A partir d’aujourd’hui: Les médecins résidents en grève

A partir d’aujourd’hui: Les médecins résidents en grève

par Moncef Wafi, Le Quotidien d’Oran, 18 décembre 2017

Face à deux semaines de silence de la tutelle, les médecins résidents ont décidé d’un débrayage national de trois jours qui débute théoriquement aujourd’hui, selon le communiqué du Collectif autonome des médecins résidents algériens (CAMRA) rendu public hier.

Selon la même source d’information, cette grève limitée dans le temps pourrait se transformer en un arrêt de travail illimité à partir de la semaine prochaine au cas où les protestataires ne reçoivent toujours pas de réponse à leur plateforme revendicatrice. Le CAMRA avait déjà menacé, début décembre, de recourir à un débrayage illimité en cas d’échec des pourparlers avec les pouvoirs publics, une grève illimitée qui aura de graves conséquences sur le fonctionnement des CHU en Algérie. «Le passage à une grève illimitée reste une option envisageable. Pour cela nous appelons l’ensemble de nos résidents à se tenir prêts à toutes les éventualités et à transmettre leurs opinions à leurs représentants respectifs», avait prévenu un premier communiqué du Collectif. En effet, les médecins résidents ont continué à maintenir la pression sur le ministère de la Santé et après leur sit-in organisé le 27 novembre dernier au CHU Mustapha Bacha pour exprimer leur colère face au silence des ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur, ils avaient annoncé une nouvelle grève cyclique les 4 et 5 décembre. Dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux, le syndicat avait appelé tous les médecins résidents du pays à boycotter toutes les tâches médicales et pédagogiques durant ces deux jours. Seules les urgences seront assurées, avait précisé le document. Rappelons que la rencontre entre les délégués des médecins résidents et le ministre de la Santé n’a pas eu l’effet escompté.

Mokhtar Hasbellaoui avait reçu les membres du bureau national du CAMRA venus de plusieurs wilayas, une rencontre qui n’a été qu’une «prise de contact», selon les délégués des médecins résidents qui ont exprimé, lors de ce rendez-vous, leur mécontentement quant à leurs conditions de travail, notamment dans les zones reculées du pays où ils sont affectés dans le cadre du service civil ainsi que leur exclusion des exemptions du service national sans d’autre justification que leur domaine de spécialisation. «Nous avons insisté sur le caractère anticonstitutionnel du service civil car la constitution garantit l’égalité des droits et des devoirs à tous les Algériens alors que seuls les médecins sont astreints au service civil», avait déclaré dernièrement le Dr Taileb, membre de la délégation. Un argument auquel le ministre de la Santé aurait répondu par l’invocation de l’article 66 de la constitution qui garantit à tous les citoyens la protection de leur santé. Mais les médecins résidents «refusent que l’on retire leurs droits à certains pour garantir ceux des autres», selon le Dr Taileb. Le ministre a reconnu l’échec du système du service civil et a promis aux résidents la mise en place de mesures incitatives pour ceux qui seront affectés dans les hôpitaux des Hauts-Plateaux et du sud du pays, sans toucher au caractère obligatoire du service civil. Le ministre a toutefois indiqué que la décision finale revenait au Premier ministre et au gouvernement.

Rappelons que la plateforme de revendications du CAMRA s’articule autour de la révision du service civil obligatoire pour tous les nouveaux médecins spécialistes, le traitement équitable de tous les universitaires en ce qui concerne le service national et l’amélioration de leurs conditions de travail dans les CHU ainsi que l’accès aux œuvres sociales des travailleurs de la santé publique. Ils plaident également pour la révision du statut du médecin résident pour l’adapter aux nouvelles mutations que connaît leur secteur en Algérie et ailleurs.