La coordination des lycées techniques persiste et signe

La coordination des lycées techniques persiste et signe

La protestation maintenue

Le Quotidien d’Oran, 16 janvier 2007

Le communiqué rendu public avant-hier par le ministère de l’Education nationale n’a pas convaincu les animateurs de la Coordination nationale des lycées techniques et technicums (CNLTT) qui a décidé de maintenir son mouvement de protestation prévu pour aujourd’hui.

La CNLTT a estimé hier, dans un communiqué en guise de réponse au ministère de tutelle, que «l’origine des dysfonctionnements du système éducatif découle de l’absence de consultation des enseignants et des parents d’élèves». Les explications du ministère de l’Education «ne peuvent éluder la nécessité d’un débat national au préalable avec le gel du plan de démantèlement des lycées techniques et technicums». C’est ce qui ressort globalement de la réponse donnée hier par la CNLTT au communiqué du ministère, qu’elle qualifie de tentative de «changer les termes du débat» qui pourtant, selon elle, n’est rien d’autre qu’une «opération de démantèlement de l’enseignement technique». Le ministère présente ce qui s’esquisse comme une «involution» de l’enseignement technique en Algérie comme une «simple réorganisation», estime la coordination. Le ministère dit vouloir remplacer la spécialisation précoce par une polyvalence généralisée, dans une perspective d’être à l’image de ce qui se pratique dans le reste du monde. Pourtant, estime la CNLTT, «cette conception qui se présente comme universaliste, reste contredite par la place qu’occupe dans le monde l’enseignement technique et professionnel». Fin 2002, explique la coordination, près de 50 millions d’élèves étaient inscrits dans l’enseignement technique et professionnel, dont 90% d’entre eux qui étaient scolarisés en deuxième cycle du secondaire, correspondant à la tranche d’âge 15-20 ans. Mais en moyenne, ajoute la CNLTT, ce sont actuellement 20% des effectifs de ce deuxième cycle qui sont inscrits dans des filières techniques et professionnelles.

Cette proportion, lit-on de même source, varie considérablement d’une région à une autre: 50% en Europe, 33% en Asie de l’Est, Chine comprise, moins de 20% en Afrique et en Amérique du Sud, moins de 10% en Amérique du Nord et moins de 4% en Asie occidentale. Cette proportion varie également d’un pays à l’autre, ajoute la même source. Elle est de 40% en Corée du Sud et de 35% en Chine, de plus de 50% en France et de 75% en République Tchèque. Le Bahreïn se trouve en tête du peloton des pays arabes avec une proportion de 70% d’inscrits. Pour le cas de l’Algérie, note la CNLTT, le nombre d’inscrits dans l’enseignement technique représente pour l’année scolaire 2006-2007, 8% et devra chuter à près de 4% seulement, pour l’année 2007-2008, avec la suppression de la moitié des filières techniques.

Evoquant toujours de ce qui se passe dans tous les pays du monde, la coordination donne l’exemple de la France où, dit-elle, il existe 260 filières, alors qu’en Algérie on est passé de 10 filières à seulement 5 en 2007. Le constat qu’on peut tirer de cette nouvelle restructuration du secondaire, estime la CNLTT, est que «le semblant de polyvalence» de l’enseignement ne fera «qu’affaiblir l’enseignement technique et technologique.»

Le ministère de l’Education a affirmé que l’extinction de certaines filières du technique (…) ne signifie pas pour autant l’extinction de l’enseignement technique. « Ceci est une contrevérité », affirme la CNLTT. «On veut nous faire croire que la suppression de la moitié des filières technologiques est une évolution naturelle, un progrès pour nous faire accepter la suppression des lycées techniques et technicums (…), et nous renvoyer ainsi 20 ans en arrière», lit-on dans le communiqué de la CNLTT.

H. Barti