à leur initiative organiser les soutenances de thèses aux étudiants en fin de cycle. Cela dépendrait de chacun d’eux, de le faire ou de ne pas le faire». Quant à l’organisation des examens en suspens jusque-là, la question n’a pas été définitivement tranchée par les grévistes. Mais l’on indique, selon un membre de la section CNES, que les examens prévus pour demain 4 septembre «n’auront pas lieu» au moins pour la semaine en cours. On estime, dans ce même ordre d’idées, que la programmation de ces examens s’est faite d’une manière hâtive alors qu’il faut au moins une semaine aux étudiants et aux enseignants pour avoir une prise de contact. Des assemblées seront tenues prochainement pour fixer une date pour la tenue de ces examens, précise notre source.

Dans une déclaration rendue publique le 29 août, la Coordination nationale des sections CNES en grève a, pour rappel, appelé les enseignants «à reprendre le mouvement de grève conformément aux votes des AG du 22 juillet 2006, et à organiser immédiatement des AG pour débattre de la mise en oeuvre des perspectives du mouvement de grève». Ce mouvement de grève ouverte, lit-on dans cette même déclaration, «sera évalué hebdomadairement». La Coordination a, par ailleurs, annoncé une réunion de ses sections prévue le 07 septembre. La coordination se dit, en outre, consciante que «200.000 étudiants sont bloqués faute d’examens (…)». Elle estime que «la responsabilité de cette catastrophe annoncée, amplifiée par l’injection de 220.000 nouveaux bacheliers, incombe totalement au ministre qui s’entête à tourner le dos aux revendications des enseignants et à leurs légitimes représentants dûment mandatés». Soucieuse de débloquer cette situation, la Coordination nationale demande, dans cette même déclaration, «à être reçue par le chef du gouvernement pour lui permettre de contribuer à une issue salutaire à cette crise de l’université» Rappelons, enfin, que la grève illimitée qu’a enclenchée le Conseil national des enseignants du supérieur, le 13 mai dernier et qui a été déclarée «illégale» par la justice à la suite de la plainte de la tutelle a scindé l’organisation des enseignants en deux ailes: l’une étant pour la suspension de la grève et l’autre pour sa continuité. Cette dernière dont 3 membres (coordonnateurs du Centre, de l’Ouest ainsi qu’un enseignant de Constantine) qui étaient sous contrôle judiciaire, ont vu cette mesure levée, ces derniers jours. Par contre, les poursuites judiciaires à leur encontre ne sont pas abandonnées.

H. Barti Et Sek