Pas de dégel dans l’éducation

Après la réunion ministère-syndicats d’hier

Pas de dégel dans l’éducation

Les syndicats de l’éducation et le ministère de tutelle ont repris langue hier. La réunion marathon à laquelle ont été conviés les syndicats n’a pas eu l’effet escompté par le département de Baba Ahmed. La grève se poursuit aujourd’hui. Les syndicats ne sont pas sortis satisfaits de cette rencontre. Ils consulteront néanmoins leurs bases ce week-end pour évaluer les résultats de cette rencontre.

Nawal Imès – Alger(Le Soir), Le Soir d’Algérie, 12 février 2014

Après trois semaines de bras de fer, syndicats et ministère de l’Education ont tenu hier une réunion de quelques heures. En fin de journée, le bilan était plutôt mitigé.
Le Cnapest a affiché clairement sa déception. Son coordonnateur national estimait hier qu’aucune avancée n’avait été enregistrée à l’issue de cette rencontre et les explications fournies par le département de Baba Ahmed avaient un goût de déjà entendu.
Pour Nouar Larbi, il ne s’agit ni plus ni moins de diversion. Il affirme que le seul moyen d’arrêter la grève, c’est l’ouverture de négociations sérieuses avec son syndicat et la Fonction publique et non pas ce genre de rencontres auxquelles sont conviés de «pseudo-syndicats».
Le ton est plus nuancé du côté du Snapest. Meziane Meriane estimait hier que certains points étaient positifs, notamment l’abrogation de l’article 32 bis du statut particulier qui rallonge la période de transition jusqu’à 2017 pour la promotion des enseignants du secondaire.
Même satisfaction au sujet de la gestion de carrière des censeurs qui pourront à leur demande rejoindre le poste de professeur formateur au terme de 20 ans de service.
Le Snapest ira jusqu’au bout de son mouvement de grève qui doit prendre fin aujourd’hui et s’en remettra à ses instances ce week-end pour évaluer les résultats de cette rencontre. Ce premier contact après plus de dix jours de grève ne s’est pas passé dans une totale sérénité. Dès les premières heures de la journée, des indices montraient en effet que la réunion risquait de ne pas se dérouler sous les meilleurs auspices.
Le Snapest, le Cnapest et l’Unpef, sur le terrain de la contestation depuis trois semaines, ont reçu un fax et non pas un appel téléphonique comme d’habitude, émanant du ministère de l’Education à 19 h 10 minutes.
Dans ce fax, les services du ministère invitaient le syndicat à se présenter au niveau de son siège à 9 heures. Constatant que l’invitation était adressée aux syndicats et non pas aux présidents de ces derniers, l’Unpef et le Cnapest ont dépêché une délégation de quatre membres non présidée par leurs premiers responsables. Seul Meziane Meriane, coordonnateur du Snapest, a fait le déplacement à El Mouradia avant de quitter les lieux. Sur place, les représentants des trois syndicats à l’origine de la grève constatent la présence d’autres syndicats du secteur. Une présence qu’ils disent ne pas comprendre.
Nonobstant ce fait, ils rejoignent la salle de réunions suivis par le chef de cabinet de Baba Ahmed qui finira par regagner les présents. Constatant l’absence des présidents de l’Unpef, du Cnapest et du Snapest, ce dernier quittera la salle pour ne revenir que quarante minutes plus tard, demander aux représentants de ces trois syndicats de quitter les lieux. S’en sont suivis des échanges houleux et une suspension de la réunion qui n’aura repris qu’en début d’après-midi. Un peu plus tôt dans la matinée, le ministre de l’Education dévoilait l’ordre du jour de la réunion décidée sur instruction du Premier ministre. Il s’agissait de passer en revue les revendications en suspens et qui nécessitent l’aval de la Fonction publique. Les syndicats étaient en fait conviés à lire et à signer le procès-verbal concernant les différents points relatifs à la Fonction publique.
Le ministre évoque l’existence de 11 points de discorde dont la révision du statut de l’enseignant et la question des primes pour lesquels son secteur avait «reçu le feu vert pour entériner le procès-verbal».
Baba Ahmed a d’emblée dit non à la demande des syndicats concernant le passage d’un grade à un autre, indiquant que le changement de grade passait «nécessairement» par l’amélioration du niveau de formation et que les dérogations demandées par les syndicats étaient considérées comme non recevables.
La prime de rendement de performance pédagogique est quant à elle «presque» acquise et les revendications relatives aux primes du Sud, aux logements du Sud, à la médecine du travail sont «définitivement réglées», dit-il.
Les syndicats ne font visiblement pas la même lecture que le ministre. Le dégel souhaité par ce dernier n’aura finalement pas lieu après ce premier contact.
N. I.